![Stéphane MALLARMÉ. Contes indiens. Manuscrit autographe. Paris [1893]. Petit in-4 (200 x 155 mm). Un feuillet (portrait lithographié ajouté) et 203 feuillets écrits au recto seulement: 4 pages de titre, 196 feuillets de texte et 3 feuillets avec les mentions autographes suivantes: "Texte revu par Stéphane Mallarmé", "Arrangé et récrit par Stéphane Mallarmé". Encre noire sur papier vélin crème satiné à double numérotation dont une en rouge de la main de Mallarmé. Nombreuses corrections, ratures et ajouts ainsi que plusieurs becquets. Maroquin bleu nuit signé Paul Bonet et daté 1945, plats et dos lisse couverts d'un jeu de monogrammes "SM" dorés, semé d'étoiles mosaïquées en maroquin gris dans les espaces libres, doublure et gardes de daim bleu, tête dorée, couverture et dos, chemise et étui.](https://www.christies.com/img/LotImages/2014/PAR/2014_PAR_03624_0246_000(stephane_mallarme_contes_indiens_manuscrit_autographe_paris_1893_petit062918).jpg?w=1)
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Stéphane MALLARMÉ. Contes indiens. Manuscrit autographe. Paris [1893]. Petit in-4 (200 x 155 mm). Un feuillet (portrait lithographié ajouté) et 203 feuillets écrits au recto seulement: 4 pages de titre, 196 feuillets de texte et 3 feuillets avec les mentions autographes suivantes: "Texte revu par Stéphane Mallarmé", "Arrangé et récrit par Stéphane Mallarmé". Encre noire sur papier vélin crème satiné à double numérotation dont une en rouge de la main de Mallarmé. Nombreuses corrections, ratures et ajouts ainsi que plusieurs becquets. Maroquin bleu nuit signé Paul Bonet et daté 1945, plats et dos lisse couverts d'un jeu de monogrammes "SM" dorés, semé d'étoiles mosaïquées en maroquin gris dans les espaces libres, doublure et gardes de daim bleu, tête dorée, couverture et dos, chemise et étui.
Provenances: des bibliothèques Méry Laurent (si l'on se réfère à Henri Mondor qui précise que Mallarmé lui remet un à un les manuscrits) -- Docteur Edmond Fournier (Bibliothèque Fournier, Paris, 1926, n° 1287) -- Georges Heilbrun qui donna le manuscrit à relier à Paul Bonet au lendemain de la Seconde guerre mondiale (ex-libris) -- Jean Davray (Collection J. D., Paris, 1961, n° 198) -- Colonel Sickles (acquis à la vente Jean Davray) -- de la librairie Jacques Lambert, acquis par échange avec le colonel Sickles contre le manuscrit d'Une vie de Maupassant (Collection J. L., Paris, 22 juin 1990, n° 91).
MANUSCRIT AUTOGRAPHE COMPLET DES CONTES INDIENS, QUATRE CONTES ADAPTÉS ET RÉCRITS PAR STÉPHANE MALLARMÉ. PRÉCIEUX ET UNIQUE MANUSCRIT ÉLÉGAMMENT RELIÉ PAR PAUL BONET.
En 1878, était paru chez Leroux à Paris un volume intitulé Contes et légendes de l'Inde ancienne. Son auteur, Mary Summer, s'appelait en réalité Marie Lafon. Née comme Mallarmé en 1842, elle était l'épouse de l'orientaliste Philippe-Édouard Foucaux, professeur de sanskrit au collège de France et de tibétain à l'École des langues orientales. Son recueil de sept contes avait connu un certain succès avant d'être couronné par l'Académie française.
Un soir de décembre 1892, chez Méry Laurent, la conversation vint à rouler sur le livre de Mary Summer. Le docteur Edmond Fournier, un ami de Méry, et Méry elle-même aimaient ces contes mais en déploraient l'insuffisance du style. "Qu'à cela ne tienne, dit Méry, on va les donner à Mallarmé" (cité par Henri Mondor, Vie de Mallarmé.) Pour complaire à son amie, le poète emporta le volume, choisit quatre contes: --1. Le Portrait enchanté. --2. La Fausse Vieille. -- 3. Le Mort vivant. --4. Nala et Damayantî et commença la réécriture. Le docteur Fournier, persuadé que, tournés en une prose plus élégante, ils pourraient donner lieu à quelque édition de luxe illustrée, remit une avance de 500 francs à Mallarmé. Celui-ci y travailla en 1893, à Paris et à Valvins, et termina probablement l'adaptation en cette même année. Mais le manuscrit, resté croit-on entre les mains de Méry Laurent, ne sera publié qu'en 1927 par les soins du docteur Edmond Bonniot.
Dans la préface, le gendre de Mallarmé se demandait à quelles sources avait puisé l'auteur. Un article de Claude Cuénot "L'origine des Contes indiens de Mallarmé", paru onze ans plus tard (Mercure de France, 15 octobre 1938), répondait à la question en même temps qu'il donnait une fine analyse de lettré du travail de démarquage. "Ce serait une erreur de croire," écrit Claude Cuénot, "que Mallarmé s'est contenté de retoucher par-ci, par-là. Il a opéré des modifications de détail de l'ensemble particulièrement révélatrices de son génie [...]. Une première lecture courante nous révèle la tendance à condenser la phrase, -- la tendance à l'inclusion, le désir de bouleverser l'ordre des mots, soit pour calquer l'ordre psychologique réel, soit simplement pour le plaisir de changer, -- l'effort pour juxtaposer et non subordonner (le poète escamote les relatifs quand il le peut), -- la haine du verbe, réduits à des passés simples et à des présents ou des formes nominales, tandis que le verbe être tend à disparaître régulièrement, comme si certaines catégories linguistiques étaient frappées d'interdit, -- l'horreur de la multiplicité et du signe de la multiplicité, le pluriel, -- l'extension de sens des mots-outils très vagues comme la préposition à et bien d'autres tendances encore [...] Tantôt [il] ajoute une métaphore, une comparaison, une description délicatement précieuses et sensuelles, de brèves analyses psychologiques qui ne sont pas dépourvues de malice..."
Mallarmé jugeant ses propres apports écrit à Méry "Je crois que maintenant il y court une musiquette un peu récente, tout en conservant le ton vieillot" (25 août 1893). Dans l'avant-propos de l'édition, le docteur Bonniot s'efforce de démontrer que l'oeuvre ainsi récrite s'adresse à tous: "Le maître consent à tendre la main vers la foule qui, pour la saisir, s'exhausse à peine. Triomphe admirable de l'écrit". C'est peut-être un peu trop dire. La vision sublimée du poète confine parfois à l'abstrait, et les contes cessant alors d'être populaires atteignent et ne peuvent plus ravir que les seuls initiés à son langage. Ce qui aurait pu demeurer une amusette sans lendemain ne tarda pas, en effet, sous sa plume, à devenir une oeuvre d'art élaborée et ornementée. Il écrit à la commanditaire: "J'ai repris fil à fil, comme une broderie, ce conte, le consolidant; et je me suis permis d'y ajouter légèrement quelques traits dans la couleur orientale".
Une autre fois, s'adressant à la même qu'il surnommait volontiers "petit paon": "Bonjour, petit paon que j'ai mis en effet, dans le conte, dès la première ligne, ce qui constitue une vraie signature." Et de fait, on lit au début de La Fausse Vieille: "Dans le royaume de Mathoura pareil à la queue d'un paon, où le sol, au lieu de fleurs, entr'ouvre des yeux d'émeraude et de diamant, vivaient, sous ce regard, deux petites princesses..."
Tout en affirmant sa contribution à la réécriture, Mallarmé tient à prévenir qu'il n'en est pas l'auteur à part entière. Trois mises au point de sa main le notifient sans détour. À la fin de La Fausse Vieille on lit "texte revu par Stéphane Mallarmé". La formule plus explicite encore à la fin du Mort vivant: "Arrangé et récrit par Stéphane Mallarmé" est répétée à la fin de Nala et Damayantî. Dans une lettre à Méry, il justifie ces avertissements: "je ne puis signer ce qui n'est pas tout à fait de moi et suis un honnête monsieur littérateur..."
Le manuscrit offre la version finale, telle qu'elle a été imprimée, et atteste le travail obstiné de l'auteur pour parvenir à une forme quintessenciée. Près de cinq cents corrections ponctuent le texte d'un bout à l'autre. Quatorze fragments d'une rédaction antérieure (ou ultérieure) sont raccordés aux bons endroits à l'aide de pain à cacheter. Mallarmé a remplacé certains mots ou fragments de phrase en prenant soin chaque fois de canceller soigneusement la version rejetée. Mais à l'aide d'une loupe on peut encore le plus souvent la discerner sous les ratures. Quoique le docteur Bonniot ait suivi le texte du manuscrit avec une certaine rigueur, un collationnement attentif du manuscrit et de l'imprimé montre que des mots ont été omis, substitués ou ajoutés, et qu'il y a eu quelques lectures erronées. Les variantes virtuelles enfouies sous les ratures ne sont pas prises en compte ici. Une partie d'entre elles pourraient néanmoins justifier une édition critique, car ni le professeur Henri Mondor dans la première édition de Mallarmé de la Bibliothèque de la Pléiade, ni Bertrand Marchal dans la nouvelle édition, n'ont eu la possibilité de consulter le présent et unique manuscrit.
Détail sur demande des anomalies -- dans l'ensemble mineures -- observées après rapprochement du manuscrit et de l'imprimé.
En tête du manuscrit a été relié le beau portrait de Mallarmé par James Abbott McNeill Whistler. Cette lithographie originale a paru en tête de Vers et prose (1893). Il s'agit ici d'une épreuve sur papier de Chine qui semble ne pouvoir être qu'une épreuve d'essai ou d'état, car Vers et prose a été tiré sur trois papiers: Japon (10 ex.), Hollande (25 ex.) et vélin ordinaire.
Paul Bonet Carnets n° 729 ("Composition assez élégante de monogrammes 'style symboliste'". La reliure a été exécutée par Clovis Lagadec et la dorure par Roger Arnoult).
Provenances: des bibliothèques Méry Laurent (si l'on se réfère à Henri Mondor qui précise que Mallarmé lui remet un à un les manuscrits) -- Docteur Edmond Fournier (Bibliothèque Fournier, Paris, 1926, n° 1287) -- Georges Heilbrun qui donna le manuscrit à relier à Paul Bonet au lendemain de la Seconde guerre mondiale (ex-libris) -- Jean Davray (Collection J. D., Paris, 1961, n° 198) -- Colonel Sickles (acquis à la vente Jean Davray) -- de la librairie Jacques Lambert, acquis par échange avec le colonel Sickles contre le manuscrit d'Une vie de Maupassant (Collection J. L., Paris, 22 juin 1990, n° 91).
MANUSCRIT AUTOGRAPHE COMPLET DES CONTES INDIENS, QUATRE CONTES ADAPTÉS ET RÉCRITS PAR STÉPHANE MALLARMÉ. PRÉCIEUX ET UNIQUE MANUSCRIT ÉLÉGAMMENT RELIÉ PAR PAUL BONET.
En 1878, était paru chez Leroux à Paris un volume intitulé Contes et légendes de l'Inde ancienne. Son auteur, Mary Summer, s'appelait en réalité Marie Lafon. Née comme Mallarmé en 1842, elle était l'épouse de l'orientaliste Philippe-Édouard Foucaux, professeur de sanskrit au collège de France et de tibétain à l'École des langues orientales. Son recueil de sept contes avait connu un certain succès avant d'être couronné par l'Académie française.
Un soir de décembre 1892, chez Méry Laurent, la conversation vint à rouler sur le livre de Mary Summer. Le docteur Edmond Fournier, un ami de Méry, et Méry elle-même aimaient ces contes mais en déploraient l'insuffisance du style. "Qu'à cela ne tienne, dit Méry, on va les donner à Mallarmé" (cité par Henri Mondor, Vie de Mallarmé.) Pour complaire à son amie, le poète emporta le volume, choisit quatre contes: --1. Le Portrait enchanté. --2. La Fausse Vieille. -- 3. Le Mort vivant. --4. Nala et Damayantî et commença la réécriture. Le docteur Fournier, persuadé que, tournés en une prose plus élégante, ils pourraient donner lieu à quelque édition de luxe illustrée, remit une avance de 500 francs à Mallarmé. Celui-ci y travailla en 1893, à Paris et à Valvins, et termina probablement l'adaptation en cette même année. Mais le manuscrit, resté croit-on entre les mains de Méry Laurent, ne sera publié qu'en 1927 par les soins du docteur Edmond Bonniot.
Dans la préface, le gendre de Mallarmé se demandait à quelles sources avait puisé l'auteur. Un article de Claude Cuénot "L'origine des Contes indiens de Mallarmé", paru onze ans plus tard (Mercure de France, 15 octobre 1938), répondait à la question en même temps qu'il donnait une fine analyse de lettré du travail de démarquage. "Ce serait une erreur de croire," écrit Claude Cuénot, "que Mallarmé s'est contenté de retoucher par-ci, par-là. Il a opéré des modifications de détail de l'ensemble particulièrement révélatrices de son génie [...]. Une première lecture courante nous révèle la tendance à condenser la phrase, -- la tendance à l'inclusion, le désir de bouleverser l'ordre des mots, soit pour calquer l'ordre psychologique réel, soit simplement pour le plaisir de changer, -- l'effort pour juxtaposer et non subordonner (le poète escamote les relatifs quand il le peut), -- la haine du verbe, réduits à des passés simples et à des présents ou des formes nominales, tandis que le verbe être tend à disparaître régulièrement, comme si certaines catégories linguistiques étaient frappées d'interdit, -- l'horreur de la multiplicité et du signe de la multiplicité, le pluriel, -- l'extension de sens des mots-outils très vagues comme la préposition à et bien d'autres tendances encore [...] Tantôt [il] ajoute une métaphore, une comparaison, une description délicatement précieuses et sensuelles, de brèves analyses psychologiques qui ne sont pas dépourvues de malice..."
Mallarmé jugeant ses propres apports écrit à Méry "Je crois que maintenant il y court une musiquette un peu récente, tout en conservant le ton vieillot" (25 août 1893). Dans l'avant-propos de l'édition, le docteur Bonniot s'efforce de démontrer que l'oeuvre ainsi récrite s'adresse à tous: "Le maître consent à tendre la main vers la foule qui, pour la saisir, s'exhausse à peine. Triomphe admirable de l'écrit". C'est peut-être un peu trop dire. La vision sublimée du poète confine parfois à l'abstrait, et les contes cessant alors d'être populaires atteignent et ne peuvent plus ravir que les seuls initiés à son langage. Ce qui aurait pu demeurer une amusette sans lendemain ne tarda pas, en effet, sous sa plume, à devenir une oeuvre d'art élaborée et ornementée. Il écrit à la commanditaire: "J'ai repris fil à fil, comme une broderie, ce conte, le consolidant; et je me suis permis d'y ajouter légèrement quelques traits dans la couleur orientale".
Une autre fois, s'adressant à la même qu'il surnommait volontiers "petit paon": "Bonjour, petit paon que j'ai mis en effet, dans le conte, dès la première ligne, ce qui constitue une vraie signature." Et de fait, on lit au début de La Fausse Vieille: "Dans le royaume de Mathoura pareil à la queue d'un paon, où le sol, au lieu de fleurs, entr'ouvre des yeux d'émeraude et de diamant, vivaient, sous ce regard, deux petites princesses..."
Tout en affirmant sa contribution à la réécriture, Mallarmé tient à prévenir qu'il n'en est pas l'auteur à part entière. Trois mises au point de sa main le notifient sans détour. À la fin de La Fausse Vieille on lit "texte revu par Stéphane Mallarmé". La formule plus explicite encore à la fin du Mort vivant: "Arrangé et récrit par Stéphane Mallarmé" est répétée à la fin de Nala et Damayantî. Dans une lettre à Méry, il justifie ces avertissements: "je ne puis signer ce qui n'est pas tout à fait de moi et suis un honnête monsieur littérateur..."
Le manuscrit offre la version finale, telle qu'elle a été imprimée, et atteste le travail obstiné de l'auteur pour parvenir à une forme quintessenciée. Près de cinq cents corrections ponctuent le texte d'un bout à l'autre. Quatorze fragments d'une rédaction antérieure (ou ultérieure) sont raccordés aux bons endroits à l'aide de pain à cacheter. Mallarmé a remplacé certains mots ou fragments de phrase en prenant soin chaque fois de canceller soigneusement la version rejetée. Mais à l'aide d'une loupe on peut encore le plus souvent la discerner sous les ratures. Quoique le docteur Bonniot ait suivi le texte du manuscrit avec une certaine rigueur, un collationnement attentif du manuscrit et de l'imprimé montre que des mots ont été omis, substitués ou ajoutés, et qu'il y a eu quelques lectures erronées. Les variantes virtuelles enfouies sous les ratures ne sont pas prises en compte ici. Une partie d'entre elles pourraient néanmoins justifier une édition critique, car ni le professeur Henri Mondor dans la première édition de Mallarmé de la Bibliothèque de la Pléiade, ni Bertrand Marchal dans la nouvelle édition, n'ont eu la possibilité de consulter le présent et unique manuscrit.
Détail sur demande des anomalies -- dans l'ensemble mineures -- observées après rapprochement du manuscrit et de l'imprimé.
En tête du manuscrit a été relié le beau portrait de Mallarmé par James Abbott McNeill Whistler. Cette lithographie originale a paru en tête de Vers et prose (1893). Il s'agit ici d'une épreuve sur papier de Chine qui semble ne pouvoir être qu'une épreuve d'essai ou d'état, car Vers et prose a été tiré sur trois papiers: Japon (10 ex.), Hollande (25 ex.) et vélin ordinaire.
Paul Bonet Carnets n° 729 ("Composition assez élégante de monogrammes 'style symboliste'". La reliure a été exécutée par Clovis Lagadec et la dorure par Roger Arnoult).
注意事項
ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 5.5%
inclusive of VAT of the hammer price will be charged to the buyer.
It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot
outside the European Union within the legal time limit.
(Please refer to section VAT refunds)
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Complete autograph manuscript of Contes Indiens, adapted and rewritten by Mallarmé. Unique manuscript elegantly bound by Paul Bonet.