![VERLAINE, Paul (1844-1896). Lettre autographe adressée à Ernest Delahaye. Stickney, le 29 avril [18]75.](https://www.christies.com/img/LotImages/2013/PAR/2013_PAR_03548_0154_000(verlaine_paul_lettre_autographe_adressee_a_ernest_delahaye_stickney_le044933).jpg?w=1)
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VERLAINE, Paul (1844-1896). Lettre autographe adressée à Ernest Delahaye. Stickney, le 29 avril [18]75.
2 pages et demie in-12 (203 x 130 mm). Encre sur papier bleuté. (Lettre très abîmée et réparée au ruban adhésif sur lequel quelques lettres ont été repassées, la signature de Verlaine a été découpée emportant avec elle la fin de la lettre.) Provenance: Ernest Delahaye et par descendance au propriétaire actuel.
LETTRE ÉCRITE PEU DE TEMPS APRÈS LA DERNIÈRE RENCONTRE DE VERLAINE ET RIMBAUD, À STUTTGART, EN FÉVRIER 1875.
"Me trouvant aujourd'hui 'desocupado' contre mon ordinaire, je ne crois pas pouvoir mieux employer mon pauvre temps qu'à prévenir la réponse [...] à ma lettre de voilà aujourd'hui 13 jours, et causailler de tout un peu avec toi. Aujourd'hui je n'ai absolument rien d'intéressant ni de nouveau à te dire [...] Un mois de séjour de bûchage (n'exagérons rien, ma rate n'est point encore trop foulée) et peu de progrès, très peu sous le rapport de l'entendement comme du parlage. J'attribue ce résultat à mon âge avancé d'abord... Quelle vieille brûte on devient à 30 ans [...] Il y a tout de même quelques progrès, et je suis la tortue tenace de cet angliche escarpé [...] je m'applique surtout naturellement à m'instruire dans les jargons, les choses de la vie courante. Sous ce rapport Rimbaud m'eût aidé, m'eût indiqué des livres [...] le cercle de mes leçons s'élargit. J'enseigne maintenant notre belle langue aux quatre filles d'un médecin [...] J'ai voulu [...] ces jours-ci faire quelque chose comme des chansons descriptives, paysages douloureux [...] En attendant je pense à ces 'Cantiques' qui t'alarment. Pourtant ce sera très bien, si je puis. Des espèces de psaumes de David, avec mon triste moi dedans et tout ce que j'y pourrai mettre d'orthographe et de prosodie [...] Mon poëme sacré serait immense. Il roulerait sur la Vierge. Titre probable: LE ROSAIRE comprendrait depuis Adam et Eve jusqu'à présent toutes les civilisations, toutes les légendes [...] Mon livre patristique sera court et simple. j'espère pouvoir bientôt t'envoyer fragments. J'ose croire que ce sera neuf: très doux, très touchant [...] ma vie est follement calme et j'en suis si content [...]" Lettre publiée in Delahaye témoin de Rimbaud. La Baconnière, 1972, P. 147; Ernest Delahaye Verlaine: étude biographique. Paris: Messein, 1919, p. 225.
2 pages et demie in-12 (203 x 130 mm). Encre sur papier bleuté. (Lettre très abîmée et réparée au ruban adhésif sur lequel quelques lettres ont été repassées, la signature de Verlaine a été découpée emportant avec elle la fin de la lettre.) Provenance: Ernest Delahaye et par descendance au propriétaire actuel.
LETTRE ÉCRITE PEU DE TEMPS APRÈS LA DERNIÈRE RENCONTRE DE VERLAINE ET RIMBAUD, À STUTTGART, EN FÉVRIER 1875.
"Me trouvant aujourd'hui 'desocupado' contre mon ordinaire, je ne crois pas pouvoir mieux employer mon pauvre temps qu'à prévenir la réponse [...] à ma lettre de voilà aujourd'hui 13 jours, et causailler de tout un peu avec toi. Aujourd'hui je n'ai absolument rien d'intéressant ni de nouveau à te dire [...] Un mois de séjour de bûchage (n'exagérons rien, ma rate n'est point encore trop foulée) et peu de progrès, très peu sous le rapport de l'entendement comme du parlage. J'attribue ce résultat à mon âge avancé d'abord... Quelle vieille brûte on devient à 30 ans [...] Il y a tout de même quelques progrès, et je suis la tortue tenace de cet angliche escarpé [...] je m'applique surtout naturellement à m'instruire dans les jargons, les choses de la vie courante. Sous ce rapport Rimbaud m'eût aidé, m'eût indiqué des livres [...] le cercle de mes leçons s'élargit. J'enseigne maintenant notre belle langue aux quatre filles d'un médecin [...] J'ai voulu [...] ces jours-ci faire quelque chose comme des chansons descriptives, paysages douloureux [...] En attendant je pense à ces 'Cantiques' qui t'alarment. Pourtant ce sera très bien, si je puis. Des espèces de psaumes de David, avec mon triste moi dedans et tout ce que j'y pourrai mettre d'orthographe et de prosodie [...] Mon poëme sacré serait immense. Il roulerait sur la Vierge. Titre probable: LE ROSAIRE comprendrait depuis Adam et Eve jusqu'à présent toutes les civilisations, toutes les légendes [...] Mon livre patristique sera court et simple. j'espère pouvoir bientôt t'envoyer fragments. J'ose croire que ce sera neuf: très doux, très touchant [...] ma vie est follement calme et j'en suis si content [...]" Lettre publiée in Delahaye témoin de Rimbaud. La Baconnière, 1972, P. 147; Ernest Delahaye Verlaine: étude biographique. Paris: Messein, 1919, p. 225.
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Audrey Bangou