拍品專文
Le couple Igbo d'Andy Williams
Par Herbert M. Cole
Ce couple qui s'enlace, une femme et un homme Igbo, a certainement été sculpté entre 1925 et 1960 par Jidobu, originaire d'Umuagba Ebenebe, un village situé près d'Awka dans le sud-est du Nigéria. La comparaison avec un groupe similaire, très bien documenté par Kenneth C. Murray, conservé au National Museum Archives de Lagos (Nigéria) et illustré dans l'ouvrage de Cole et Aniakor, Igbo Arts: Community and Cosmos (Los Angeles, 1984, fig.205) a permis d'attribuer cette oeuvre. Les pieds des deux statues, la partie basse des jambes de la femme et le socle sur lequel ils devaient se tenir, ont disparu ainsi que le bras droit de l'homme et l'objet que portait certainement la femme dans sa main droite, probablement une ombrelle. Les sculptures, qui sont presque de dimensions humaines, ont été taillées dans un unique bloc de bois. Représentées de face, les statues sont élancées, semblant en quelque sorte amincies. Leurs cous, exagérément longs, sont considérés comme de très beaux attributs physiques dans l'esthétique ibgo. Le nombril légèrement protubérant de la femme est également perçu comme une caractéristique séduisante.
Les grandes statues de ce type sont appelées "ugonachomma", ce qui signifie "l'aigle en quête de beauté". Au début du 20ème siècle, de telles sculptures ou groupes étaient commandés par les hommes et les femmes en âge d'exercer les rites de passage, et étaient exposés pour symboliser leur nouvelle identité. Elles servaient également de points de ralliement pendant les festivals de danses de la saison sèche ou lors des compétitions avec les villages rivaux ou des rites de passage à d'autres niveaux. Ce sont des statues profanes, comme l'indique l'attitude des personnages, plus informelles et moins conventionnelles que les statues de divinité, alusi, commandées pour être placées dans les sanctuaires des esprits protecteurs. Leur nom générique -l'aigle en quête de beauté - est en quelque sorte une référence mystique à la jeunesse des vierges et aux honneurs des hommes. L'aigle blanc, emblème d'appartenance Igbo, fait allusion à l'innocence idéalement attribuée aux deux personnages, bien que l'aigle corresponde à l'homme, plus âgé que la fille de plusieurs années, et qu'il soit généralement en quête d'une jolie vierge à épouser. Bien que cela ne soit pas toujours possible, la plupart des hommes Igbo préfèrent avoir une femme à la peau plus claire.
Cette relation "classique" entre l'homme et la femme peut également être interprétée sur les masques utilisés pour les évènements de la saison sèche ou pendant les enterrements d'hommes ou de femmes de grande importance. La beauté des personnages est signifiée par les ornements qu'ils revêtent. Les légères cicatrices chéloïdiennes présentes sur la femme sont des mbubu. Les motifs du corps, délicats et cursifs - bien que patinés et partiellement effacés- sont appelés uli. Ils étaient peints par les femmes avec une décoction de couleur indigo sur une peau préalablement blanchie avec de la craie. Heureusement certains de ces dessins noirs sont encore visibles. L'uli est un cosmétique célèbre utilisé pour les festivals, il reste sur la peau environ deux semaines avant de s'estomper. Des anneaux circulaires en défenses d'éléphants sont représentés sur les bras et les jambes des deux personnages, la jeune femme porte autour des jambes des anneaux de cuivre (ils sont sculptés), ainsi que plusieurs bracelets de perles superposés autour de sa taille (également sculptés), ces bracelets étaient appréciés de toutes les jeunes femmes. Sa coiffure, une crête ornée de disques recouverts de feuilles de bronze (sculptés), prédominait chez les jeunes femmes au début du 20ème siècle et était visible sur les masques de jeune fille.
Représentation idéalisée, ce couple enlacé, est un exemple saisissant de beauté et de vigueur de la jeunesse igbo, majestueusement et délicatement embelli d'ornements classiques.
Par Herbert M. Cole
Ce couple qui s'enlace, une femme et un homme Igbo, a certainement été sculpté entre 1925 et 1960 par Jidobu, originaire d'Umuagba Ebenebe, un village situé près d'Awka dans le sud-est du Nigéria. La comparaison avec un groupe similaire, très bien documenté par Kenneth C. Murray, conservé au National Museum Archives de Lagos (Nigéria) et illustré dans l'ouvrage de Cole et Aniakor, Igbo Arts: Community and Cosmos (Los Angeles, 1984, fig.205) a permis d'attribuer cette oeuvre. Les pieds des deux statues, la partie basse des jambes de la femme et le socle sur lequel ils devaient se tenir, ont disparu ainsi que le bras droit de l'homme et l'objet que portait certainement la femme dans sa main droite, probablement une ombrelle. Les sculptures, qui sont presque de dimensions humaines, ont été taillées dans un unique bloc de bois. Représentées de face, les statues sont élancées, semblant en quelque sorte amincies. Leurs cous, exagérément longs, sont considérés comme de très beaux attributs physiques dans l'esthétique ibgo. Le nombril légèrement protubérant de la femme est également perçu comme une caractéristique séduisante.
Les grandes statues de ce type sont appelées "ugonachomma", ce qui signifie "l'aigle en quête de beauté". Au début du 20ème siècle, de telles sculptures ou groupes étaient commandés par les hommes et les femmes en âge d'exercer les rites de passage, et étaient exposés pour symboliser leur nouvelle identité. Elles servaient également de points de ralliement pendant les festivals de danses de la saison sèche ou lors des compétitions avec les villages rivaux ou des rites de passage à d'autres niveaux. Ce sont des statues profanes, comme l'indique l'attitude des personnages, plus informelles et moins conventionnelles que les statues de divinité, alusi, commandées pour être placées dans les sanctuaires des esprits protecteurs. Leur nom générique -l'aigle en quête de beauté - est en quelque sorte une référence mystique à la jeunesse des vierges et aux honneurs des hommes. L'aigle blanc, emblème d'appartenance Igbo, fait allusion à l'innocence idéalement attribuée aux deux personnages, bien que l'aigle corresponde à l'homme, plus âgé que la fille de plusieurs années, et qu'il soit généralement en quête d'une jolie vierge à épouser. Bien que cela ne soit pas toujours possible, la plupart des hommes Igbo préfèrent avoir une femme à la peau plus claire.
Cette relation "classique" entre l'homme et la femme peut également être interprétée sur les masques utilisés pour les évènements de la saison sèche ou pendant les enterrements d'hommes ou de femmes de grande importance. La beauté des personnages est signifiée par les ornements qu'ils revêtent. Les légères cicatrices chéloïdiennes présentes sur la femme sont des mbubu. Les motifs du corps, délicats et cursifs - bien que patinés et partiellement effacés- sont appelés uli. Ils étaient peints par les femmes avec une décoction de couleur indigo sur une peau préalablement blanchie avec de la craie. Heureusement certains de ces dessins noirs sont encore visibles. L'uli est un cosmétique célèbre utilisé pour les festivals, il reste sur la peau environ deux semaines avant de s'estomper. Des anneaux circulaires en défenses d'éléphants sont représentés sur les bras et les jambes des deux personnages, la jeune femme porte autour des jambes des anneaux de cuivre (ils sont sculptés), ainsi que plusieurs bracelets de perles superposés autour de sa taille (également sculptés), ces bracelets étaient appréciés de toutes les jeunes femmes. Sa coiffure, une crête ornée de disques recouverts de feuilles de bronze (sculptés), prédominait chez les jeunes femmes au début du 20ème siècle et était visible sur les masques de jeune fille.
Représentation idéalisée, ce couple enlacé, est un exemple saisissant de beauté et de vigueur de la jeunesse igbo, majestueusement et délicatement embelli d'ornements classiques.