LOUIS XVIII, alors comte de Provence (1755-1824). 2 lettres autographes, l'une à l'empereur de Russie, l'autre à l'amiral Lord Exmouth.
LOUIS XVIII, alors comte de Provence (1755-1824). 2 lettres autographes, l'une à l'empereur de Russie, l'autre à l'amiral Lord Exmouth.

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LOUIS XVIII, alors comte de Provence (1755-1824). 2 lettres autographes, l'une à l'empereur de Russie, l'autre à l'amiral Lord Exmouth.

1°) Lettre autographe à l'empereur de Russie (minute). 2 pp. in-8 à l'encre noire sur un double feuillet de papier vergé filigrané "J. Ansell". 2/14 Février 1813.

TRÈS IMPORTANTE LETTRE AUTOGRAPHE DANS LAQUELLE IL DEMANDE AU TSAR ALEXANDRE DE LE RECONNAÎTRE COMME LÉGITIME SOUVERAIN DE LA FRANCE.
Le comte de Provence, frère cadet de Louis XVI, s'était proclamé roi de France sous le nom de Louis XVIII après la mort du dauphin en 1795, mais n'était pas parvenu à se faire reconnaître par les cours d'Europe. Son impopularité notoire en France leur faisait préférer d'autres successeurs éventuels comme "l'Aiglon", fils de Napoléon, mais aussi le maréchal Bernadotte ou encore Eugène de Beauharnais, sans exclure l'option d'une République.

Réfugié en Angleterre depuis 1807, Louis XVIII écrit à Alexandre Ier dont l'armée poursuit celle de Napoléon à travers l'Allemagne. Il a daté sa lettre du 2 et du 14 février. La seconde date est celle du calendrier Julien qui fut employé en Russie jusqu'à la Révolution d'Octobre. Il prédit que "les descendants des Germains plus révoltés encore du joug d'un vil Corse que leurs ayeux ne le furent de celui des Romains accourront de toutes parts au devant de V.M.I. [votre majesté impériale]". Il pense aussi que sa majesté impériale "aspire au titre de libérateur, non d'un Empire, mais du monde entier".

Il prévoit toutefois que l'arrivée des troupes coalisées en France "... offre sans doute plus de difficultés" car "... là, le Tyran est au centre de ses moyens". Il pense aussi que "des fautes commises il y a vingt ans, on laissé dans l'esprit des peuples de fortes préventions contre ce qui n'est pas français" et recommande donc à l'empereur russe de lui reconnaitre "... le titre du légitime souverain de la France". Pour "attaquer l'usurpateur..." il rappelle au Tsar l'espoir que celui-ci "[lui] donna un jour d'une expédition sur les côtes de la France [...] à la Normandie, par exemple...". On sent que cette lettre adressée directement à Alexandre Ier est exceptionnelle et que le souverain en exil redoute que sa démarche ne soit pas agréée par son correspondant, aussi croit-il utile de préciser : "Ignorant si cette forme confidentielle plaît à V[otre].M[ajesté].I[impériale]." Puis, il corrige la fin de sa lettre, en marge gauche, remplaçant "... lui communiquer plus librement mes pensées..." par une formule plus humble : "...confier à son amitié tout ce que je sais et pourrai savoir par la suite sur les dispositions de mes sujets..."

Louis XVIII sera finalement reconnu comme souverain de la France lors du Congrès de Vienne, un an plus tard, grâce à Talleyrand.

2°) Lettre autographe à l'amiral Exmouth (minute). Une page in-8 à l'encre noire sur un feuillet de papier vergé.
INTÉRESSANTE LETTRE À UN AMIRAL ANGLAIS par laquelle il s'engage à verser une pension à la femme d'un agent de l'Angleterre fusillé en France.

Dans cette lettre importante, Louis XVIII répond favorablement à l'intercession de l'amiral anglais Exmouth, en faveur de la veuve du général français Emmanuel Guidal. Ce dernier, qui avait conspiré contre l'Empereur, à l'instigation des Anglais, avait été exécuté en 1812. Lord Exmouth participa à tous les engagements maritimes contre la France dès 1793. Il fut créé baron en 1814 au retour d'une mission en Inde et, la même année, nommé commandant en chef des forces navales britanniques en Méditerranée. Pendant les Cent-Jours, il apporta son soutien aux royalistes de Marseille et de Provence, menacés par les troupes du maréchal Brune. C'est à cet épisode que Louis XVIII fait référence à la fin de cette lettre, rédigée peu de temps après la fin des Cents-Jours, et où il exprime sa reconnaissance à l'amiral britannique pour ses "nobles efforts par lesquels [il a] si puissamment concouru à ramener la Provence et Toulon à [son] obéissance". Il est important de rappeler que le comte de Provence qui trouva un temps refuge en Russie, fut accueilli par l'Angleterre de la fin de l'année 1807 jusqu'à son débarquement à Calais le 24 avril 1814 et qu'il y reçut une rente versée par le gouvernement anglais.

On joint un billet autographe signé "Louis" par lequel il élève son valet de chambre, André-Marie Hüe (1786-1854) à la fonction de trésorier. Il le fit baron cette même année.

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Clémentine Robert
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