拍品專文
Les sculptures exceptionnelles Biwat sont rares, et la plupart des exemples spectaculaires connus furent collectés durant une courte et riche décennie de collecte au milieu des années 1920 jusqu'au milieu des années 1930 lorsque l'art Biwat, également appelé Mundugumor, fut découvert en dehors de la Mélanésie. De nombreux objets peuvent être reliés à l'anthropologue Gregory Bateson, qui séjourna dans cette région, mais aussi à un fermier australien qui vécut en Nouvelle-Guinée et que Bateson connaissait, E.J Wauchope (in Chinnery, 1998, p.33). Beaucoup de figures Biwat importantes se sont par la suite retrouvées dans des collections muséales, et un certain nombre d'entre elles arrivèrent au sein de familles australiennes, tout comme ce superbe bouchon de flûte.
Comme le note Robert Welsch, les bouchons de flûte biwat font partie des objets sculptés les plus mystérieux que produisent et utilisent les néo-guinéens au cours de leur vie rituelle. Certains sont sculptés et peints, tandis que d'autres peuvent recevoir de nombreux ornements. Margaret Mead passa plusieurs mois avec son second mari, Reo Fortune, parmi les Biwat ou les Mundugumor près de la rivière Yuat en 1932. Dans son essai sur les masques et les rituels (in Natural History, 1934), elle publia une photographie d'un bouchon portant de lourds ornements. Cet objet lui avait été offert pendant son voyage de recherches, il est aujourd'hui conservé à l'American Museum of Natural History. D'autres bouchons de flûte présents dans les collections ont été déshabillés, tout comme celui-ci, laissant ainsi apparaître l'âme de bois. Cet exemplaire, dont l'accent est mis sur la tête et sur son diadème, a un large front, des sourcils froncés, de grands yeux et un nez saillant, il est stylistiquement proche d'un bouchon conservé au Yale Peabody Museum of Natural History (voir Schmitz, 1969, pl.88).
La plupart des rituels pratiqués par les Biwat ou les Mundugumor n'ont jamais pu être observés par les étrangers. Les Biwat avaient abandonné leur initiation rituelle et la plupart de leurs coutumes dans les années 1930, pensant ne jamais avoir à les pratiquer de nouveau. A l'automne 1932, Mead et Fortune ont commandé une performance de flûte lors d'un rituel d'initiation. Dans ses notes, Mead décrit en détail le rituel qu'ils ont pu observer (voir Nancy McDowell's, The Mundugumor, Washington: Smithsonian Institution Press, 1991, pp.130-152). Elle (1935, p.181ff) a également écrit à propos des initiations dans Sex and Temperament in Three Primitive Societies (New York, Morrow) et dans un bref article daté de 1934 "Tamberans et Tumbuans in New Guinea" (Natural History 34, pp.234-246)".
Les autres observations significatives sur l'art biwat, réalisées sur place proviennent du Père Karl Laumann, un prêtre roman catholique situé à Kanduanum Mission sur la rivière Sépik, non loin de l'embouchure du fleuve Yuat. Dans sa mission pastorale, Laumann rendit visite à la majorité des villages bordant le Bas et le Moyen-Yuat, où il rendit compte d'un grand nombre de sculptures qui dépassaient la hauteur d'un homme. Au début des années 1950, Laumann publia plusieurs de ces photos dans deux articles dans Anthropos ("Vliss, der Kriegs- und Jagdgott am unteren Yuat River, Neuguinea," 47(5/6), pp.897-908, 1952, et, "Geisterfiguren am mittleren Yuat River in Neuguinea," 49(1/2), pp.27-57, 1954).
D'après les notes de Mead et de Laumann qui décrivent les images anthropomorphes et zoomorphes de la sculpture biwat, il paraît évident que ces objets sculptés représentaient plutôt des esprits de la rivière ou de la forêt, et non pas des esprits humains ou animaux ni des fantômes. Les esprits peuvent prendre une forme d'humains ou d'animaux chez les Biwat, mais les esprits eux-mêmes ne sont ni humains, ni animaliers. Cette distinction entre la rivière et la brousse reflète la plus grande différence présente dans l'environnement des Biwat. Les Biwat dépendaient entièrement de ces deux éléments pour leurs besoins élémentaires, se nourrir et s'abriter. Lorsqu'ils dégagent un coin de forêt pour créer des jardins ou établir des campements, ils savent pertinemment que cet espace humain est éphémère et qu'il sera bientôt recouvert par une brousse envahissante ou une crue de la rivière. Ces deux puissantes forces sont symbolisées par deux esprits distincts. Malheureusement pour les collectionneurs de notre temps, il est impossible d'associer les sculptures biwat à des esprits de la forêt ou de la rivière, à moins que la sculpture ne prenne la forme d'un crocodile, permettant aisément de l'associer à un esprit de la rivière. Les représentations des esprits de la forêt sont plus ambigües.
Comme l'indique Laumann (1952), ces sculptures sont très importantes pour la guerre et la chasse puisqu'elles apportent force et succès. Enfin, ces sculptures doivent être maîtrisées afin de garantir la santé, la prospérité et l'ordre social dans les espaces civilisés du village (in Christie's, Collection Jolika, 19 juin 2013, lot 10). Le long des rivières Sépik et Yuat, une façon de prouver que les esprits prenaient part aux cérémonies était de leur donner une voix et c'était la fonction de la flûte sacrée, appelée wusear en langage Biwat. Les flûtes elles-mêmes consistaient en un tube de bambou bouché en bas. Elles étaient jouées en soufflant à travers un orifice en forme de goulot de bouteille et en utilisant ses doigts et son souffle pour en modifier le son (Meyer, 1995, p.211).
Comme le note Robert Welsch, les bouchons de flûte biwat font partie des objets sculptés les plus mystérieux que produisent et utilisent les néo-guinéens au cours de leur vie rituelle. Certains sont sculptés et peints, tandis que d'autres peuvent recevoir de nombreux ornements. Margaret Mead passa plusieurs mois avec son second mari, Reo Fortune, parmi les Biwat ou les Mundugumor près de la rivière Yuat en 1932. Dans son essai sur les masques et les rituels (in Natural History, 1934), elle publia une photographie d'un bouchon portant de lourds ornements. Cet objet lui avait été offert pendant son voyage de recherches, il est aujourd'hui conservé à l'American Museum of Natural History. D'autres bouchons de flûte présents dans les collections ont été déshabillés, tout comme celui-ci, laissant ainsi apparaître l'âme de bois. Cet exemplaire, dont l'accent est mis sur la tête et sur son diadème, a un large front, des sourcils froncés, de grands yeux et un nez saillant, il est stylistiquement proche d'un bouchon conservé au Yale Peabody Museum of Natural History (voir Schmitz, 1969, pl.88).
La plupart des rituels pratiqués par les Biwat ou les Mundugumor n'ont jamais pu être observés par les étrangers. Les Biwat avaient abandonné leur initiation rituelle et la plupart de leurs coutumes dans les années 1930, pensant ne jamais avoir à les pratiquer de nouveau. A l'automne 1932, Mead et Fortune ont commandé une performance de flûte lors d'un rituel d'initiation. Dans ses notes, Mead décrit en détail le rituel qu'ils ont pu observer (voir Nancy McDowell's, The Mundugumor, Washington: Smithsonian Institution Press, 1991, pp.130-152). Elle (1935, p.181ff) a également écrit à propos des initiations dans Sex and Temperament in Three Primitive Societies (New York, Morrow) et dans un bref article daté de 1934 "Tamberans et Tumbuans in New Guinea" (Natural History 34, pp.234-246)".
Les autres observations significatives sur l'art biwat, réalisées sur place proviennent du Père Karl Laumann, un prêtre roman catholique situé à Kanduanum Mission sur la rivière Sépik, non loin de l'embouchure du fleuve Yuat. Dans sa mission pastorale, Laumann rendit visite à la majorité des villages bordant le Bas et le Moyen-Yuat, où il rendit compte d'un grand nombre de sculptures qui dépassaient la hauteur d'un homme. Au début des années 1950, Laumann publia plusieurs de ces photos dans deux articles dans Anthropos ("Vliss, der Kriegs- und Jagdgott am unteren Yuat River, Neuguinea," 47(5/6), pp.897-908, 1952, et, "Geisterfiguren am mittleren Yuat River in Neuguinea," 49(1/2), pp.27-57, 1954).
D'après les notes de Mead et de Laumann qui décrivent les images anthropomorphes et zoomorphes de la sculpture biwat, il paraît évident que ces objets sculptés représentaient plutôt des esprits de la rivière ou de la forêt, et non pas des esprits humains ou animaux ni des fantômes. Les esprits peuvent prendre une forme d'humains ou d'animaux chez les Biwat, mais les esprits eux-mêmes ne sont ni humains, ni animaliers. Cette distinction entre la rivière et la brousse reflète la plus grande différence présente dans l'environnement des Biwat. Les Biwat dépendaient entièrement de ces deux éléments pour leurs besoins élémentaires, se nourrir et s'abriter. Lorsqu'ils dégagent un coin de forêt pour créer des jardins ou établir des campements, ils savent pertinemment que cet espace humain est éphémère et qu'il sera bientôt recouvert par une brousse envahissante ou une crue de la rivière. Ces deux puissantes forces sont symbolisées par deux esprits distincts. Malheureusement pour les collectionneurs de notre temps, il est impossible d'associer les sculptures biwat à des esprits de la forêt ou de la rivière, à moins que la sculpture ne prenne la forme d'un crocodile, permettant aisément de l'associer à un esprit de la rivière. Les représentations des esprits de la forêt sont plus ambigües.
Comme l'indique Laumann (1952), ces sculptures sont très importantes pour la guerre et la chasse puisqu'elles apportent force et succès. Enfin, ces sculptures doivent être maîtrisées afin de garantir la santé, la prospérité et l'ordre social dans les espaces civilisés du village (in Christie's, Collection Jolika, 19 juin 2013, lot 10). Le long des rivières Sépik et Yuat, une façon de prouver que les esprits prenaient part aux cérémonies était de leur donner une voix et c'était la fonction de la flûte sacrée, appelée wusear en langage Biwat. Les flûtes elles-mêmes consistaient en un tube de bambou bouché en bas. Elles étaient jouées en soufflant à travers un orifice en forme de goulot de bouteille et en utilisant ses doigts et son souffle pour en modifier le son (Meyer, 1995, p.211).