Lot Essay
Chef-d'oeuvre de l'ébénisterie parisienne, cette remarquable table est le fruit d'une collaboration de deux grands noms des arts décoratifs du milieu du XVIIIe siècle: l'ébéniste Bernard II Van Risenburgh (après 1696-1766) et le marchand mercier Thomas Joachim Hébert (1687-1773).
Cette élégante table à lire et à écrire, bien que non estampillée, a en effet très certainement été exécutée par B.V.R.B. probablement sur demande d'Hébert. Cette attribution est indiscutable grâce à une table du même modèle plaquée d'amarante et estampillée de B.V.R.B. Les deux tables similaires en forme et en mouvement présentent également les mêmes bronzes d'agrafes feuillagées en chutes et en ceinture, dont l'auteur reste à ce jour un mystère.
La table en placage d'amarante est très documentée grâce au travail de Christian Baulez. Livrée par le marchand mercier le 6 avril 1746 pour la Dauphine Marie-Thérèse-Raphaëlle d'Espagne à Versailles, elle est conservée depuis 2004 par le musée des châteaux de Versailles et de Trianon (inv. V06057). Référencée sous le numéro 1386 dans le journal du Garde-Meuble de la Couronne, la table est décrite comme: "Une table de bois satiné à fleurs, encadrée de bois d'amaranthe à placage, bombée et chantournée dans toutes ses parties, garnie de carderon, moulures, fleurons et chaussons de bronze doré d'or moulu, ayant par devant une table à coulisse pour écrire et deux tiroirs à boutons de bronze doré, doublés de tabis bleu ; celui à droite est garni d'encrier, poudre et boîte à éponge de cuivre blanchi ; le milieu de dessus fermant à ressort se lève en pupitre. Longueur 32 pouces sur 15 pouces de large et 25 de haut."
Le couple delphinal loge alors au premier étage à l'aile du Midi et ce jusqu'au décès de la Dauphine morte en couches le 22 juillet 1746. Destinée au cabinet de retraite de la Dauphine, la table connaît ensuite un parcours flou au sein du Garde-Meuble royal. Elle réapparaît dans un inventaire de 1770, puis est citée une dernière fois en 1776 dans l'appartement de fonction de Pierre-Charles Bonnefoy Du Plan, anciennement garde-meuble de la Dauphine puis concierge garde-meuble et fidèle serviteur de Marie-Antoinette ainsi qu'intendant du Petit Trianon. Christian Baulez avance alors l'hypothèse d'un abandon de la table par la Reine expliquant ainsi le camouflage de l'une des marques d'inventaire après la prise de direction du Garde-Meuble de la Couronne en 1784 par Marc-Antoine Thierry de Ville-d'Avray (1732-1792) succédant à Pierre-Elisabeth de Fontanieu (1730-1684).
Les carrières de B.V.R.B. et d'Hébert sont étroitement liées dès le retour en France de Van Risenburg ; ce dernier travaillant ensuite pour Lazare-Duvaux et Poirier. S'associer à Hébert permet à B.V.R.B. d'être le seul ébéniste parisien à exécuter des meubles présentant des laques du Japon dans les années 1737-1745 - D.F (probablement Desforges) en proposant ensuite dans les années 1745-1750, suivi par Joseph vers 1750-1760. Leur collaboration est inaugurée par une commode apparaîssant comme le premier jalon dans l'histoire du meuble en laque du Japon, livrée le 26 septembre 1737 à Fontainebleau pour le cabinet de retraite de la Reine Marie Leczinska (musée du Louvre, inv. OA11193, illustrée notamment dans D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, A. Lefébure, Le Mobilier du Musée du Louvre Vol. I, Editions Faton, Dijon, 1993, pp. 140-143).
Le laque du Japon est en effet un matériau particulièrement rare et recherché dès le XVIIe siècle - ce qui lance notamment les recherches des frères Martin, à l'instar de la présente table employant sur son plateau un élément de coffre japonais datant des années 1670 raccordé par du vernis français.
Ce type de meuble associant laque oriental et vernis Martin a très probablement été inventé par Hébert. Fournisseur de meubles et objets de grand luxe, Hébert possède à cet effet en 1724 un stock colossal de laques comprenant deux paravents, neuf cabinets et six cent vingt-six petites pièces du type boîtes et cabarets. Il est alors le seul marchand mercier à disposer d'autant de pièces en laque oriental, destinées à être dépecées par la suite pour orner les meubles et objets commandés par sa riche clientèle.
Notons que la présente table et celle du château de Versailles ne sont pas sans évoquer la table à pupitre, de modèle et d'exécution beaucoup moins ambitieux, du legs Bouvier au musée Carnavalet (illustrée dans Guillaume Janneau, Le Mobilier Français. Le Meuble d'Ebénisterie, Librairie Duponchelle, Paris, n. d., p. 77).
Cette élégante table à lire et à écrire, bien que non estampillée, a en effet très certainement été exécutée par B.V.R.B. probablement sur demande d'Hébert. Cette attribution est indiscutable grâce à une table du même modèle plaquée d'amarante et estampillée de B.V.R.B. Les deux tables similaires en forme et en mouvement présentent également les mêmes bronzes d'agrafes feuillagées en chutes et en ceinture, dont l'auteur reste à ce jour un mystère.
La table en placage d'amarante est très documentée grâce au travail de Christian Baulez. Livrée par le marchand mercier le 6 avril 1746 pour la Dauphine Marie-Thérèse-Raphaëlle d'Espagne à Versailles, elle est conservée depuis 2004 par le musée des châteaux de Versailles et de Trianon (inv. V06057). Référencée sous le numéro 1386 dans le journal du Garde-Meuble de la Couronne, la table est décrite comme: "Une table de bois satiné à fleurs, encadrée de bois d'amaranthe à placage, bombée et chantournée dans toutes ses parties, garnie de carderon, moulures, fleurons et chaussons de bronze doré d'or moulu, ayant par devant une table à coulisse pour écrire et deux tiroirs à boutons de bronze doré, doublés de tabis bleu ; celui à droite est garni d'encrier, poudre et boîte à éponge de cuivre blanchi ; le milieu de dessus fermant à ressort se lève en pupitre. Longueur 32 pouces sur 15 pouces de large et 25 de haut."
Le couple delphinal loge alors au premier étage à l'aile du Midi et ce jusqu'au décès de la Dauphine morte en couches le 22 juillet 1746. Destinée au cabinet de retraite de la Dauphine, la table connaît ensuite un parcours flou au sein du Garde-Meuble royal. Elle réapparaît dans un inventaire de 1770, puis est citée une dernière fois en 1776 dans l'appartement de fonction de Pierre-Charles Bonnefoy Du Plan, anciennement garde-meuble de la Dauphine puis concierge garde-meuble et fidèle serviteur de Marie-Antoinette ainsi qu'intendant du Petit Trianon. Christian Baulez avance alors l'hypothèse d'un abandon de la table par la Reine expliquant ainsi le camouflage de l'une des marques d'inventaire après la prise de direction du Garde-Meuble de la Couronne en 1784 par Marc-Antoine Thierry de Ville-d'Avray (1732-1792) succédant à Pierre-Elisabeth de Fontanieu (1730-1684).
Les carrières de B.V.R.B. et d'Hébert sont étroitement liées dès le retour en France de Van Risenburg ; ce dernier travaillant ensuite pour Lazare-Duvaux et Poirier. S'associer à Hébert permet à B.V.R.B. d'être le seul ébéniste parisien à exécuter des meubles présentant des laques du Japon dans les années 1737-1745 - D.F (probablement Desforges) en proposant ensuite dans les années 1745-1750, suivi par Joseph vers 1750-1760. Leur collaboration est inaugurée par une commode apparaîssant comme le premier jalon dans l'histoire du meuble en laque du Japon, livrée le 26 septembre 1737 à Fontainebleau pour le cabinet de retraite de la Reine Marie Leczinska (musée du Louvre, inv. OA11193, illustrée notamment dans D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, A. Lefébure, Le Mobilier du Musée du Louvre Vol. I, Editions Faton, Dijon, 1993, pp. 140-143).
Le laque du Japon est en effet un matériau particulièrement rare et recherché dès le XVIIe siècle - ce qui lance notamment les recherches des frères Martin, à l'instar de la présente table employant sur son plateau un élément de coffre japonais datant des années 1670 raccordé par du vernis français.
Ce type de meuble associant laque oriental et vernis Martin a très probablement été inventé par Hébert. Fournisseur de meubles et objets de grand luxe, Hébert possède à cet effet en 1724 un stock colossal de laques comprenant deux paravents, neuf cabinets et six cent vingt-six petites pièces du type boîtes et cabarets. Il est alors le seul marchand mercier à disposer d'autant de pièces en laque oriental, destinées à être dépecées par la suite pour orner les meubles et objets commandés par sa riche clientèle.
Notons que la présente table et celle du château de Versailles ne sont pas sans évoquer la table à pupitre, de modèle et d'exécution beaucoup moins ambitieux, du legs Bouvier au musée Carnavalet (illustrée dans Guillaume Janneau, Le Mobilier Français. Le Meuble d'Ebénisterie, Librairie Duponchelle, Paris, n. d., p. 77).