BUREAU A CYLINDRE D'EPOQUE NEOCLASSIQUE
Prospective purchasers are advised that several co… Read more Un bureau impérial russe par Georg Haupt
BUREAU A CYLINDRE D'EPOQUE NEOCLASSIQUE

SIGNATURE DE GEORG HAUPT, SUEDE, DATE 1773

Details
BUREAU A CYLINDRE D'EPOQUE NEOCLASSIQUE
SIGNATURE DE GEORG HAUPT, SUEDE, DATE 1773
En placage de bois de rose, filets d'amarante et marqueterie de bois teintés et incrustation d'ivoire, ornementation de bronze ciselé et doré et de métal repoussé laqué brun, la partie supérieure tripartite en gradin ceint d'une galerie à motif de postes, à décor de trophées ouvrant par un vantail flanqué de volets à lamelles révélant cinq tiroirs et trois casiers, le cylindre centré d'un bouquet de fleurs dans un médaillon retenu par une guirlande de laurier nouée découvrant au moyen d'un bouton poussoir losangique dissimulé dans la marqueterie un plateau coulissant gaîné de cuir vert et douze tiroirs dont trois simulés, la partie inférieure ouvrant par cinq tiroirs, les pieds légèrement cambrés, signé et daté à l'encre G:Haupt 1773 au dos du deuxième tiroir intérieur sur la colonne de droite
Hauteur: 155 cm. (61 in.) ; Largeur: 121,5 cm. (47 2/3 in.) ; Profondeur: 60 cm. (23½ in.)
Provenance
Collection Paul Ier de Russie ;
Collection Prince Kurakin ;
Galerie La Vieille Russie, New York;
Collection Paul-Louis Weiller.
Special notice
Prospective purchasers are advised that several countries prohibit the importation of property containing materials from endangered species, including but not limited to coral, ivory and tortoiseshell. Accordingly, prospective purchasers should familiarize themselves with relevant customs regulations prior to bidding if they intend to import this lot into another country.
Further details
A NEOCLASSICAL ORMOLU-MOUNTED TULIPWOOD, MARQUETRY AND IVORY-INLAID ROLL-TOP DESK SIGNED BY GEORG HAUPT AND DATED 1773
Sale room notice
La signature d'Haupt est peut-être apocryphe.
La provenance doit ëtre lue ainsi:
Par réputation, Paul 1er de Russie.
Par réputauion, Prince Kurakin.
Galerie La Vieille Russie, New York.
Collection Paul-Louis Weiller.
L'estimation est maintenant de 50.000-80.000 Euros.

The Haupt signature may be spurious.
The provenance should read:
By repute, Paul 1st.
By repute, Prince Kurakin.
Galerie La Vieille Russie, New York.
Paul-Louis Weiller Collection.
The estimate is now Euros 50,000-80,000.

Lot Essay

Georg Haupt (1741-1784) est le plus célèbre ébéniste suédois. La qualité de son travail et sa notoriété sont comparables à celles de Riesener en France, de Roentgen en Allemagne ou encore de Chippendale en Angleterre. Après avoir terminé son apprentissage, Haupt quitte la Suède et son système de guilde strict. Avec Christopher Fürloh, Christian Linning et le peintre Elias Martin, il voyage en Europe notamment à Amsterdam, Paris et Londres. Dans la capitale française, il rencontre probablement son compatriote suédois, Alexandre Roslin, peintre spécialisé dans les portaits de l'aristocratie française et connu pour aider ses compatriotes à leur arrivée à Paris. Il est aussi probablement aidé par Carl Petter Dahlstrom, qui travaille avec Jean-François Oeben jusqu'en 1755.
Georg Haupt rejoint l'atelier de Simon Oeben, frère du célèbre ébéniste du roi. Dans cet atelier, Haupt exécute un bureau plat pour Etienne-François de Stainville, duc de Choiseul, pour le château de Chanteloup. La silhouette bien équilibrée et l'apparence claire et harmonieuse de cette pièce, montrent comment Haupt maîtrise ce nouveau style néoclassique qui envahit l'Europe dans le dernier quart du XVIIIe siècle. Haupt est également connu pour ses marqueteries, technique qu'il a découverte lors de son séjour en Angleterre. En 1768 et 1769, Haupt travaille avec John Linnell sur sa plus prestigieuse commande, la bibliothèque de Osterley Park pour Robert Child. Le répertoire de marqueterie caractéristique de Haupt semble être influencé par cette période anglaise (Torsten Sylén, Mästarnas Möbler, Norstedts, Stockolm, 1997, p.173) mais également par des ébénistes français.
Un bureau de Jean François Leleu (vente Christie's Londres, 10 juillet 2014, lot 38) exécuté vers 1767- 1770 semble avoir influencé la composition du bouquet de marqueterie forale dans un médaillon central de notre bureau (Lars Lujungström, Georg Haupt, Gustav III:s hovschatullmakare, Stockholm, 2006, p. 49). Dans une lettre datée du 26 mai 1963, à l'en-tête de "A la Vieille Russie" de New York, il est écrit que ce bureau appartint au Tsar Paul Ier de Russie qui le donna au prince Kurakin. Par une lettre datée du 17 septembre 1963, Jacques Helft précise que ce meuble "a été vendu parmi beaucoup d'autres objets, vers 1924-1925, par la Représentation Commerciale des Soviets à Berlin". Il précise que lui-même eut l'occasion à plusieurs reprises de parler de ce bureau avec la Grande Duchesse Marie qui faisait partie de ces nobles russes qui, revendiquant ces biens, s'étaient opposés à leur vente. Ce bureau proviendrait donc des collections russes dispersées dès la naissance de l'URSS. Cette provenance présumée nous plonge dans l'URSS du milieu des années 1920. En quelques années, le pays a consommé - ou consumé - son stock d'or et de devises. Or les besoins sont énormes, notamment pour financer l'importation de machines-outils destinées à l'industrialisation forcée. Il décide donc de céder des oeuvres d'art et, en 1928, crée le Bureau principal pour l'achat et la vente d'antiquités, l'Antikvariat. L'objectif, exposé brutalement, est simple: "obtenir une colonne de tracteurs en échange de chaque Rembrandt". Partisans de la sauvegarde des collections nationales et défenseurs des exportations s'affrontent. Mais le pays a fait son choix ; une Commission gouvernementale souligne, en juin 1929 : "Il y a des gens, communistes et marxistes, qui sont contaminés par cette idée que nous avons besoin des Rembrandt et des Raphaël et qu'on ne peut pas les vendre. Quant à moi, j'attache plus de prix à la Gosbank et aux valeurs or, et Rembrandt, que le diable l'emporte !". Les cessions ne vont pas concerner que Rembrandt et Raphaël, en effet les arts décoratifs vont constituer une partie très significative des oeuvres vendues.
Comme le souligne Elena A. Osokina ("De l'or pour l'industrialisation", Cahiers du monde russe, no. 41/1, Janvier - mars 2000, pp. 5-40), "L'histoire a parfois des plaisanteries cruelles : les membres de l'aristocratie et de la famille régnante ne pouvaient imaginer, quand ils embellissaient leurs palais, qu'ils constituaient ainsi un fonds de devises pour l'industrialisation soviétique". La France joue un rôle majeur dans ces transactions. Dès l'automne 1927, une délégation soviétique rend visite à Germain Seligmann, un des antiquaires parisiens les plus réputés. Ironie de l'histoire, il est certainement retenu par les soviétiques car tant son père Jacques Seligmann que lui-même avaient effectué un certain nombre de transactions avec la Russie des tsars. Il doit affronter des difficultés : on lui propose longtemps des oeuvres d'importance mineure alors qu'il souhaite accéder à des pièces maîtresses. Deux collectionneurs, l'un européen, l'autre américain, sont des acquéreurs majeurs pour les pièces cédées par les russes. De nationalité arménienne, sujet turc de naissance, devenu ensuite citoyen britannique mais possédant un passeport diplomatique iranien, Calouste Gulbenkian est indubitablement le plus grand acheteur des chefs-d'oeuvre provenant de Moscou. Le "Crésus arménien du pétrole", comme il est surnommé, dispose de moyens illimités. En outre, les soviétiques souhaitent qu'il soit pour eux un partenaire pour leurs exportations de pétrole. Il a pour rival Andrew Mellon dont les achats soviétiques enrichiront la National Gallery of Art de Washington.
Indépendamment des ventes de gré à gré, un certain nombre de ventes aux enchères furent organisées, en Allemagne et en Autriche. Le bilan des cessions soviétiques est, quant à lui, effroyable: alors que les rentrées de devises restent somme toute assez insignifantes, le préjudice porté aux collections russes, et en particulier à l'Ermitage, est considérable. Le collectionneur, Paul-Louis Weiller semble avoir vécu plusieurs vies en une... Surnommé "commandant" pour ses remarquables faits d'armes dans l'aviation française durant la première guerre mondiale, il réussit notamment à imposer l'utilisation de la photographie aérienne lors des vols de reconnaissance. Patron d'industrie dès l'âge de vingt-neuf ans, Paul-Louis Weiller développe de 1922 à 1940 la plus importante entreprise de construction de moteurs d'avion d'Europe, Gnome et Rhône. Grand mécène des arts, il soutient la rénovation du château de Versailles, crée une compagnie de ballets, encourage de très nombreux artistes... Son action en faveur de la culture est d'ailleurs couronnée en 1965 par son entrée à l'Académie des Beaux-Arts. Passionné et infatigable, il collectionne maisons et oeuvres d'art. Surnommé avec humour "Paul Louis XIV", il rassemble des trésors dans des domaines aussi variés que le mobilier, l'orfèvrerie, la bibliophilie... Il aimait à dire "Je ne connais aucune restriction quand il s'agit de m'entourer de tout ce qui console".

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