拍品專文
Les objets montés du milieu du XVIIIème siècle illustrent particulièrement bien ce "moment de perfection de l'art français" qu'est le style Louis XV, pour reprendre le titre de la célèbre exposition qui s'est tenue à l'Hôtel de la Monnaie à Paris en 1974.
Ils sont le fruit de cette rencontre entre l'Orient et l'Occident qui voit les céramiques en provenance de Chine ou du Japon -alors à des mois de traversée maritime de l'Europe- sublimées par les artisans parisiens. Avec ses montures à l'équilibre et à la ciselure parfaits, ce remarquable vase monté illustre plus que nul autre le talent des marchands-merciers -à l'exemple de Lazare Duvaux- et le génie des bronziers -à l'exemple de Jean-Claude Duplessis (1695-1774).
On pourrait reconnaître le présent lot dans le vase composant le centre d'une garniture de la collection de Nicolas Beaujon (1718-1786). En effet, dans sa vente le 25 avril 1787, on trouve dans la section de la vente consacrée au Porcelaines Bleu turc, sous le numéro 310 : Une belle garniture composée de trois pieces, dont une Urne en Lisbet, garnie de bouton, gorge, anses & pied à rinceaux d'ornement, & deux Vases de meme forme, montés en buyre, à anses en consoles, bec à mascarons, pieds à tore & socle à avant-corps en bronze doré. Hauteur des Buyres 20 pouces, celle de l'Urne 26 pouces. Si la forme en lisbet ne semble pas correspondre à celle du présent vase, notons les grandes similitudes en ce qui concerne le type de porcelaine, les montures et les dimensions.
En outre, par ses dimensions hors normes et la saillie prononcée de ses anses rocaille, le présent vase peut être rapproché de celui acheté en 1755 par la marquise de Pompadour chez Lazare-Duvaux et livré la même année à Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville. Ce vase a été vendu, Sotheby's, Paris, 23 juin 2004, lot 58. Il était resté jusqu'alors dans la descendance du Contrôleur général des Finances de Louis XV.
Les bronzes de ce dernier vase, tout comme ceux du présent lot, peuvent être attribués à Jean-Claude Duplessis. Le Livre Journal de Lazare Duvaux nous apprend que le marchand mercier collaborait avec plusieurs bronziers et mentionne à plusieurs reprises le nom de Duplessis. Ce dernier est un des très rares artisans à être nommé dans le Livre Journal, aux côtés de BVRB et d'Oeben. Francis Watson rapprochera la relation entre Duplessis et Duvaux à celle, quelques décennies plus tard, qui unira Gouthière et Daguerre (Francis J. B. Watson, The Wrightsman Collection, New York, 1966, Vol. I, p. LX-LXI). L'Etude sur le Goût et sur le Commerce des Objets d'Art au milieu du XVIIIe siècle qui précède le Livre Journal de Lazare Duvaux dans l'édition de 1873 nous indique que "le marquis [de Voyer d'Argenson] achetait surtout chez Duvaux de la porcelaine Céladon garnie de pieds & de montures de bronze doré. Plus souvent, possesseur de pièces de choix, il chargeait Duvaux de les monter. Celui-ci le mit en rapport avec le célèbre modeleur Duplessis" (p. XXXIII).
Le nom de Duplessis se retrouve également dans un certain nombre de guides publiés à l'époque. Son rôle est suffisamment majeur pour qu'on donne son nom à un modèle de vase produit à Sèvres.
Le nom de Duplessis doit surtout être associé à son chef d'oeuvre absolu, le brasero de Topkapi, création d'autant plus importante qu'elle porte sa signature, "Duplessis . in . et . Ex". Ce brasero -et son pendant, aujourd'hui disparu- furent offerts par Louis XV à l'ambassadeur du Sultan (cf. Hans Ottomeyer et Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen. Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Klinkhardt & Biermann, Munich, 1986, Vol. I pp. 120-121).
D'origine italienne (il est né à Turin vers 1695), Jean Claude Chamberlano dit Duplessis est orfèvre de formation. Il sera à la fois orfèvre et fondeur du Roi (cf. Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Picard Editeur, Paris, 1987, pp. 194 et 415). En outre, il donne des modèles. Sa collaboration avec Lazare Duvaux le relie aux plus grands clients parmi lesquels Voyer d'Argenson, Mme de Pompadour ou encore Gersaint.
Ils sont le fruit de cette rencontre entre l'Orient et l'Occident qui voit les céramiques en provenance de Chine ou du Japon -alors à des mois de traversée maritime de l'Europe- sublimées par les artisans parisiens. Avec ses montures à l'équilibre et à la ciselure parfaits, ce remarquable vase monté illustre plus que nul autre le talent des marchands-merciers -à l'exemple de Lazare Duvaux- et le génie des bronziers -à l'exemple de Jean-Claude Duplessis (1695-1774).
On pourrait reconnaître le présent lot dans le vase composant le centre d'une garniture de la collection de Nicolas Beaujon (1718-1786). En effet, dans sa vente le 25 avril 1787, on trouve dans la section de la vente consacrée au Porcelaines Bleu turc, sous le numéro 310 : Une belle garniture composée de trois pieces, dont une Urne en Lisbet, garnie de bouton, gorge, anses & pied à rinceaux d'ornement, & deux Vases de meme forme, montés en buyre, à anses en consoles, bec à mascarons, pieds à tore & socle à avant-corps en bronze doré. Hauteur des Buyres 20 pouces, celle de l'Urne 26 pouces. Si la forme en lisbet ne semble pas correspondre à celle du présent vase, notons les grandes similitudes en ce qui concerne le type de porcelaine, les montures et les dimensions.
En outre, par ses dimensions hors normes et la saillie prononcée de ses anses rocaille, le présent vase peut être rapproché de celui acheté en 1755 par la marquise de Pompadour chez Lazare-Duvaux et livré la même année à Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville. Ce vase a été vendu, Sotheby's, Paris, 23 juin 2004, lot 58. Il était resté jusqu'alors dans la descendance du Contrôleur général des Finances de Louis XV.
Les bronzes de ce dernier vase, tout comme ceux du présent lot, peuvent être attribués à Jean-Claude Duplessis. Le Livre Journal de Lazare Duvaux nous apprend que le marchand mercier collaborait avec plusieurs bronziers et mentionne à plusieurs reprises le nom de Duplessis. Ce dernier est un des très rares artisans à être nommé dans le Livre Journal, aux côtés de BVRB et d'Oeben. Francis Watson rapprochera la relation entre Duplessis et Duvaux à celle, quelques décennies plus tard, qui unira Gouthière et Daguerre (Francis J. B. Watson, The Wrightsman Collection, New York, 1966, Vol. I, p. LX-LXI). L'Etude sur le Goût et sur le Commerce des Objets d'Art au milieu du XVIIIe siècle qui précède le Livre Journal de Lazare Duvaux dans l'édition de 1873 nous indique que "le marquis [de Voyer d'Argenson] achetait surtout chez Duvaux de la porcelaine Céladon garnie de pieds & de montures de bronze doré. Plus souvent, possesseur de pièces de choix, il chargeait Duvaux de les monter. Celui-ci le mit en rapport avec le célèbre modeleur Duplessis" (p. XXXIII).
Le nom de Duplessis se retrouve également dans un certain nombre de guides publiés à l'époque. Son rôle est suffisamment majeur pour qu'on donne son nom à un modèle de vase produit à Sèvres.
Le nom de Duplessis doit surtout être associé à son chef d'oeuvre absolu, le brasero de Topkapi, création d'autant plus importante qu'elle porte sa signature, "Duplessis . in . et . Ex". Ce brasero -et son pendant, aujourd'hui disparu- furent offerts par Louis XV à l'ambassadeur du Sultan (cf. Hans Ottomeyer et Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen. Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Klinkhardt & Biermann, Munich, 1986, Vol. I pp. 120-121).
D'origine italienne (il est né à Turin vers 1695), Jean Claude Chamberlano dit Duplessis est orfèvre de formation. Il sera à la fois orfèvre et fondeur du Roi (cf. Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Picard Editeur, Paris, 1987, pp. 194 et 415). En outre, il donne des modèles. Sa collaboration avec Lazare Duvaux le relie aux plus grands clients parmi lesquels Voyer d'Argenson, Mme de Pompadour ou encore Gersaint.