Emmanuel d'Aranda rendant grâce à la Vierge pour sa libération de l'esclavage des barbaresques

L'iconographie séduisante et énigmatique de ce tableau a pu être percée à jour par l'examen du blason qui l'orne en haut à gauche. il s'agit de celui d'Emmanuel d'Aranda (1612 ou 1614-après 1682), gentilhomme, homme de lettre et poète d'origine espagnole mais brugeois de naissance. Capturé par des corsaires algériens au large de la Bretagne en 1640 alors qu'il rentrait d'Espagne où il avait passé une partie de sa jeunesse, d'Aranda resta près de deux ans prisonnier à Alger avant d'être libéré. Il publia en 1656 un long récit de sa captivité, la Relation de la captivité et liberté du sieur Emmanuel d'Aranda, jadis esclave à Alger, dans laquelle il décrivait avec précision, ses deux années d'esclavage, la dureté des travaux auxquels il fut astreint et sa libération en échange de prisonniers turcs. Il y adjoignait également un descriptif de la ville d'Alger, alors sous domination turque, ainsi que de nombreuses anecdotes sur les moeurs des turcs ou sur les relations entre Juifs, Chrétiens et Musulmans. Rédigé en latin, son ouvrage rencontra un vif succès, fut publié en français, traduit en anglais et en flamand et réédité de nombreuses fois avant la fin du siècle.
Si l'identité du modèle présent dans le tableau n'est plus un mystère, l'auteur de ce dernier reste à préciser. Aranda étant rentré à Bruges presqu'immédiatement après sa libération, il est probable qu'il ait commandé cette oeuvre à un artiste local, sans doute à Jacob van Oost le Vieux (vers 1603-1671), avec l'art duquel le tableau partage de nombreuses affinités. Nous remercions Monsieur Till-Holger Borchert du musée de Groningue d'avoir suggéré l'attribution d'après photographie.