Catherine II de Russie (1729-1796)
Née Sophie-Auguste d'Anhalt-Zerbt, cette princesse allemande épouse le futur tsar Pierre III en 1745 et prend le prénom de Catherine. Monté sur le trône en 1762, le tsar est assassiné lors d'un coup d'Etat perpétré par son épouse aidée des officiers de la garde.
Devenue tsarine, Catherine tente " d'occidentaliser " son pays comme l'avait fait auparavant son prédécesseur Pierre le Grand. Ainsi l'impératrice achète de nombreuses oeuvres d'art françaises, correspond avec les esprits des Lumières comme Voltaire et Diderot et impose le français comme langue officielle de la Cour.
La commande d'un service en argent à un orfèvre français est donc tout à fait naturelle pour elle, un service exécuté par François-Thomas Germain entre 1756 et 1759 ayant été livré à l'impératrice Elizabeth quelques années auparavant.
C'est par l'intermédiaire du sculpteur Etienne-Maurice Falconet (1716-1791), que Catherine commande à Jacques Roëttiers et son fils Jacques-Nicolas un service pour " une soixantaine de personnes " en juin 1770. La correspondance entre l'intermédiaire et la tsarine montre qu'elle est particulièrement attentive aux dessins des pièces, qu'elle souhaite une exécution et une livraison rapides et qu'elle ne veut pas surpayer le service. Malheureusement dans le contrat, n'est pas indiqué le nombre exact de pièces exécutées mais le baron de Foelkersam dans son ouvrage paru en 1907, recense plus de 3000 pièces, dont 576 assiettes, livrées en six cargaisons en dix-huit mois, un record.
A l'origine, Catherine II souhaite utiliser ce service pour son usage personnel mais dès 1772, elle l'offre à son favori et amant le comte Grégory Orloff (1734-1783). Celui-ci, avec ses frères, avait aidé l'impératrice lors du coup d'Etat en 1762, et espérait monter sur le trône avec elle. Malheureusement, elle conserve seule le pouvoir mais pour le dédommager le couvre de titres, d'honneurs et de cadeaux précieux. Leur liaison se termine en 1776 et le comte s'exile en Hollande, avec ses cadeaux. Il revient des années plus tard en Russie mais meurt fou en 1783. Catherine souhaite reprendre le service mais est probablement contrainte de l'acheter aux héritiers. Le service Orloff reste ensuite dans les collections impériales jusqu'en 1917 où il est confisqué par les autorités soviétiques. La majeure partie du service est ensuite vendue lors de ventes aux enchères organisées à Berlin par la maison Ball et Graupe en 1930-1931 ou vendue de manière privée à de riches intermédiaires. A ce jour seulement 230 pièces de ce fabuleux service sont encore conservées en mains privées.
HUIT ASSIETTES DE TABLE EN VERMEIL DU SERVICE ORLOFF
PAR JACQUES-NICOLAS ROETTIERS, PARIS, 1770
Details
HUIT ASSIETTES DE TABLE EN VERMEIL DU SERVICE ORLOFF
PAR JACQUES-NICOLAS ROETTIERS, PARIS, 1770
A contours, bordée de feuilles de laurier, le marli gravé d'une frise de postes, gravée des armes Impériales Russes, sous le bord de chacune gravée et estampée d'un chiffre: 91-92-119-132-138-139-140-144, poinçons sous le bord: charge, jurande (lettre G) et maître-orfèvre; sur le bord: décharge des ouvrages passant à l'étranger
Diamètre: 25 cm. (9¾ in.)
5045 gr. (162.20 oz.) (25)
Provenance
Prince Gregory Orloff (1734-1783)
Catherine II de Russie ( 1729-1796)
Collections Impériales Russes
Gouvernement Soviétique jusque dans les années 1930.
En partie vente Sotheby's Monaco 23 juin 1976, lot 53 (manque un numéro)
Further details
EIGHT LOUIS XV SILVER-GILT PLATES FROM THE ORLOFF SERVICE, 1770