Lot Essay
C'est grâce au soutien d'Antonio Canova (1767-1822) que Camillo Pacetti (1758-1826) fut nommé en 1805 à la chaire de sculpture de l'Académie de Brera, à Milan, une charge qu'il occupera jusqu'en 1824. "Influencé par l'art Antique et par celui de Canova, il devint rapidement l'un des artistes les plus célèbres de l'Italie napoléonienne. Bon technicien, artiste plein d'imagination, il se montra excellent maître, insistant sur l'étude du dessin, de l'anatomie et des antiques" (Hubert, 1964, loc. cit., pp. 253-4).
Il reçut de nombreuses commandes pour des projets monumentaux pour la ville de Milan qui jouèrent un rôle primordial dans la transmission du message néoclassique de Canova à travers toute la Lombardie. Nous pouvons entre autre citer ses figures sur la façade de la cathédrale de Milan (1802-1812) où Napoléon a d'ailleurs été couronné roi d'Italie en 1805, ses bas-reliefs pour l'Arco Sempione (1812) ou bien la Sainte Marcelline agenouillée de San Ambrogio (1812). Le ton aulique et monumental de ces oeuvres était apprécié de Napoléon lui-même et c'est pour 'le roi' que Pacetti exécuta le groupe en marbre Napoléon inspirant l'Italie, et la faisant renaître à de plus grandes destinées, aujourd'hui conservé au château de Fontainebleau (dépôt du musée du Louvre, Inv. MR2066).
Fidèle aux habitudes de la majeure partie des artistes néoclassiques, Pacetti produit des oeuvres dont les projets en terre cuite sont assez éloignés des versions finales en marbre. Frappé de paralysie en 1822, il s'éteint quatre ans plus tard à Milan en 1826.
Le groupe en terre cuite ici présent représentant Napoléon inspirant l'Italie, et la faisant renaître à de plus grandes destinées est la pièce de présentation de Camillo Pacetti pour le groupe en marbre réalisé à la demande du ministre de l'Intérieur du royaume d'Italie, Arborio Gattinara de Breme, désireux de plaire à l'empereur.
Pacetti comme nous l'avons évoqué précédemment a travaillé aux côtés de Canova et pour notre groupe il s'est fortement inspiré de la sculpture du maître représentant Apollon se couronnant lui-même, commandée par don Abbondio Rezzonico en 1781 (conservée au Getty, 95.SA.71). La pose et les proportions académiques du dieu nu répondent aux canons et aux normes classiques de l'époque. La nudité héroïque adoptée par Pacetti s'inspire également de la sculpture de Canova représentant Napoléon en Mars désarmé et pacificateur, commandée en 1802, dont le grand modèle fut exposé dans le studio de l'artiste en 1803 et l'oeuvre en marbre en 1806. Notre groupe s'inscrit pleinement dans la deuxième période de l'iconographie sculptée de Napoléon, celle de l'Empire, où le souci du naturel s'estompe devant la volonté d'idéalisation.
Pacetti a probablement été aussi très influencé par des modèles antiques au style pur et à la beauté idéale, comme par exemple le groupe en marbre représentant Mars et Vénus d'Isola Sacra 145-50 conservé au musée du Capitole à Rome (Dair 64.1832) tant au niveau du drapé de la tunique, de la taille prise sous la poitrine, de la coiffure, que dans la physionomie des corps. Il a également en tête les caryatides provenant du forum d'Auguste du IIe siècle av. J.-C., sculptures qui avaient déjà à l'époque une fonction politique (Kleiner, loc. cit., p. 100, no. 83).
Le titre Napoléon inspirant l'Italie, et la faisant renaître à de plus grandes destinées est celui que Vivant Denon (1747-1825), directeur général des Musées, emploie dans une lettre du 2 avril 1808 et répond bien à l'esprit de l'époque. Napoléon dominant toute l'Europe va mettre la sculpture au service de sa politique et de sa personne. Son désir d'encourager les arts contribuant ainsi à la gloire de son règne est manifeste dans notre groupe.
La transposition allégorique : l'empereur vêtu d'une cape jetée sur ses épaules, portant une couronne de lauriers nouée à l'arrière pose un papillon (symbole de l'âme, métamorphose) sur le front de l'Italie sous la forme d'une femme couronnée de tours assise sur un rocher duquel se détache un cheval marin, il lui tient la main gauche comme pour la soutenir. L'Italie tient une place capitale dans les projets de Napoléon. Au lendemain de Trafalgar, les projets de résurrection maritime caressés par Napoléon l'amènent à d'ambitieuses mises en chantier de bâtiments à Gênes et Venise en vue d'escadres futures. L'allusion à la politique maritime esquissée par l'empereur-roi était d'actualité et semble avoir été appréciée car le groupe en marbre à l'occasion du bref séjour du souverain à Milan du 21 novembre au 24 décembre 1807, fut exposé au palais royal à la droite du trône du salon des grandes audiences avant d'être envoyé à Paris au printemps 1808 sur ordre de Napoléon pour le décor du Palais de Compiègne.
Considéré comme disparu notre groupe en terre cuite n'a en réalité jamais quitté l'Italie depuis sa réalisation et est demeuré dans la même famille jusqu'à récemment. L'oeuvre permet non seulement une rétrospective de la maîtrise du talent du sculpteur, une vision complète de l'oeuvre (car le groupe en marbre a bien été endommagé) et reflète la quête de l'idéal de pureté de l'art antique.
Il reçut de nombreuses commandes pour des projets monumentaux pour la ville de Milan qui jouèrent un rôle primordial dans la transmission du message néoclassique de Canova à travers toute la Lombardie. Nous pouvons entre autre citer ses figures sur la façade de la cathédrale de Milan (1802-1812) où Napoléon a d'ailleurs été couronné roi d'Italie en 1805, ses bas-reliefs pour l'Arco Sempione (1812) ou bien la Sainte Marcelline agenouillée de San Ambrogio (1812). Le ton aulique et monumental de ces oeuvres était apprécié de Napoléon lui-même et c'est pour 'le roi' que Pacetti exécuta le groupe en marbre Napoléon inspirant l'Italie, et la faisant renaître à de plus grandes destinées, aujourd'hui conservé au château de Fontainebleau (dépôt du musée du Louvre, Inv. MR2066).
Fidèle aux habitudes de la majeure partie des artistes néoclassiques, Pacetti produit des oeuvres dont les projets en terre cuite sont assez éloignés des versions finales en marbre. Frappé de paralysie en 1822, il s'éteint quatre ans plus tard à Milan en 1826.
Le groupe en terre cuite ici présent représentant Napoléon inspirant l'Italie, et la faisant renaître à de plus grandes destinées est la pièce de présentation de Camillo Pacetti pour le groupe en marbre réalisé à la demande du ministre de l'Intérieur du royaume d'Italie, Arborio Gattinara de Breme, désireux de plaire à l'empereur.
Pacetti comme nous l'avons évoqué précédemment a travaillé aux côtés de Canova et pour notre groupe il s'est fortement inspiré de la sculpture du maître représentant Apollon se couronnant lui-même, commandée par don Abbondio Rezzonico en 1781 (conservée au Getty, 95.SA.71). La pose et les proportions académiques du dieu nu répondent aux canons et aux normes classiques de l'époque. La nudité héroïque adoptée par Pacetti s'inspire également de la sculpture de Canova représentant Napoléon en Mars désarmé et pacificateur, commandée en 1802, dont le grand modèle fut exposé dans le studio de l'artiste en 1803 et l'oeuvre en marbre en 1806. Notre groupe s'inscrit pleinement dans la deuxième période de l'iconographie sculptée de Napoléon, celle de l'Empire, où le souci du naturel s'estompe devant la volonté d'idéalisation.
Pacetti a probablement été aussi très influencé par des modèles antiques au style pur et à la beauté idéale, comme par exemple le groupe en marbre représentant Mars et Vénus d'Isola Sacra 145-50 conservé au musée du Capitole à Rome (Dair 64.1832) tant au niveau du drapé de la tunique, de la taille prise sous la poitrine, de la coiffure, que dans la physionomie des corps. Il a également en tête les caryatides provenant du forum d'Auguste du IIe siècle av. J.-C., sculptures qui avaient déjà à l'époque une fonction politique (Kleiner, loc. cit., p. 100, no. 83).
Le titre Napoléon inspirant l'Italie, et la faisant renaître à de plus grandes destinées est celui que Vivant Denon (1747-1825), directeur général des Musées, emploie dans une lettre du 2 avril 1808 et répond bien à l'esprit de l'époque. Napoléon dominant toute l'Europe va mettre la sculpture au service de sa politique et de sa personne. Son désir d'encourager les arts contribuant ainsi à la gloire de son règne est manifeste dans notre groupe.
La transposition allégorique : l'empereur vêtu d'une cape jetée sur ses épaules, portant une couronne de lauriers nouée à l'arrière pose un papillon (symbole de l'âme, métamorphose) sur le front de l'Italie sous la forme d'une femme couronnée de tours assise sur un rocher duquel se détache un cheval marin, il lui tient la main gauche comme pour la soutenir. L'Italie tient une place capitale dans les projets de Napoléon. Au lendemain de Trafalgar, les projets de résurrection maritime caressés par Napoléon l'amènent à d'ambitieuses mises en chantier de bâtiments à Gênes et Venise en vue d'escadres futures. L'allusion à la politique maritime esquissée par l'empereur-roi était d'actualité et semble avoir été appréciée car le groupe en marbre à l'occasion du bref séjour du souverain à Milan du 21 novembre au 24 décembre 1807, fut exposé au palais royal à la droite du trône du salon des grandes audiences avant d'être envoyé à Paris au printemps 1808 sur ordre de Napoléon pour le décor du Palais de Compiègne.
Considéré comme disparu notre groupe en terre cuite n'a en réalité jamais quitté l'Italie depuis sa réalisation et est demeuré dans la même famille jusqu'à récemment. L'oeuvre permet non seulement une rétrospective de la maîtrise du talent du sculpteur, une vision complète de l'oeuvre (car le groupe en marbre a bien été endommagé) et reflète la quête de l'idéal de pureté de l'art antique.