Lot Essay
Le régulateur Lopez-Tarragoya
par Alexandre Pradère
La production de régulateurs dans l'atelier de Charles Cressent est attestée par les catalogues de ses ventes en 1757 et 1765, au cours desquelles plusieurs pendules à secondes furent mentionnées, toutes sans mouvement (numéros 155-156 en 1757 ; numéros 97-99 en 1765), avec des indications de placage (amarante) seulement pour les deux dernières.
Lors de l'inventaire après décès de Cressent en 1768, il ne lui restait pas de régulateurs, mais seulement quelques pendules par les horlogers Hervé ou Guiot, en "marqueterie" (d'écaille et métal) ou ébène. Si la plupart des régulateurs aujourd'hui identifiés sont plaqués en bois satiné et amarante, on trouve néanmoins un placage de palissandre sur l'un d'entre eux (Alexandre Pradère, Charles Cressent, Sculpteur, Ebéniste du Régent, Editions Faton, Dijon, 2003, cat. 262), l'ébène sur un autre (cat. 267) et un placage en bois de violette -outre l'exemplaire présenté ici- sur le régulateur du musée des Arts décoratifs de Lyon (cat. 260).
Les modèles recensés présentent tous la même forme et les mêmes bronzes, notamment le motif entourant la lunette vitrée, version rocaille des motifs de pelta chers à Boulle et à Berain. Les autres motifs habituellement trouvés sont l'agrafe rocaille ornant la base et un motif au sommet de soleil rayonnant émergeant du chaos. Sur la plupart des régulateurs, on retrouve sous le cadran le même motif allégorique des vents, représentés par deux enfants soufflant, motif inspiré de celui créé par Boulle pour le régulateur du comte de Toulouse (musée du Louvre ; illustré dans Daniel Alcouffe, Anne Dion-Tenenbaum et Amaury Lefébure, Le Mobilier du Musée du Louvre, Editions Faton, Dijon, 1993, Vol. I, p. 102-105). Toutefois, on trouve une variante sur plusieurs d'entre eux, sous la forme d'un masque de chinoise, motif que Cressent avait utilisé sur des encoignures (cf. Pradère, op. cit., cat. 188-191) : outre le régulateur présenté ici, on trouve ce masque sur le régulateur de l'ancienne collection Wallace ainsi que sur deux régulateurs aux mouvements signés de l'horloger Duchesne (cat. 264-266).
L'horloger Julien II Leroy (1686-1759) fut reçu maître en 1713. Membre, puis directeur de la Société des Arts, juré de sa corporation de 1735 à 1737, il eut le titre d'horloger ordinaire du Roi, avec un logement aux galeries du Louvre dès 1739. Grâce à ses innovations techniques, il s'attira à l'époque une notoriété considérable et fut l'un des plus célèbres horlogers du XVIIIe siècle. Outre le roi, il eut la clientèle du duc d'Orléans, de la famille royale et de la cour (Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du Temps, la Pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon Ier, Antiquorum, Genève, 1996, p. 347). Avec Hervé et Guiot, Julien Leroy fût un des principaux horlogers de Cressent, celui dont le nom est le plus souvent rencontré sur ses ébénisteries de régulateurs (Pradère, cat. 257, 261, 263, 267, 269), ainsi que sur des pendules du modèle à la Danaé et du cartel à masque d'Apollon (cat.219, 248, 251).
par Alexandre Pradère
La production de régulateurs dans l'atelier de Charles Cressent est attestée par les catalogues de ses ventes en 1757 et 1765, au cours desquelles plusieurs pendules à secondes furent mentionnées, toutes sans mouvement (numéros 155-156 en 1757 ; numéros 97-99 en 1765), avec des indications de placage (amarante) seulement pour les deux dernières.
Lors de l'inventaire après décès de Cressent en 1768, il ne lui restait pas de régulateurs, mais seulement quelques pendules par les horlogers Hervé ou Guiot, en "marqueterie" (d'écaille et métal) ou ébène. Si la plupart des régulateurs aujourd'hui identifiés sont plaqués en bois satiné et amarante, on trouve néanmoins un placage de palissandre sur l'un d'entre eux (Alexandre Pradère, Charles Cressent, Sculpteur, Ebéniste du Régent, Editions Faton, Dijon, 2003, cat. 262), l'ébène sur un autre (cat. 267) et un placage en bois de violette -outre l'exemplaire présenté ici- sur le régulateur du musée des Arts décoratifs de Lyon (cat. 260).
Les modèles recensés présentent tous la même forme et les mêmes bronzes, notamment le motif entourant la lunette vitrée, version rocaille des motifs de pelta chers à Boulle et à Berain. Les autres motifs habituellement trouvés sont l'agrafe rocaille ornant la base et un motif au sommet de soleil rayonnant émergeant du chaos. Sur la plupart des régulateurs, on retrouve sous le cadran le même motif allégorique des vents, représentés par deux enfants soufflant, motif inspiré de celui créé par Boulle pour le régulateur du comte de Toulouse (musée du Louvre ; illustré dans Daniel Alcouffe, Anne Dion-Tenenbaum et Amaury Lefébure, Le Mobilier du Musée du Louvre, Editions Faton, Dijon, 1993, Vol. I, p. 102-105). Toutefois, on trouve une variante sur plusieurs d'entre eux, sous la forme d'un masque de chinoise, motif que Cressent avait utilisé sur des encoignures (cf. Pradère, op. cit., cat. 188-191) : outre le régulateur présenté ici, on trouve ce masque sur le régulateur de l'ancienne collection Wallace ainsi que sur deux régulateurs aux mouvements signés de l'horloger Duchesne (cat. 264-266).
L'horloger Julien II Leroy (1686-1759) fut reçu maître en 1713. Membre, puis directeur de la Société des Arts, juré de sa corporation de 1735 à 1737, il eut le titre d'horloger ordinaire du Roi, avec un logement aux galeries du Louvre dès 1739. Grâce à ses innovations techniques, il s'attira à l'époque une notoriété considérable et fut l'un des plus célèbres horlogers du XVIIIe siècle. Outre le roi, il eut la clientèle du duc d'Orléans, de la famille royale et de la cour (Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du Temps, la Pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon Ier, Antiquorum, Genève, 1996, p. 347). Avec Hervé et Guiot, Julien Leroy fût un des principaux horlogers de Cressent, celui dont le nom est le plus souvent rencontré sur ses ébénisteries de régulateurs (Pradère, cat. 257, 261, 263, 267, 269), ainsi que sur des pendules du modèle à la Danaé et du cartel à masque d'Apollon (cat.219, 248, 251).