拍品專文
Cet ornement a été étudié en détail par le spécialiste du royaume de Bénin, Philip J.C. Dark, lorsqu'il fut présenté à la vente en 1986 (op. cit.). Son étude est reproduite ici:
"Cette sculpture en ivoire fin du Bénin est un élément rare de l'art du Bénin. A ma connaissance, il n'y a que cinq autres objets similaires: le premier est conservé au British Museum (Fagg 1963, ill.49), un autre dans le Musée de l'Université de Philadelphie (No. L. 564-25), un troisième faisait partie de l'ancienne collection Louis Carré (Baumann, 1932, p.199), ce dernier est très proche d'un autre conservé au Rautenstrauch-Joest Museum de Cologne (Froelich, 1966, T. LXXXIV) ces deux pièces pouvant former une paire - si ce type de d'ornements se portait en paire, à l'image d'autres bracelets d'ivoire ou de laiton - enfin celui qui fut prêté au Benin Museum en 1959 et appartenant au Chef Oliha.
Comme on peut le constater en examinant cette oeuvre de près, il y a un percement à l'arrière gauche de l'animal et deux trous à l'extrémité gauche des moustaches; et trois autres, non visibles en vue frontale, dans le dos. Ils servaient, sans doute, à fixer l'objet sur l'avant-bras de son propritaire, car il est généralement admis que ces ornements étaient portés de cette façon. Il est intéressant de noter que les yeux étaient sertis de métal, certainement du cuivre ou du laiton, l'oeil droit ayant été nettoyé ou poli. Des incrustations de bandes de métal dans les pupilles ou de clous en fer peuvent également être observées sur d'autres objets en ivoire ou en métal. Toutefois, seul le lopard de Philadelphie, mentionné plus haut, a des bandes de cuivre comparables. Les pattes avants et arrières sont sculptées différemment, tandis que les pattes des cinq autres exemplaires sont toutes semblables.
Le léopard de Philadelphie, mesurant 27 cm et taillé dans un ivoire très foncé, est trè proche de l'oeuvre étudiée ici. Les oreilles de ces deux pièces sont aplaties vers l'avant sur le sommet de la tête, tandis que celles du Chef Ohila sont quelque peu inclinées, les autres ayant des oreilles droites. Les taches de l'animal représentées par des cercles incisés sont semblables à celles observées sur la pièce de Philadelphie, mais différentes des autres. Les testicules semblaient être figurées sur cette pièce ainsi que celle de Philadelphie, mais pas sur les autres. Cet ornement d'avant-bras présente une usure considérable autour de la tête, et a une couleur plus agréable - comme la pièce de Philadelphie - et a une belle patine, mais il faut être prudent car cette coloration ne résulte pas forcément de son grand âge; la pigmentation des défenses des éléphants, ainsi que celles des dents humaines, peut varier considérablement.
Ce brassard provenant de la collection de Monsieur B. Le Dauphin, fut vendu par Sotheby's en 1969 à Merton Simpson. Ce dernier le vendit à un collectionneur privé. Bien qu'il soit généralement admis que ce type de pièce était un brassard d'avant-bras destiné à l'Oba (du roi), aucun d'entre eux ne semblent apparaître dans les représentations de l'art béninois. Comme les six exemplaires connues sont tous tournés de la même façon, ils n'auraient pas pu être portés par paires, comme le sont en général les brassards en ivoire et en bronze. Il y aurait un manque de symétrie. Comme ils sont tous sculptés avec la tête dirigée vers la gauche, on peut supposer qu'ils étaient destinés à être portés sur le bras droit avec la tête vers le poignet. Ils ne seraient donc pas nécessairement portés par paires. Nous ne savons pas à quelle occasion ces brassards étaient portés.
Les léopards, ou des parties de l'animal, sont largement représentés dans l'art de Bénin et ont, bien sûr, des liens étroits avec l'Oba, même si le contexte de cette association varie. Les plaques en bronze du XVI et XVIIème sicles connues figurent cet animal dans des contextes différents: chasse au léopard, chasseurs de léopard, léopards solitaires, léopard mangeant une chèvre, guerriers avec des colliers de dents et justaucorps brodés de motifs tachetés, [...] Obas, tel qu'Oba Ohen tenant un léopard par la queue dans chacune de ses mains. Ekp n'owa, le "léopard de la maison" était un titre utilisé par les chefs lorsqu'ils s'adressaient à l'Oba. Le terme ekp n'oha était utilisé pour se référer au "léopard de la brousse", distinguant ainsi le monde civilisé du monde sauvage.
La plupart des rituels annuels qui se déroulaient dans la ville de Benin ne sont plus célébrés, sauf à Noël un certain nombre de cérémonies sont encore commémorées. Elles sont menées par l'Oba pour assurer la continuité de ses pouvoirs spirituels en tant que roi divin - ces pouvoirs sont alors renforcés et renouvelés- tout comme la reconnaissance de sa souveraineté temporelle par ses chefs et son peuple qui lui rendent hommage. De toutes les cérémonies, qui sont précisment décrites dans un film de Francis Speed en 1959 avec R. E. Bradbury, Benin Kingship Rituals, celles se rapportant à ce léopard en ivoire est le festival annuel, appelé igwe, célébrant la tête d'on'e et le festival emobo - littéralement, une robe de l'Oba - durant lequel l'Oba danse pour chasser les mauvais esprits. A ces deux occasions, l'Oba est orné de sculptures en ivoire et de pendentifs, et porte des bracelets en ivoire. Lors d'emobo il porte un sistre en ivoire qu'il frappe avec un bâton en ivoire. Bien qu'il n'y ait pas de témoignage visuel (voir Fagg, 1978, p. 29, Bradbury, 1959 de Ben-Amos, 1980) de ce type d'ornement en forme de léopard porté par l'Oba lors des cérémonies d'igwe ou embo, on pourrait considérer qu'il était porté lors d'igwe, car la pièce pêrtée au Benin Museum par le Chef Oliha était appelée uhumwenkhue. Uhuwu signifie "tête" et wue "laver", on peut donc supposer que cet objet se réfère à igwe et évoque la bénédiction de la tête de l'Oba, siège de son énergie mystique. Lors d'igwe, l'Oba est oint avec des remèdes faits à base de racines, d'écorce et de graines, le protégeant ainsi tout au long de l'année. Pour assurer leur pureté, les ingrédients sont écrasés par une fille vierge et sont ensuite appliqués sur la tête de l'Oba, ses mains et ses pieds par le chef Ogiefa afin que son esprit, affaiblit par les conflits dans le monde, soit renforcé et les tensions apaisées. Ainsi le bien-être de l'Oba est maintenu ainsi que celui de la nation.
Ensuite des sacrifices sont offerts la tte de l'Oba, sige de sa sagesse. Un lopard qui symbolise la force, le courage, l'autorit et le pouvoir politique (Ben-Amos, 1976: 245) est un des animaux utiliss pour tre sacrifis. C'est peut-tre ce moment que l'Oba portait ce lopard en ivoire. Mais ce n'est pas certain. Il existe d'autres occasions au cours desquelles il aurait pu tre port, comme lors d'isiokuo ou pendant whne, la parade des lopards travers la ville. Alors que le lopard tait un symbole de l'Oba, l'Oba tait l'quivalent de cette magnifique bte, " certains des plus grands chefs envoyaient occasionnellement un chasseur d'lphant dans la fort, pour tuer des lphants pour eux " (Egharevba, 1949: 43-4). []
En considérant l'âge de ce brassard, une attention particulière devrait être accordée à la manière dont sont taillées les oreilles, ce qui a été mentionne plus haut. Des léopards avec des oreilles placées de la même manière peuvent être observés sur plusieurs autres bracelets en ivoire (voir Dark et Formans 1960, ill.53 ; Dark, 1973, ill. 5 ; Dark, 1980 , p.55). Il semble probable que les quatre autres uhumwenkhue sont plus récents que cet ornement et celui de Philadelphie, qui, même si ce dernier semble être de la même ancienneté, est plus simple, mais joliment sculpté; il lui manque également les hachures entre les points. On est enclin à penser que la pièce proposée ici pourrait bien être datée du XVIIème siècle [...]".
"Cette sculpture en ivoire fin du Bénin est un élément rare de l'art du Bénin. A ma connaissance, il n'y a que cinq autres objets similaires: le premier est conservé au British Museum (Fagg 1963, ill.49), un autre dans le Musée de l'Université de Philadelphie (No. L. 564-25), un troisième faisait partie de l'ancienne collection Louis Carré (Baumann, 1932, p.199), ce dernier est très proche d'un autre conservé au Rautenstrauch-Joest Museum de Cologne (Froelich, 1966, T. LXXXIV) ces deux pièces pouvant former une paire - si ce type de d'ornements se portait en paire, à l'image d'autres bracelets d'ivoire ou de laiton - enfin celui qui fut prêté au Benin Museum en 1959 et appartenant au Chef Oliha.
Comme on peut le constater en examinant cette oeuvre de près, il y a un percement à l'arrière gauche de l'animal et deux trous à l'extrémité gauche des moustaches; et trois autres, non visibles en vue frontale, dans le dos. Ils servaient, sans doute, à fixer l'objet sur l'avant-bras de son propritaire, car il est généralement admis que ces ornements étaient portés de cette façon. Il est intéressant de noter que les yeux étaient sertis de métal, certainement du cuivre ou du laiton, l'oeil droit ayant été nettoyé ou poli. Des incrustations de bandes de métal dans les pupilles ou de clous en fer peuvent également être observées sur d'autres objets en ivoire ou en métal. Toutefois, seul le lopard de Philadelphie, mentionné plus haut, a des bandes de cuivre comparables. Les pattes avants et arrières sont sculptées différemment, tandis que les pattes des cinq autres exemplaires sont toutes semblables.
Le léopard de Philadelphie, mesurant 27 cm et taillé dans un ivoire très foncé, est trè proche de l'oeuvre étudiée ici. Les oreilles de ces deux pièces sont aplaties vers l'avant sur le sommet de la tête, tandis que celles du Chef Ohila sont quelque peu inclinées, les autres ayant des oreilles droites. Les taches de l'animal représentées par des cercles incisés sont semblables à celles observées sur la pièce de Philadelphie, mais différentes des autres. Les testicules semblaient être figurées sur cette pièce ainsi que celle de Philadelphie, mais pas sur les autres. Cet ornement d'avant-bras présente une usure considérable autour de la tête, et a une couleur plus agréable - comme la pièce de Philadelphie - et a une belle patine, mais il faut être prudent car cette coloration ne résulte pas forcément de son grand âge; la pigmentation des défenses des éléphants, ainsi que celles des dents humaines, peut varier considérablement.
Ce brassard provenant de la collection de Monsieur B. Le Dauphin, fut vendu par Sotheby's en 1969 à Merton Simpson. Ce dernier le vendit à un collectionneur privé. Bien qu'il soit généralement admis que ce type de pièce était un brassard d'avant-bras destiné à l'Oba (du roi), aucun d'entre eux ne semblent apparaître dans les représentations de l'art béninois. Comme les six exemplaires connues sont tous tournés de la même façon, ils n'auraient pas pu être portés par paires, comme le sont en général les brassards en ivoire et en bronze. Il y aurait un manque de symétrie. Comme ils sont tous sculptés avec la tête dirigée vers la gauche, on peut supposer qu'ils étaient destinés à être portés sur le bras droit avec la tête vers le poignet. Ils ne seraient donc pas nécessairement portés par paires. Nous ne savons pas à quelle occasion ces brassards étaient portés.
Les léopards, ou des parties de l'animal, sont largement représentés dans l'art de Bénin et ont, bien sûr, des liens étroits avec l'Oba, même si le contexte de cette association varie. Les plaques en bronze du XVI et XVIIème sicles connues figurent cet animal dans des contextes différents: chasse au léopard, chasseurs de léopard, léopards solitaires, léopard mangeant une chèvre, guerriers avec des colliers de dents et justaucorps brodés de motifs tachetés, [...] Obas, tel qu'Oba Ohen tenant un léopard par la queue dans chacune de ses mains. Ekp n'owa, le "léopard de la maison" était un titre utilisé par les chefs lorsqu'ils s'adressaient à l'Oba. Le terme ekp n'oha était utilisé pour se référer au "léopard de la brousse", distinguant ainsi le monde civilisé du monde sauvage.
La plupart des rituels annuels qui se déroulaient dans la ville de Benin ne sont plus célébrés, sauf à Noël un certain nombre de cérémonies sont encore commémorées. Elles sont menées par l'Oba pour assurer la continuité de ses pouvoirs spirituels en tant que roi divin - ces pouvoirs sont alors renforcés et renouvelés- tout comme la reconnaissance de sa souveraineté temporelle par ses chefs et son peuple qui lui rendent hommage. De toutes les cérémonies, qui sont précisment décrites dans un film de Francis Speed en 1959 avec R. E. Bradbury, Benin Kingship Rituals, celles se rapportant à ce léopard en ivoire est le festival annuel, appelé igwe, célébrant la tête d'on'e et le festival emobo - littéralement, une robe de l'Oba - durant lequel l'Oba danse pour chasser les mauvais esprits. A ces deux occasions, l'Oba est orné de sculptures en ivoire et de pendentifs, et porte des bracelets en ivoire. Lors d'emobo il porte un sistre en ivoire qu'il frappe avec un bâton en ivoire. Bien qu'il n'y ait pas de témoignage visuel (voir Fagg, 1978, p. 29, Bradbury, 1959 de Ben-Amos, 1980) de ce type d'ornement en forme de léopard porté par l'Oba lors des cérémonies d'igwe ou embo, on pourrait considérer qu'il était porté lors d'igwe, car la pièce pêrtée au Benin Museum par le Chef Oliha était appelée uhumwenkhue. Uhuwu signifie "tête" et wue "laver", on peut donc supposer que cet objet se réfère à igwe et évoque la bénédiction de la tête de l'Oba, siège de son énergie mystique. Lors d'igwe, l'Oba est oint avec des remèdes faits à base de racines, d'écorce et de graines, le protégeant ainsi tout au long de l'année. Pour assurer leur pureté, les ingrédients sont écrasés par une fille vierge et sont ensuite appliqués sur la tête de l'Oba, ses mains et ses pieds par le chef Ogiefa afin que son esprit, affaiblit par les conflits dans le monde, soit renforcé et les tensions apaisées. Ainsi le bien-être de l'Oba est maintenu ainsi que celui de la nation.
Ensuite des sacrifices sont offerts la tte de l'Oba, sige de sa sagesse. Un lopard qui symbolise la force, le courage, l'autorit et le pouvoir politique (Ben-Amos, 1976: 245) est un des animaux utiliss pour tre sacrifis. C'est peut-tre ce moment que l'Oba portait ce lopard en ivoire. Mais ce n'est pas certain. Il existe d'autres occasions au cours desquelles il aurait pu tre port, comme lors d'isiokuo ou pendant whne, la parade des lopards travers la ville. Alors que le lopard tait un symbole de l'Oba, l'Oba tait l'quivalent de cette magnifique bte, " certains des plus grands chefs envoyaient occasionnellement un chasseur d'lphant dans la fort, pour tuer des lphants pour eux " (Egharevba, 1949: 43-4). []
En considérant l'âge de ce brassard, une attention particulière devrait être accordée à la manière dont sont taillées les oreilles, ce qui a été mentionne plus haut. Des léopards avec des oreilles placées de la même manière peuvent être observés sur plusieurs autres bracelets en ivoire (voir Dark et Formans 1960, ill.53 ; Dark, 1973, ill. 5 ; Dark, 1980 , p.55). Il semble probable que les quatre autres uhumwenkhue sont plus récents que cet ornement et celui de Philadelphie, qui, même si ce dernier semble être de la même ancienneté, est plus simple, mais joliment sculpté; il lui manque également les hachures entre les points. On est enclin à penser que la pièce proposée ici pourrait bien être datée du XVIIème siècle [...]".