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Details
BLOY, Léon (1946-1917). Deux lettres autographes à Joseph Serre à propos d'Ernest Hello. 3 pp. in-8. Paris, 139 rue d'Alésia, 12 septembre 94 ; et 1 p. in-8. Paris 12 septembre 94. Enveloppe jointe, à l'adresse de Joseph Serre à Lyon avec cachet postal du 2 mai 1894.
EXTRAORDINAIRES LETTRES ADRESSÉES A L'HISTORIEN JOSEPH SERRE, À PROPOS D'UN LIVRE CONSACRÉ À LA MÉMOIRE DE L'ÉCRIVAIN MYSTIQUE ERNEST HELLO.
Léon Bloy considéra pendant la majeure partie de sa vie qu'une conspiration s'était imposée dans les milieux littéraires officiels afin de le réduire au silence. De lui Alphonse Daudet disait même, a contrario des évidences "Léon Bloy ? Connais pas". Bloy se voyait en écrivain chargé d'une mission christique dont il n'avait rencontré l'écho que chez un autre exégète du catholicisme, lui aussi totalement ignoré, Ernest Hello, décédé en 1885. Il l'avait rencontré en 1875 et lui avait consacré un des trois textes de son recueil Un brelan d'excommuniés, entre les évocations de Barbey d'Aurevilly et de Paul Verlaine.
Ces deux lettres résument cette douloureuse position et cette relation avec Ernest Hello. La première est une réponse à l'historien lyonnais Joseph Serre "auteur innommable d'une Vie d'Ernest Hello" qui avait envoyé 20 francs à Bloy pour qu'il lui conditionnât la gloire, c'est-à-dire pour acheter une chronique louangeuse de son ouvrage, ce à quoi, visiblement Bloy se refuse parce l'auteur demande quelques lignes alors que Bloy veut "...un article important, ne serait-ce que pour relever quelques inexactitudes". Pour se justifier, il écrit : "Ce travail serait déjà fait, si j'avais pu me recueillir assez pour un aussi grand effort. Il est moins facile de parler d'Hello que de M. Zola, par exemple ou de tout autre bateleur acharné à la besogne des démons. Mais je péris littéralement de misère...". On comprend que Bloy est surtout choqué qu'une fois de plus, son travail n'ait pas été mentionné : "Ah ! Monsieur quelle occasion vous avez perdue, d'élever votre étage, en vous manifestant mon témoin...".
Dans la seconde lettre, Bloy répond de nouveau à Serre, qui s'est plaint de ne pas avoir vu le travail de Bloy pour lequel il lui avait envoyé 20 frs. En guise de dédommagement ce dernier l'"...informe cependant, que chacun de [ses] autographes peut se vendre jusqu'à vingt francs à Paris, chez Sapin, rue Bonaparte, ou chez Sagot, rue de Châteaudun." Il ironise sur l'omission dont il a été victime dans le livre de son correspondant "...les esprits littéraires, s'il s'en trouve parmi vos lecteurs, déploreront, sans doute que, dans votre livre, vous n'ayez pas "par pure distraction", oublié de mentionner Ernest Hello lui-même !". Dans sa conclusion Bloy ne retient plus ses coups et passe des "cordiales salutations" de la lettre du 12 septembre à "l'assurance de [son] mépris."
CES DEUX LETTRES, CALLIGRAPHIÉES AVEC LE PLUS GRAND SOIN ET REHAUSSÉES DE CITATIONS EN LATIN, LA PLUPART EXTRAITES DE LA BIBLE, CONSTITUENT UN SUPERBE TÉMOIGNAGE DE LA VERVE FURIEUSE DU MENDIANT INGRAT. Léon Bloy, journal I, pp. 106-109. Coll. Bouquins, Robert Laffont. (3)
EXTRAORDINAIRES LETTRES ADRESSÉES A L'HISTORIEN JOSEPH SERRE, À PROPOS D'UN LIVRE CONSACRÉ À LA MÉMOIRE DE L'ÉCRIVAIN MYSTIQUE ERNEST HELLO.
Léon Bloy considéra pendant la majeure partie de sa vie qu'une conspiration s'était imposée dans les milieux littéraires officiels afin de le réduire au silence. De lui Alphonse Daudet disait même, a contrario des évidences "Léon Bloy ? Connais pas". Bloy se voyait en écrivain chargé d'une mission christique dont il n'avait rencontré l'écho que chez un autre exégète du catholicisme, lui aussi totalement ignoré, Ernest Hello, décédé en 1885. Il l'avait rencontré en 1875 et lui avait consacré un des trois textes de son recueil Un brelan d'excommuniés, entre les évocations de Barbey d'Aurevilly et de Paul Verlaine.
Ces deux lettres résument cette douloureuse position et cette relation avec Ernest Hello. La première est une réponse à l'historien lyonnais Joseph Serre "auteur innommable d'une Vie d'Ernest Hello" qui avait envoyé 20 francs à Bloy pour qu'il lui conditionnât la gloire, c'est-à-dire pour acheter une chronique louangeuse de son ouvrage, ce à quoi, visiblement Bloy se refuse parce l'auteur demande quelques lignes alors que Bloy veut "...un article important, ne serait-ce que pour relever quelques inexactitudes". Pour se justifier, il écrit : "Ce travail serait déjà fait, si j'avais pu me recueillir assez pour un aussi grand effort. Il est moins facile de parler d'Hello que de M. Zola, par exemple ou de tout autre bateleur acharné à la besogne des démons. Mais je péris littéralement de misère...". On comprend que Bloy est surtout choqué qu'une fois de plus, son travail n'ait pas été mentionné : "Ah ! Monsieur quelle occasion vous avez perdue, d'élever votre étage, en vous manifestant mon témoin...".
Dans la seconde lettre, Bloy répond de nouveau à Serre, qui s'est plaint de ne pas avoir vu le travail de Bloy pour lequel il lui avait envoyé 20 frs. En guise de dédommagement ce dernier l'"...informe cependant, que chacun de [ses] autographes peut se vendre jusqu'à vingt francs à Paris, chez Sapin, rue Bonaparte, ou chez Sagot, rue de Châteaudun." Il ironise sur l'omission dont il a été victime dans le livre de son correspondant "...les esprits littéraires, s'il s'en trouve parmi vos lecteurs, déploreront, sans doute que, dans votre livre, vous n'ayez pas "par pure distraction", oublié de mentionner Ernest Hello lui-même !". Dans sa conclusion Bloy ne retient plus ses coups et passe des "cordiales salutations" de la lettre du 12 septembre à "l'assurance de [son] mépris."
CES DEUX LETTRES, CALLIGRAPHIÉES AVEC LE PLUS GRAND SOIN ET REHAUSSÉES DE CITATIONS EN LATIN, LA PLUPART EXTRAITES DE LA BIBLE, CONSTITUENT UN SUPERBE TÉMOIGNAGE DE LA VERVE FURIEUSE DU MENDIANT INGRAT. Léon Bloy, journal I, pp. 106-109. Coll. Bouquins, Robert Laffont. (3)
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Clémentine Robert