Lot Essay
Tissés en basse-lisse dans les ateliers de Jacques Neilson, dernier atelier de basse lisse, trois tapisseries (Bacchus, Cérès et Vénus) ont probablement été acquises par Charles Lennox, troisième duc de Richmond, le 1er août 1763 ; néanmoins, les documents ne permettent pas un recollement parfait des livraisons et elles pourraient avoir été acquises par le duc de Choiseul-Praslin en 1761.
Il est intéressant de noter que John Steward, troisième duc de Bute, fit l'acquisition à la même époque de huit tapisseries de cette même série parmi d'autres tapisseries des Gobelins, pour Luton Park, dans le Bedfordshire (deux panneaux, vente, Christie's, Londres, 16 Novembre 2000, lots 98 et 99).
LE TROISIEME DUC DE RICHMOND
Charles Lennox (1735-1806) prend le titre de troisième duc de Richmond à la mort de son père en 1750.
Homme politique et militaire de premier plan, il est ambassadeur de George III, roi d'Angleterre à Paris en 1765 à 1766.
Homme de goût, cultivé et grand amateur d'art, il réaménage la demeure familiale de Goodwood House située dans le Chichester et pour cela s'entoure des meilleurs comme les architectes James Wyatt ou Robert Adam. Goodwood House sert alors d'écrin à sa fabuleuse collection de meubles, de porcelaines, de peintures et de tapisseries - collection constituée principalement lorsqu'il est en poste à Paris.
Parmi les tableaux, on compte le remarquable Charles Ier de Van Dyck acheté en 1804 ou encore des oeuvres de George Stubbs - grand ami du 3ème duc de Richmond, qui est aussi son hôte au commencement de sa carrière - artiste largement représenté avec ses peintures équestres. Sa collection de mobilier brille quant à elle par la présence du fabuleux secrétaire en laque du Japon de BVRB - qui restera à Goodwood House jusqu'en juin 1993 pour entrer dans la collection Riahi.
Sa collection de tapisseries illustre son goût pour les tapisseries françaises.
Quatre tapisseries de la tenture de L'Histoire de Don Quichotte du château de Marly lui sont offertes en 1766 par Louis XV - le roi possédant une trentaine de tapisseries, celui-ci en offrit dix-huit à de hautes personnalités, dont le duc de Richmond. Il achète le 1er août 1763 quatre Portières des Dieux en même temps qu'un panneau des Gobelins, Dorothée déguisée en berger de la tenture de Don Quichotte, pour une somme totale de 7.104 livres.
L'accrochage des tapisseries a lieu en 1771 sous la direction de Robert Adam qui prend le parti d'intégrer l'art français léger et plaisant à la Bérain dans un intérieur néoclassique, tout comme il l'avait fait à la Croome Court. Présentées à la française dans un cadre en bois doré, les tapisseries à alentours de Goodwood House s'apparentent alors à des peintures. Des salons sont entièrement dédiés aux tapisseries, comme on le faisait auparavant pour les tableaux ; on parle alors à Goodwood House de " Tapestry Drawing Room " ou encore de la " Tapestry Bedroom".
LE DUC DE CHOISEUL-PRASLIN
Cousin du duc Choiseul-Stainville, César Gabriel de Choiseul (1712-1785), premier duc de Praslin est ministre d'Etat à partir de 1761, occupe le poste de secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères puis à la Marine (1766-1770).
Dès 1745, il réside à Paris en son hôtel rue de Sèvres (actuellement N115) qu'il échange en 1765 avec le Roi pour l'hôtel de Belle-Isle. En 1764, il acquiert le château de Vaux-Praslin [l'actuel Vaux-le-Vicomte].
En 1761, alors ministre plénipotentiaire au congrès d'Ausbourg, il achète aux Gobelins quatre pièces de la Tenture des Dieux (Junon, Cérès, Vénus et Bacchus), trois pièces des fragments d'opéra et cinq Mois de l'année, le tout pour 53.040 livres. Les tapisseries auraient été reversées l'année suivante au dépôt du Ministère des Affaires étrangères.
Le château de Vaux-Praslin a abrité une fabuleuse collection d'oeuvres d'art qui est vendue principalement en 1793 et 1808.
Signalons en outre la vente en avril 1876 d'une suite de trois tapisseries de Beauvais, " à sujets d'après Boucher et portant à leur partie supérieure les armes de France et de Navarre. L'une d'elle est signée : F. Boucher, 1749. " représentant le Triomphe de Bacchus et d'Ariane, le Triomphe de Vulcain et Vénus et Apollon (lots 200-202) et vendues respectivement pour 24.000, 9.350 et 7.900 francs. Par ailleurs, le musée du Louvre conserve deux pièces de la troisième tenture des Scènes d'opéra, de tragédie et de comédie (Alceste et Rodogune) de l'atelier de Pierre-François Cozette (Inv. OA 9389 et OA 9390) offertes par Louis XV au duc de Choiseul.
LA TENTURE
Les dessins des Portières des Dieux sont d'abord connus sous le nom de Nouvelles Portières des Rabesques [ou Arabesques] des Dieux.
La tenture comprend d'une part quatre panneaux représentant les saisons : Vénus pour le Printemps, Cérès pour l'Eté, Bacchus pour l'Automne et Saturne pour l'Hiver, et d'autre part quatre panneaux représentant les éléments : Junon pour l'Air, Diane pour la Terre, Neptune pour l'Eau et Jupiter pour le Feu.
Les dessins ont été commandés par Mansart à Claude Audran Le Jeune en 1699. Les divers personnages, déesses, dieux et enfants sont dessinés par Louis de Boullogne et Michel II Corneille, alors que les animaux sont probablement d'après Alexandre-François Desportes.
En effet, le goût au début du XVIIIe siècle va aux sujets légers, plaisants, ce que les cartons d'Audran illustrent parfaitement. L'allégorie se place au centre des sujets en Art, comme Voltaire le fait dans son temple du Goût qu'il publie en 1733.
Les versements de paiement à ces quatre artistes pour cette commande cessent en août 1703, date à laquelle les cartons ont dû être achevés.
Il existe trois dessins différents pour les bordures ; celles du lot présent correspondant à la troisième version, exclusivement réalisée en basse-lisse à partir de 1740 - on pense que le dessin fut réalisé par Pierre-Fosse Perrot.
Les premières tapisseries de la série furent achevées en janvier 1701 dans les ateliers de Dominique de La Croix, actif jusqu'en 1712.
La tenture, tissée en huit éditions jusqu'en 1789 avec différents fonds de couleurs et parfois même des fils d'or et d'argent, s'avère être l'une des plus appréciées parmi celles des Gobelins et se trouve dans de grandes collections comme celle de la couronne d'Angleterre.
Il est intéressant de noter que John Steward, troisième duc de Bute, fit l'acquisition à la même époque de huit tapisseries de cette même série parmi d'autres tapisseries des Gobelins, pour Luton Park, dans le Bedfordshire (deux panneaux, vente, Christie's, Londres, 16 Novembre 2000, lots 98 et 99).
LE TROISIEME DUC DE RICHMOND
Charles Lennox (1735-1806) prend le titre de troisième duc de Richmond à la mort de son père en 1750.
Homme politique et militaire de premier plan, il est ambassadeur de George III, roi d'Angleterre à Paris en 1765 à 1766.
Homme de goût, cultivé et grand amateur d'art, il réaménage la demeure familiale de Goodwood House située dans le Chichester et pour cela s'entoure des meilleurs comme les architectes James Wyatt ou Robert Adam. Goodwood House sert alors d'écrin à sa fabuleuse collection de meubles, de porcelaines, de peintures et de tapisseries - collection constituée principalement lorsqu'il est en poste à Paris.
Parmi les tableaux, on compte le remarquable Charles Ier de Van Dyck acheté en 1804 ou encore des oeuvres de George Stubbs - grand ami du 3ème duc de Richmond, qui est aussi son hôte au commencement de sa carrière - artiste largement représenté avec ses peintures équestres. Sa collection de mobilier brille quant à elle par la présence du fabuleux secrétaire en laque du Japon de BVRB - qui restera à Goodwood House jusqu'en juin 1993 pour entrer dans la collection Riahi.
Sa collection de tapisseries illustre son goût pour les tapisseries françaises.
Quatre tapisseries de la tenture de L'Histoire de Don Quichotte du château de Marly lui sont offertes en 1766 par Louis XV - le roi possédant une trentaine de tapisseries, celui-ci en offrit dix-huit à de hautes personnalités, dont le duc de Richmond. Il achète le 1er août 1763 quatre Portières des Dieux en même temps qu'un panneau des Gobelins, Dorothée déguisée en berger de la tenture de Don Quichotte, pour une somme totale de 7.104 livres.
L'accrochage des tapisseries a lieu en 1771 sous la direction de Robert Adam qui prend le parti d'intégrer l'art français léger et plaisant à la Bérain dans un intérieur néoclassique, tout comme il l'avait fait à la Croome Court. Présentées à la française dans un cadre en bois doré, les tapisseries à alentours de Goodwood House s'apparentent alors à des peintures. Des salons sont entièrement dédiés aux tapisseries, comme on le faisait auparavant pour les tableaux ; on parle alors à Goodwood House de " Tapestry Drawing Room " ou encore de la " Tapestry Bedroom".
LE DUC DE CHOISEUL-PRASLIN
Cousin du duc Choiseul-Stainville, César Gabriel de Choiseul (1712-1785), premier duc de Praslin est ministre d'Etat à partir de 1761, occupe le poste de secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères puis à la Marine (1766-1770).
Dès 1745, il réside à Paris en son hôtel rue de Sèvres (actuellement N115) qu'il échange en 1765 avec le Roi pour l'hôtel de Belle-Isle. En 1764, il acquiert le château de Vaux-Praslin [l'actuel Vaux-le-Vicomte].
En 1761, alors ministre plénipotentiaire au congrès d'Ausbourg, il achète aux Gobelins quatre pièces de la Tenture des Dieux (Junon, Cérès, Vénus et Bacchus), trois pièces des fragments d'opéra et cinq Mois de l'année, le tout pour 53.040 livres. Les tapisseries auraient été reversées l'année suivante au dépôt du Ministère des Affaires étrangères.
Le château de Vaux-Praslin a abrité une fabuleuse collection d'oeuvres d'art qui est vendue principalement en 1793 et 1808.
Signalons en outre la vente en avril 1876 d'une suite de trois tapisseries de Beauvais, " à sujets d'après Boucher et portant à leur partie supérieure les armes de France et de Navarre. L'une d'elle est signée : F. Boucher, 1749. " représentant le Triomphe de Bacchus et d'Ariane, le Triomphe de Vulcain et Vénus et Apollon (lots 200-202) et vendues respectivement pour 24.000, 9.350 et 7.900 francs. Par ailleurs, le musée du Louvre conserve deux pièces de la troisième tenture des Scènes d'opéra, de tragédie et de comédie (Alceste et Rodogune) de l'atelier de Pierre-François Cozette (Inv. OA 9389 et OA 9390) offertes par Louis XV au duc de Choiseul.
LA TENTURE
Les dessins des Portières des Dieux sont d'abord connus sous le nom de Nouvelles Portières des Rabesques [ou Arabesques] des Dieux.
La tenture comprend d'une part quatre panneaux représentant les saisons : Vénus pour le Printemps, Cérès pour l'Eté, Bacchus pour l'Automne et Saturne pour l'Hiver, et d'autre part quatre panneaux représentant les éléments : Junon pour l'Air, Diane pour la Terre, Neptune pour l'Eau et Jupiter pour le Feu.
Les dessins ont été commandés par Mansart à Claude Audran Le Jeune en 1699. Les divers personnages, déesses, dieux et enfants sont dessinés par Louis de Boullogne et Michel II Corneille, alors que les animaux sont probablement d'après Alexandre-François Desportes.
En effet, le goût au début du XVIIIe siècle va aux sujets légers, plaisants, ce que les cartons d'Audran illustrent parfaitement. L'allégorie se place au centre des sujets en Art, comme Voltaire le fait dans son temple du Goût qu'il publie en 1733.
Les versements de paiement à ces quatre artistes pour cette commande cessent en août 1703, date à laquelle les cartons ont dû être achevés.
Il existe trois dessins différents pour les bordures ; celles du lot présent correspondant à la troisième version, exclusivement réalisée en basse-lisse à partir de 1740 - on pense que le dessin fut réalisé par Pierre-Fosse Perrot.
Les premières tapisseries de la série furent achevées en janvier 1701 dans les ateliers de Dominique de La Croix, actif jusqu'en 1712.
La tenture, tissée en huit éditions jusqu'en 1789 avec différents fonds de couleurs et parfois même des fils d'or et d'argent, s'avère être l'une des plus appréciées parmi celles des Gobelins et se trouve dans de grandes collections comme celle de la couronne d'Angleterre.