拍品專文
L'Amiral William Oswald Story était un officier de la Royal Navy. Il servit en 1875-1876 lors de l'expédition au Perak (Malaisie), en 1882 en Egypte et en 1885-1856 à Suakin (Soudan). Il combattit lors de la première guerre mondiale et reçut la distinction de Commandeur de l'Ordre de l'Empire Britannique (CBE). Après le conflit, il migra au Canada où il vécut jusqu'à sa mort en 1938. Ce masque kanak ainsi que quelques autres objets océaniens dispersés lors de la vente de Bonhams en 1990 auraient été collectés vers 1890 et laissés en Angleterre lorsqu'il quitta le vieux continent pour s'installer en Amérique du Nord. Ces pièces furent retrouvées par ses descendants dans la maison familiale.
Selon la classification des masques kanaks de Kasarhrou (in Kasarhrou et Boulay, 2013), celui de la collection Story fait partie du second groupe. Les exemplaires du premier, rarissimes, caractérisés par un visage relativement doux, sans dents, présentant une bouche entrouverte avec des lèvres légèrement tendues vers l'extérieur sont considérés comme les plus anciens. Le masque dessiné par la Billardière vers 1791-1794 en est l'archétype.
Le second groupe quant à lui comporte d'après l'auteur une trentaine de masques dont la grande majorité est conservée en collection publique. Ce corpus, issu du Nord de la Grande Terre, regroupe les masques les plus extraordinaires de l'art kanak. De forme longiligne, le visage marqué par un imposant nez courbé dont la pointe est dirigée vers la bouche, des arcades sourcilières continues et en relief, un inquiétant sourire laissant apparaître des dents acérées, et des pommettes hautes. Ces masques sont pour la plupart réalisés sans outil métallique. S'il faut choisir l'icône de ce second groupe, le masque du Musée du Quai Branly (inv.71.1880.39.4, op. cit., ill.146) présentant le nez le plus protubérant semble tout désigné.
Le troisième groupe quant à lui rassemble tous les autres masques, de typologies relativement différentes, souvent réalisés à l'aide d'outil en fer et de facture plus récente que les masques des deux précédents groupes.
Il est intéressant de souligner que le magnifique masque de William Oswald Story a conservé une partie de sa coiffe d'origine. A l'arrière du masque est attaché un panneau en fibres finement tressées que l'on peut également observer sur tous les autres exemplaires ayant conservé leurs parures d'origine (voir op.cit., ill.149 et 151 pour deux masques conservés au Musée du Quai Branly - inv. ?1.1880.39.4 et inv. ?1.1909.19.5 OcD). Le bandeau frontal est constitué de deux tissus, l'un rouge, l'autre bleu-vert décoré de points blancs, que l'on retrouve régulièrement sur les haches ostensoirs kanak (voir Boulay, et al, 2009, p.100 pour une hache ornée de tissus comparables, collectée en 1845 par le Commandant Auguste Bérard et aujourd'hui conservée à l'Université de Montpellier II - inv.UM2 2936). Le trou sommital visible sur le masque de Story permettait à l'origine de fixer le sommet de la coiffure constituée de cheveux humains.
L'utilisation du masque apuema fut rapidement abandonnée dès les premières heures de la colonisation. Le peu d'information que nous possédons nous est parvenu à travers la tradition orale. Remis au chef lors de son accession au pouvoir par le clan des "maîtres de la terre", le masque est le symbole de son autorité et le lien fondamental que celui-ci entretient avec les ancêtres. Lors des grandes manifestations, le chef revêtait ce masque et, tel un redoutable guerrier, poursuivait la foule en brandissant une longue sagaie. Ce masque est également étroitement associé au deuil du chef. Au cours de cette cérémonie, il sera porté par le responsable des "maîtres de la terre" qui, accompagné par les deuilleurs au visage blanchi, endossera momentanément le rôle de chef jusqu'à la levée du deuil.
Le masque Kanak de William Oswald Story est l'un des plus beaux exemplaires encore en main privée. Sa rareté, sa puissance expressive et son très bon état de conservation en font une oeuvre d'art de tout premier ordre.
Selon la classification des masques kanaks de Kasarhrou (in Kasarhrou et Boulay, 2013), celui de la collection Story fait partie du second groupe. Les exemplaires du premier, rarissimes, caractérisés par un visage relativement doux, sans dents, présentant une bouche entrouverte avec des lèvres légèrement tendues vers l'extérieur sont considérés comme les plus anciens. Le masque dessiné par la Billardière vers 1791-1794 en est l'archétype.
Le second groupe quant à lui comporte d'après l'auteur une trentaine de masques dont la grande majorité est conservée en collection publique. Ce corpus, issu du Nord de la Grande Terre, regroupe les masques les plus extraordinaires de l'art kanak. De forme longiligne, le visage marqué par un imposant nez courbé dont la pointe est dirigée vers la bouche, des arcades sourcilières continues et en relief, un inquiétant sourire laissant apparaître des dents acérées, et des pommettes hautes. Ces masques sont pour la plupart réalisés sans outil métallique. S'il faut choisir l'icône de ce second groupe, le masque du Musée du Quai Branly (inv.71.1880.39.4, op. cit., ill.146) présentant le nez le plus protubérant semble tout désigné.
Le troisième groupe quant à lui rassemble tous les autres masques, de typologies relativement différentes, souvent réalisés à l'aide d'outil en fer et de facture plus récente que les masques des deux précédents groupes.
Il est intéressant de souligner que le magnifique masque de William Oswald Story a conservé une partie de sa coiffe d'origine. A l'arrière du masque est attaché un panneau en fibres finement tressées que l'on peut également observer sur tous les autres exemplaires ayant conservé leurs parures d'origine (voir op.cit., ill.149 et 151 pour deux masques conservés au Musée du Quai Branly - inv. ?1.1880.39.4 et inv. ?1.1909.19.5 OcD). Le bandeau frontal est constitué de deux tissus, l'un rouge, l'autre bleu-vert décoré de points blancs, que l'on retrouve régulièrement sur les haches ostensoirs kanak (voir Boulay, et al, 2009, p.100 pour une hache ornée de tissus comparables, collectée en 1845 par le Commandant Auguste Bérard et aujourd'hui conservée à l'Université de Montpellier II - inv.UM2 2936). Le trou sommital visible sur le masque de Story permettait à l'origine de fixer le sommet de la coiffure constituée de cheveux humains.
L'utilisation du masque apuema fut rapidement abandonnée dès les premières heures de la colonisation. Le peu d'information que nous possédons nous est parvenu à travers la tradition orale. Remis au chef lors de son accession au pouvoir par le clan des "maîtres de la terre", le masque est le symbole de son autorité et le lien fondamental que celui-ci entretient avec les ancêtres. Lors des grandes manifestations, le chef revêtait ce masque et, tel un redoutable guerrier, poursuivait la foule en brandissant une longue sagaie. Ce masque est également étroitement associé au deuil du chef. Au cours de cette cérémonie, il sera porté par le responsable des "maîtres de la terre" qui, accompagné par les deuilleurs au visage blanchi, endossera momentanément le rôle de chef jusqu'à la levée du deuil.
Le masque Kanak de William Oswald Story est l'un des plus beaux exemplaires encore en main privée. Sa rareté, sa puissance expressive et son très bon état de conservation en font une oeuvre d'art de tout premier ordre.