Lot Essay
La figure en ivoire ici présente faisait vraisemblablement partie d'un groupe représentant la Crucifixion. D'un point de vue stylistique, la figure est à rapprocher d'oeuvres attribuées à Jürgen Kriebel (vers 1580/90-1645), maître allemand qui excella dans le travail minutieux de l'ivoire. Nous pouvons notamment citer deux figures en ivoire, représentant la Vierge et saint Jean, conservées au musée du Louvre à Paris, un autel portatif avec la Crucifixion, à la Skulpturengalerie de Berlin, ou encore un groupe conservé à l'Ashmolean Museum d'Oxford (Malgouyres, loc. cit.). Nous pouvons en effet relever des analogies entre ces oeuvres au niveau du traitement et de la subtilité des drapés mouvementés, des canons allongés, de l'exécution précise des expressions du visage, ainsi que la recherche de pathos à travers les gestes de saint Jean. Kriebel était un sculpteur itinérant qui travailla l'ivoire, le bois, la pierre et l'albâtre. Son premier travail, reconnu comme point de référence pour appréhender sa production en ivoire, fut les fonts baptismaux de Saint-Thomas de Leipzig, réalisés en albâtre en 1614. Il fut à cette époque fortement influencé dans son travail par l'art italien, s'étant lié d'amitié avec Giovanni Maria Nosseni (1544-1620) et Sebastian Walther (1576-1645) à Dresde. Enfin, à partir de 1632, il fut sculpteur à la cour de Christian IV du Danemark. La figure de saint Jean est non seulement caractéristique du maniérisme tardif de la fin du XVIème et du début du XVIIème siècle en Allemagne mais montre aussi l'influence de l'artiste Giambologna.