拍品專文
Michel Anguier (v.1613-1686) se forme dans l'atelier de Simon Guillain (1581-1658) dans les années 1629-1633, avant de partir vivre à Rome de 1641 à 1651. Il y rejoint un cercle d'artistes étrangers désireux d'étudier l'antique, tels que Nicolas Poussin et François Duquesnoy, et complète sa formation auprès des grands artistes baroques italiens de l'époque, Gian Lorenzo Bernini (1598-1680) et Alessandro Algardi (1598-1654). Toutes ces influences s'entremêlent et créent alors un style qui lui est propre que l'on retrouve dans l'oeuvre ici présentée: un sens baroque des formes tempéré par son appartenance à l'école française et combiné à une grande connaissance de l'art antique. De retour à Paris, il crée en 1652 les modèles de six statuettes de dieux et déesses, cités pour la première fois dans les Mémoires inédits de Guillet de Saint-Georges : " Monsieur Anguier fut occupé en 1652 aux modèles de six figures, chacune de 18 pouces qui ont été jetés en bronze et qui représentent un Jupiter foudroyant, une Juno jalouse, un Neptune agité, une Amphitrite tranquille, un Pluton mélancholique, un Mars qui jette ses armes et une Cérès éplorée. " (loc. cit.). On remarque que Guillet de Saint-Georges cite six figures mais en énumère sept. Les études récentes semblent cependant admettre que la figure de Mars n'appartient pas à cette série car elle ne figure pas dans la liste des six bronzes de 18 pouces (48,7 cm.) achetés par Colbert de Seignelay pour la somme de 1615 livres à Pierre Le Tessier de Montarsy en 1689 (Bresc-Bautier, loc. cit., p. 431).
Les petites figures indépendantes en bronze sont alors rares en France au milieu du XVIIème siècle et la série conçue par Anguier joue un rôle déterminant dans le développement de cette forme d'art. Ces trois couples de dieux et déesses reflèteraient les différents tempéraments des éléments de l'air (Jupiter et Junon), de l'eau (Neptune et Amphitrite) et de la terre (Pluton et Cérès) et rappellent ainsi les quatre paires de dieux et déesses représentant les éléments du studiolo de Francesco I à Florence (Wardropper, loc. cit., 1975, p. 25). Le Neptune agité est un modèle assez rare. On en connait huit exemplaires en bronze d'une cinquantaine de centimètres qui semblent correspondre aux modèles les plus anciens et celui appartenant à une collection particulière semble être le meilleur (Wardropper, loc. cit., 2008, pp. 208-9, cat. 56). Il en existe également trois versions plus petites en plus de la nôtre ici présentée, mesurant entre 25 et 35 cm de haut, et dont certaines sont connues par des documents dès la fin du XVIIIème siècle (Wardropper, loc. cit., 2008, p. 205). Des différences de motifs et de qualité d'une fonte à l'autre suggèrent que les modèles ont été modifiés par les fondeurs et que beaucoup ont été produits après la mort d'Anguier en 1686. Selon Wardropper (loc. cit. , 2008, p. 205), Anguier aurait attendu les années 1660-70 pour apporter ses modèles de 1652 chez le fondeur pour les faire reproduire à une époque où la demande pour les petits bronzes était plus importante. Si Anguier a principalement été un spécialiste des sculptures monumentales en marbre, il est aussi reconnu pour l'excellence de ses petits modèles, soulignée par Germain Brice lors d'une visite chez le sculpteur : "une Gallerie où il conserve les modèles de toutes les pièces qu'il a faites On y verra quantité de petites figures de terre cuite, très bien dessinées" (loc. cit.). Les terres cuites originales de la série des dieux et déesses sont rares en raison de leur fragilité. La figure en terre cuite du Neptune agité mesurant 46 cm appartenant à l'ancienne collection Georges de Lastic apparait comme étant le modèle original et peut-être celui cité dans l'inventaire royal de salle des antiques du 21 aoùt 1754. Notre figure en bronze de Neptune ici proposée est très similaire à ce modèle. On retrouve la concentration de l'expression, le mouvement qui ébouriffe les cheveux et la nudité dévoilée, contrairement à d'autres exemplaires en bronze de ce Neptune, mais le traitement du drapé est différent, ne s'envolant pas de la même façon derrière le dieu.
La figure de Neptune agité est la plus puissante et la plus baroque des dieux de la série d'Anguier. Elle s'inspire du groupe en marbre représentant Neptune et Triton réalisé par Gian Lorenzo Bernini pour la villa du cardinal Montalto à Rome en 1622 (aujourd'hui conservé au Victoria & Albert Museum, inv, no. A.18-1950). Ces formes baroques sont associées à une grande connaissance de l'Antiquité, l'iconographie déployée étant fidèle à celle décrite par Ripa dans l'Iconologia : le dieu surmonte un cheval marin et tient le trident symbole de son pouvoir. De plus, le moment que choisit de représenter Anguier est tiré du Quos Ego de l'Enéide (Wardropper, loc. cit., 2008, p. 208) dans lequel Neptune calme la tempête qui menace la flotte troyenne. Dès 1654, Anguier transpose ses dieux et déesses dans le marbre à une échelle monumentale pour orner les jardins. On peut notamment citer Colbert de Seignelay qui, très friand de cette série, achète de nouveau à Pierre de Montarsy trois figures en marbre représentant Jupiter, Junon et Minerve pour son château de Sceaux, à l'origine prévues pour le château de Vaux-le-Vicomte de Nicolas Fouquet.
Les petites figures indépendantes en bronze sont alors rares en France au milieu du XVIIème siècle et la série conçue par Anguier joue un rôle déterminant dans le développement de cette forme d'art. Ces trois couples de dieux et déesses reflèteraient les différents tempéraments des éléments de l'air (Jupiter et Junon), de l'eau (Neptune et Amphitrite) et de la terre (Pluton et Cérès) et rappellent ainsi les quatre paires de dieux et déesses représentant les éléments du studiolo de Francesco I à Florence (Wardropper, loc. cit., 1975, p. 25). Le Neptune agité est un modèle assez rare. On en connait huit exemplaires en bronze d'une cinquantaine de centimètres qui semblent correspondre aux modèles les plus anciens et celui appartenant à une collection particulière semble être le meilleur (Wardropper, loc. cit., 2008, pp. 208-9, cat. 56). Il en existe également trois versions plus petites en plus de la nôtre ici présentée, mesurant entre 25 et 35 cm de haut, et dont certaines sont connues par des documents dès la fin du XVIIIème siècle (Wardropper, loc. cit., 2008, p. 205). Des différences de motifs et de qualité d'une fonte à l'autre suggèrent que les modèles ont été modifiés par les fondeurs et que beaucoup ont été produits après la mort d'Anguier en 1686. Selon Wardropper (loc. cit. , 2008, p. 205), Anguier aurait attendu les années 1660-70 pour apporter ses modèles de 1652 chez le fondeur pour les faire reproduire à une époque où la demande pour les petits bronzes était plus importante. Si Anguier a principalement été un spécialiste des sculptures monumentales en marbre, il est aussi reconnu pour l'excellence de ses petits modèles, soulignée par Germain Brice lors d'une visite chez le sculpteur : "une Gallerie où il conserve les modèles de toutes les pièces qu'il a faites On y verra quantité de petites figures de terre cuite, très bien dessinées" (loc. cit.). Les terres cuites originales de la série des dieux et déesses sont rares en raison de leur fragilité. La figure en terre cuite du Neptune agité mesurant 46 cm appartenant à l'ancienne collection Georges de Lastic apparait comme étant le modèle original et peut-être celui cité dans l'inventaire royal de salle des antiques du 21 aoùt 1754. Notre figure en bronze de Neptune ici proposée est très similaire à ce modèle. On retrouve la concentration de l'expression, le mouvement qui ébouriffe les cheveux et la nudité dévoilée, contrairement à d'autres exemplaires en bronze de ce Neptune, mais le traitement du drapé est différent, ne s'envolant pas de la même façon derrière le dieu.
La figure de Neptune agité est la plus puissante et la plus baroque des dieux de la série d'Anguier. Elle s'inspire du groupe en marbre représentant Neptune et Triton réalisé par Gian Lorenzo Bernini pour la villa du cardinal Montalto à Rome en 1622 (aujourd'hui conservé au Victoria & Albert Museum, inv, no. A.18-1950). Ces formes baroques sont associées à une grande connaissance de l'Antiquité, l'iconographie déployée étant fidèle à celle décrite par Ripa dans l'Iconologia : le dieu surmonte un cheval marin et tient le trident symbole de son pouvoir. De plus, le moment que choisit de représenter Anguier est tiré du Quos Ego de l'Enéide (Wardropper, loc. cit., 2008, p. 208) dans lequel Neptune calme la tempête qui menace la flotte troyenne. Dès 1654, Anguier transpose ses dieux et déesses dans le marbre à une échelle monumentale pour orner les jardins. On peut notamment citer Colbert de Seignelay qui, très friand de cette série, achète de nouveau à Pierre de Montarsy trois figures en marbre représentant Jupiter, Junon et Minerve pour son château de Sceaux, à l'origine prévues pour le château de Vaux-le-Vicomte de Nicolas Fouquet.