Lot Essay
Cette imposante feuille de Polidoro da Caravaggio est à rapprocher du tableau La Montée au Calvaire, aujourd'hui à Naples, Museo di Capodimonte (fig. a; De Castris, op. cit., no. 14) pour lequel elle prépare, avec quelques différences, les figures de la Vierge et des saintes femmes situées à la gauche du tableau. Si Polidoro reçut la commande vers 1530, la peinture ne fut exécutée que vers 1534, ce qui témoigne du long processus créatif de l'artiste.
Selon le souhait de son commanditaire Pietro Ansalone, consul de la confrérie de l'église de l'Annunziata dei Catalani à Messine pour laquelle l'oeuvre fut réalisée, celle-ci devait se placer en comparaison directe avec une autre oeuvre sicilienne exécutée par Raphaël, le Spasimo di Sicilia (T. Henry et P. Joannides, Raphaël: les dernières années, cat. expo., Musée du Louvre, Paris, 2012, no. 4, ill. p. 95). L'oeuvre de Raphaël, auprès duquel Polidoro a travaillé à ses débuts à Rome en 1515, représente également une montée au calvaire. Elle était conservée à l'époque dans l'église de Santa Maria dello Spasimo à Palerme (aujourd'hui au musée du Prado, Madrid) où la famille Ansalone possédait aussi une chapelle. Le commanditaire instituait ainsi un véritable paragone entre le maître et son élève.
Du point de vue de la composition, le grand tableau de l'Annunziata (310 x 247 cm.) s'inspire de celui du maître de Pérouse, mais est transformé en une image qui insiste plus sur la participation émotive du spectateur. Polidoro construit le tableau par groupes de personnages, comme s'il avait voulu y rassembler cinq épisodes distincts du chemin de croix. Cela explique probablement l'existence de trois bozzetti et quatre dessins préparatoires (De Castris, op. cit., pp. 343-51), chacun avec le but d'étudier un groupe distinct de figures et des détails de paysage (Musée du Louvre, Paris, inv. 598 et RF 61) de la composition.
Comme le definit De Castris (op. cit., p. 347) l'artiste développe ici un 'grand théâtre sacré'. Par l'étude de ces personnages isolés, il cherche de nouveaux thèmes à explorer à l'intérieur d'un sujet déjà longuement exploité. Pour cette raison, Polidoro se concentre dans le présent dessin sur l'évanouissement de la Vierge, épisode manquant dans la mise en scène du Spasimo de Raphaël. Polidoro étudie la figure de la Vierge qui, au premier plan, regarde le spectateur, submergée par la douleur, pendant qu'une des saintes femmes la soutient. Saint Jean, auprès d'elle, est affligé et deux autres femmes sont au deuxième plan, l'une implore le ciel et l'autre se lamente en cachant son visage entre ses mains. Dans le tableau final, c'est saint Jean implorant qui remplace la figure d'une des femmes, les mains croisées en signe de prière. Pour les figures représentées dans ce dessin, comme le souligne De Castris, Polidoro s'est peut-être inspiré d'une gravure du Maître au dé, La conversion du centurion (TIB, 29, no. 185; De Castris, op. cit., p. 354, note 21).
Célébré déjà de son temps, le tableau fut reconnu par Giorgio Vasari comme le chef d'oeuvre de l'artiste. Conscient de son importance, Polidoro a probablement conçu ce dessin avec le but de le présenter à son commanditaire, ce qui expliquerait l'aspect achevé de la feuille, dont le style avec des grandes et imposantes figures est caracteristique de la periode sicilienne de l'artiste. Une autre feuille, qui n'est pas en rapport direct avec la nôtre mais de style et sujet proches, illustre une Lamentation (Audap-Godeau-Solanet, Hôtel Drouot, Paris, 24 janvier 1991, lot 64).
Reconnue par Nicolas Turner comme une oeuvre inédite de la main de Polidoro da Caravaggio (dans un courrier de 1995 à Jacques et Galila Hollander; European Master Drawings unveiled, op. cit. ), la présente feuille a été depuis incluse par De Castris dans son catalogue raisonné (op. cit.).
Selon le souhait de son commanditaire Pietro Ansalone, consul de la confrérie de l'église de l'Annunziata dei Catalani à Messine pour laquelle l'oeuvre fut réalisée, celle-ci devait se placer en comparaison directe avec une autre oeuvre sicilienne exécutée par Raphaël, le Spasimo di Sicilia (T. Henry et P. Joannides, Raphaël: les dernières années, cat. expo., Musée du Louvre, Paris, 2012, no. 4, ill. p. 95). L'oeuvre de Raphaël, auprès duquel Polidoro a travaillé à ses débuts à Rome en 1515, représente également une montée au calvaire. Elle était conservée à l'époque dans l'église de Santa Maria dello Spasimo à Palerme (aujourd'hui au musée du Prado, Madrid) où la famille Ansalone possédait aussi une chapelle. Le commanditaire instituait ainsi un véritable paragone entre le maître et son élève.
Du point de vue de la composition, le grand tableau de l'Annunziata (310 x 247 cm.) s'inspire de celui du maître de Pérouse, mais est transformé en une image qui insiste plus sur la participation émotive du spectateur. Polidoro construit le tableau par groupes de personnages, comme s'il avait voulu y rassembler cinq épisodes distincts du chemin de croix. Cela explique probablement l'existence de trois bozzetti et quatre dessins préparatoires (De Castris, op. cit., pp. 343-51), chacun avec le but d'étudier un groupe distinct de figures et des détails de paysage (Musée du Louvre, Paris, inv. 598 et RF 61) de la composition.
Comme le definit De Castris (op. cit., p. 347) l'artiste développe ici un 'grand théâtre sacré'. Par l'étude de ces personnages isolés, il cherche de nouveaux thèmes à explorer à l'intérieur d'un sujet déjà longuement exploité. Pour cette raison, Polidoro se concentre dans le présent dessin sur l'évanouissement de la Vierge, épisode manquant dans la mise en scène du Spasimo de Raphaël. Polidoro étudie la figure de la Vierge qui, au premier plan, regarde le spectateur, submergée par la douleur, pendant qu'une des saintes femmes la soutient. Saint Jean, auprès d'elle, est affligé et deux autres femmes sont au deuxième plan, l'une implore le ciel et l'autre se lamente en cachant son visage entre ses mains. Dans le tableau final, c'est saint Jean implorant qui remplace la figure d'une des femmes, les mains croisées en signe de prière. Pour les figures représentées dans ce dessin, comme le souligne De Castris, Polidoro s'est peut-être inspiré d'une gravure du Maître au dé, La conversion du centurion (TIB, 29, no. 185; De Castris, op. cit., p. 354, note 21).
Célébré déjà de son temps, le tableau fut reconnu par Giorgio Vasari comme le chef d'oeuvre de l'artiste. Conscient de son importance, Polidoro a probablement conçu ce dessin avec le but de le présenter à son commanditaire, ce qui expliquerait l'aspect achevé de la feuille, dont le style avec des grandes et imposantes figures est caracteristique de la periode sicilienne de l'artiste. Une autre feuille, qui n'est pas en rapport direct avec la nôtre mais de style et sujet proches, illustre une Lamentation (Audap-Godeau-Solanet, Hôtel Drouot, Paris, 24 janvier 1991, lot 64).
Reconnue par Nicolas Turner comme une oeuvre inédite de la main de Polidoro da Caravaggio (dans un courrier de 1995 à Jacques et Galila Hollander; European Master Drawings unveiled, op. cit. ), la présente feuille a été depuis incluse par De Castris dans son catalogue raisonné (op. cit.).