Lot Essay
A la vue de ce crochet, il est facile de comprendre pourquoi les artistes surréalistes furent attirés par les oeuvres océaniennes. André Breton a prononcé cette célèbre phrase: "l'art océanien, c'est l'oiseau, le ciel, le rêve". Cette figure janus emprunte les mêmes traits magiques qu'André Breton sut apprécier dans les meilleurs oeuvres des mers du sud. Sculptée à la manière d'un miroir reflétant chacun de ses côtés, des oiseaux figurent les membres, des hommes au caractère aviaire ou crocodilien sont représentés, des requins et d'autres formes souterraines ou de l'au-delà apparaissent, toute une imagerie qu'il est parfois difficile d'interpréter.
Il s'agit d'une sculpture exceptionnellement ancienne, comme l'atteste le fourmillement des lignes lisses organiques, des arêtes doucement usées, façonnées à l'aide d'un outillage fait de coquillages, de peaux de requin et de dents d'opossum. Dans une région connue pour son univers coloré - sa production artistique, mais également ses oiseaux et ses fleurs - il existe peu de sculptures témoignant avec plus de vivacité de cette culture de couleur.
Très certainnement sculpté il y a plus de deux cent ans, l'application répétée de pigment sur l'objet est liée à son importance au sein du village. On y retrouve le traditionnel jaune, blanc et noir. Le blanc est fait à partir de coquilles d'huitres ou de palourdes brûlées, le noir résulte de la carbonisation du bois ou d'un mélange de suie, les jaunes et les rouges sont issus d'ocres minéraux, la chaleur pouvant intensifier les couleurs (in Berthold Laufer, d., Carved and Painted Designs from New Guinea, 1931, Anthropology Design Series, Field Museum of Natural History, Chicago, n.5, réimprimé aux éditions Dover, 1973, p.60). Il y a également un bleu vif et un rouge/orange fluo. Ils furent certainement appliqués dans les années 1880. A cette époque, un détergent bleu utilisé pour éclaircir le blanc fut introduit par les européens, parfois appelé Berliner Waschblau ou bleu de lessive, il fut rapidement utilisé comme un pigment par les artistes des mers du sud (Barnecutt in New Ireland, 2006, p.30). Un autre pigment, le rouge de minium, fut également importé et rapidement incorporé d'après A. C. Haddon (The Decorative Art of British New Guinea, 1894, p.93). Le rouge est une substance ancienne, apprécié pour sa brillance et son intensité, qui fut utilisé depuis l'époque romaine et particulièrement dans les manuscrits médivaux.
Avec une provenance historique, ce crochet fit partie de la collection de George et Ruth Kennedy, connus pour avoir rapidement appréciés les oeuvres d'art de Nouvelle-Guinée. George Kennedy était un célèbre géophysicien qui collecta de nombreuses et importantes oeuvres du Sépik dans les années 1960. Plus tard, le crochet entra dans la collection Monzino dont la collection fut constituée à partir de celle de Jacob Epstein.
Comme l'indique Meyer à propos des liens culturels de ce crochet avec ses origines Iatmul et Kambot, "les crochets de ce type n'étaient pas seulement des objets utilitaires, ils étaient également des sculptures rituelles d'importance dans les systèmes locaux de croyance. Dans le mythe de création de la culture Iatmul, la mère crocodile donne naissance à l'humanité. Ce crochet illustre le mythe de création avec la tête du personnage humain étant expulsé à l'arrière du crocodile dont le corps stylisé est représenté par le corps humain à l'aide d'un systàme complexe de représentations multiples de différents éléments iconographiques. Durant l'initiation, les jeunes garçons étaient scarifiés avec des couteaux en bambou leur faisant ainsi des cicatrices en forme de chéloïde qui imitent la morsure d'un crocodile (Meyer, 1995, pp.232-233)" (cf la facture de la Galerie Meyer). Cette figure janus représente un ancêtre dont le corps est composé d'une multitude de créatures spirituelles et mythologiques (crocodiles, requins, oiseaux).
Il s'agit d'une sculpture exceptionnellement ancienne, comme l'atteste le fourmillement des lignes lisses organiques, des arêtes doucement usées, façonnées à l'aide d'un outillage fait de coquillages, de peaux de requin et de dents d'opossum. Dans une région connue pour son univers coloré - sa production artistique, mais également ses oiseaux et ses fleurs - il existe peu de sculptures témoignant avec plus de vivacité de cette culture de couleur.
Très certainnement sculpté il y a plus de deux cent ans, l'application répétée de pigment sur l'objet est liée à son importance au sein du village. On y retrouve le traditionnel jaune, blanc et noir. Le blanc est fait à partir de coquilles d'huitres ou de palourdes brûlées, le noir résulte de la carbonisation du bois ou d'un mélange de suie, les jaunes et les rouges sont issus d'ocres minéraux, la chaleur pouvant intensifier les couleurs (in Berthold Laufer, d., Carved and Painted Designs from New Guinea, 1931, Anthropology Design Series, Field Museum of Natural History, Chicago, n.5, réimprimé aux éditions Dover, 1973, p.60). Il y a également un bleu vif et un rouge/orange fluo. Ils furent certainement appliqués dans les années 1880. A cette époque, un détergent bleu utilisé pour éclaircir le blanc fut introduit par les européens, parfois appelé Berliner Waschblau ou bleu de lessive, il fut rapidement utilisé comme un pigment par les artistes des mers du sud (Barnecutt in New Ireland, 2006, p.30). Un autre pigment, le rouge de minium, fut également importé et rapidement incorporé d'après A. C. Haddon (The Decorative Art of British New Guinea, 1894, p.93). Le rouge est une substance ancienne, apprécié pour sa brillance et son intensité, qui fut utilisé depuis l'époque romaine et particulièrement dans les manuscrits médivaux.
Avec une provenance historique, ce crochet fit partie de la collection de George et Ruth Kennedy, connus pour avoir rapidement appréciés les oeuvres d'art de Nouvelle-Guinée. George Kennedy était un célèbre géophysicien qui collecta de nombreuses et importantes oeuvres du Sépik dans les années 1960. Plus tard, le crochet entra dans la collection Monzino dont la collection fut constituée à partir de celle de Jacob Epstein.
Comme l'indique Meyer à propos des liens culturels de ce crochet avec ses origines Iatmul et Kambot, "les crochets de ce type n'étaient pas seulement des objets utilitaires, ils étaient également des sculptures rituelles d'importance dans les systèmes locaux de croyance. Dans le mythe de création de la culture Iatmul, la mère crocodile donne naissance à l'humanité. Ce crochet illustre le mythe de création avec la tête du personnage humain étant expulsé à l'arrière du crocodile dont le corps stylisé est représenté par le corps humain à l'aide d'un systàme complexe de représentations multiples de différents éléments iconographiques. Durant l'initiation, les jeunes garçons étaient scarifiés avec des couteaux en bambou leur faisant ainsi des cicatrices en forme de chéloïde qui imitent la morsure d'un crocodile (Meyer, 1995, pp.232-233)" (cf la facture de la Galerie Meyer). Cette figure janus représente un ancêtre dont le corps est composé d'une multitude de créatures spirituelles et mythologiques (crocodiles, requins, oiseaux).