ELEMENT EN IVOIRE TOURNE
Prospective purchasers are advised that several co… Read more Le cabinet de curiosités appelé Studiolo en italien, et Kunstkammer (chambre des arts) ou Wunderkammer (chambre des merveilles) en allemand désigne aux XVIe et XVIIe siècles en Europe un lieu où étaient entreposés et exposés des objets, avec un certain goût pour l'hétéroclisme et l'inédit. On collectionne et présente une multitude d'objets rares ou étranges représentant les trois règnes: animal, végétal et minéral, en plus de réalisations humaines. L'objectif des curieux n'est pas d'accumuler ou de répertorier la totalité des objets de la nature et des productions humaines comme le tenteront les encyclopédistes au XVIIIe siècle, mais plutôt de pénétrer les secrets intimes de la nature par ce qu'elle propose de fantastique. En collectionnant les objets les plus bizarres qui l'entourent, le curieux a la sensation de pouvoir saisir le processus de Création du monde. Les cabinets de curiosités peuvent se définir et s'organiser en quatre catégories d'objets : Les naturalia, aujourd'hui l'équivalent des collections d'Histoire naturelle, sont composées d'animaux et d'insectes naturalisés, d'herbiers, de coquillages, de coraux, et de fossiles. Les collectionneurs ont un attrait particulier pour les exotica qui leur sont moins familières regroupant les gemmes, les oeufs d'autruche et autres bizarreries de la nature. Viennent ensuite les artificialia, objets dus à la main de l'Homme, mais dans lesquels nous retrouvons souvent les mêmes matériaux que pour les naturalia. Les ivoires tournés, noix de coco et oeufs d'autruche sculptés et montés côtoient les médailles, les sculptures, les antiques ou les planches d'étude anatomique. La quatrième catégorie, les scientifica, est également due à la main de l'Homme mais regroupe plus spécifiquement les instruments permettant de percer les mystères du monde. Ainsi une bonne place est faite aux cadrans, horloges, calendriers perpétuels, astrolabes, compas de marine et autres. A la fin du XVème siècle apparaissent les premiers cabinets de cour avec celui du duc de Berry (1340-1416) à Bourges, de Lionello d'Este (palazzo Belfiore) à Ferrare ou de Pierre de Medicis (1414-1469) à Florence. Au XVIème siècle, Isabelle d'Este (1474-1539) fait construire son cabinet d'étude et une grotte au Palazzo Ducale de Mantoue. C'est François I de Medicis (1541-1587) vers 1570-75 qui a probablement un des plus riches cabinets de curiosités d'Europe du sud dans son Palazzo Vecchio à Florence. A la même époque le duc Albert V de Bavière (1528-1579) termine le sien. Le plus ancien recueil illustré représentant un cabinet de curiosités est le Dell' Historia Naturale (Naples, 1599) de Ferrante Imperato montrant son intérieur. Les gravures nous présentent une pièce extraordinaire remplie du sol au plafond de naturalia tels que des mammifères, des poissons et des oiseaux naturalisés, des coquillages, des coraux, des gemmes et des artificialia. Ils permettent au collectionneur d'approfondir ses connaissances des sciences naturelles et ethnologiques. Le plus célèbre d'entre eux est probablement celui de l'empereur du Saint-Empire Rodolphe II qui gouverna de 1576 à 1612. Il est à la base de la collection des empereurs germaniques qui est aujourd'hui conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne. La collection est considérée comme la célébration de notre monde, ayant pour rôle de transmettre les savoirs en nous émerveillant avec les chefs d'oeuvres en or, en bronze, en ivoire et en bois précieux tels que la célèbre salière exécutée par l'orfèvre de renom Benvenuto Cellini. D'autres cabinets de curiosités sont célèbres comme celui créé par Pierre le Grand, tsar de Russie à Saint-Petersbourg en 1727 ou la Voûte Verte fondée par Auguste II le Fort, prince-électeur de Saxe à Dresde. En parallèle des célèbres cabinets des princes et de l'aristocratie européenne, de nombreux cabinets sont créés par des bourgeois et des scientifiques dans toute l'Europe. Ce qui a pris de l'importance par-dessus tout est de mettre en ordre et d'établir des catégories d'objets dans les cabinets. Cela mena à la création de grands musées comme l'Ashmoleum museum d'Oxford, le British museum de Londres ou encore le Teylers museum à Haarlem. Ceux-ci suscitèrent une attention grandissante pour chaque objet et pour son importance dans l'histoire du monde en opposition avec la juxtaposition des objets de matières, d'origines et d'époques très différentes qui composait des ensembles harmonieux à l'origine des cabinets de curiosités. La sculpture sur ivoire est, depuis la nuit des temps, un moyen d'expression artistique fondamental. Le procédé s'est développé sous l'Antiquité, l'ère byzantine et le Moyen-âge européen, pour atteindre son apogée au début du XVIIème siècle. La fascination pour la sculpture sur ivoire et le véritable regain d'intérêt pour cette matière sont probablement les plus importants au dernier quart du XVIème siècle auprès des cours princières européennes. Nous avons peu d'informations sur les artisans travaillant l'ivoire à cette époque. Les véritables maîtres de cette technique étaient des artisans (tabletiers) hautement spécialisés et très recherchés. Selon les archives, c'est en 1573 que le marchand d'art Prospero Visconti présenta au prince William, duc de Bavière (reg 1579-1598) et futur Guillaume V, le tourneur sur ivoire et sur bois italien Giovanni Ambrogio Maggiore (vers 1550-après 1598). Il séjourna plusieurs années entre Munich et Landshut et forma plusieurs élèves dont le duc lui-même, qui exportèrent son enseignement en Europe. L'un de ses principaux élèves fut Georges Wecker (1550-1622) qui devint à son tour tourneur pour la cour de Rodolphe II de Habsbourg à Dresde. La fin du XVIème et le XVIIème siècle sont une période à laquelle bon nombre de sculpteurs talentueux travaillaient auprès des cours européennes. Ils produisirent des pièces en ivoire magnifiques mettant en valeur non seulement les qualités naturelles du matériau mais aussi illustrant la complexité architecturale à laquelle obéissent ces chefs-d'oeuvre de l'art du tour. Le travail de l'ivoire se nourrissait de l'obsession de l'époque pour la perspective et la géométrie dans l'espace. Ces objets prirent la forme de coupes, tours et figures tournées à la fois géométriques, fantasques et virtuoses qui furent disposées dans les Kunstkammern princiers. Le principe de ces collections reposait sur le concept selon lequel l'univers - un macrocosme - serait représenté sous la forme d'une collection - un microcosme. Ainsi, l'univers serait représenté par les naturalia créées par Dieu, à savoir tout matériau zoologique, botanique et géologique - et par les artificialia créées par l'Homme, dont les objets, tours de force et coupes en ivoire ici offerts sont des parfaits exemples.
ELEMENT EN IVOIRE TOURNE

ALLEMAGNE, XVIIEME SIECLE

Details
ELEMENT EN IVOIRE TOURNE
ALLEMAGNE, XVIIEME SIECLE
Reposant sur un socle en bois
Hauteur: 19,5 cm. (7¾ in.) ; Hauteur totale: 23,2 cm. (9 in.)
Literature
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES:
Hambourg, New York, Rome, Museum für Kunst und Gewerbe, The Metropolitan Museum of Art, Palazzo Ruspoli, Princely Splendour: The Dresden Court, 1580-1620, A. Scherner and D. Syndram eds.
Tardy, Les Ivoires, Paris, 1972.
P. Malgouyres, Ivoires de la Renaissance et des Temps modernes, La collection du musée du Louvre, Paris, 2010.
Special notice
Prospective purchasers are advised that several countries prohibit the importation of property containing materials from endangered species, including but not limited to coral, ivory and tortoiseshell. Accordingly, prospective purchasers should familiarize themselves with relevant customs regulations prior to bidding if they intend to import this lot into another country.
Further details
A TURNED IVORY ELEMENT, GERMAN, 17TH CENTURY

Brought to you by

Quitterie Marcellin
Quitterie Marcellin

More from Le cabinet de curiosités de Jacques et Galila Hollander

View All
View All