Lot Essay
Resté dans la famille de Charles-Nicolas Cochin, ce portrait n'avait quasiment jamais été montré depuis 1767 (mis à part lors d'une exposition à Rouen en 1929). Apparemment non gravé, il n'était connu que par deux médiocres reproductions et par la brève mais savoureuse description qu'en donnait Diderot dans sa critique du Salon de 1767. C'est donc une oeuvre rare et inédite que nous avons le privilège de présenter ici.
L'identité du modèle ajoute encore à l'importance de l'oeuvre. Charles-Nicolas Cochin (1715-1790) fut l'une des personnalités majeures de l'art français de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Graveur et dessinateur réputé mais également écrivain et théoricien qui lutta contre les outrances du style rocaille et prôna une forme de retour à l'Antique et à sa simplicité, il fut un homme dont l'influence dans l'organisation des arts en France fut déterminante. Proche du marquis de Marigny, Directeur des Bâtiments du roi, Cochin obtint en 1755 le rôle central de Secrétaire de l'Académie royale de peinture et de sculpture, et à ce titre se chargea de la répartition des commandes royales.
Mais plutôt que l'ordonnateur officiel des arts, celui qu'a choisi de représenter ici Van Loo est le dessinateur fécond, assis à sa table de travail sur une modeste chaise cannée, et qui tient dans sa main son porte-mine aux bâtons de sanguine. Plus encore, c'est l'ami, l'homme aux manières simples, à la mise sans prétention, sans ostentation. Pris sur le vif de son activité d'artiste, il se retourne avec naturel vers le spectateur auquel il adresse un regard plein de sympathie et de bonhommie, dans une attitude dont se réjouit Diderot lorsqu'il décrit le tableau dans ses commentaires sur le Salon :
" Notre ami Cochin. Il est vu de profil. [...] Il a le bras droit passé sur le dos d'une chaise de paille. L'attitude est bien pittoresque. Il est ressemblant. Il est fin. Il va dire une ordure ou une malice. Si l'on compare ce portrait de Vanloo avec les portraits que Cochin a faits de lui-même, on connaîtra la physionomie qu'on a et celle qu'on voudrait avoir ".
Diderot est l'ami à la fois du portraituré et du peintre, avec lequel il est pourtant sévère dans ses commentaires : sur les nombreux portraits exposés par Van Loo en 1767, seuls cinq trouveront grâce ses yeux, dont celui-ci.
Rappelons que Cochin avait lui-même, trois ans avant l'exécution de son portrait par Van Loo, proposé la candidature de ce dernier à la Direction de l'Académie de France à Rome. Il parlait alors de l'artiste dans des termes des plus élogieux : " C'est un homme sage et prudent. Nous ne le connaissons que par sa conduite dans notre Académie, mais d'après elle, je puis vous certifier que sa judicière est solide, et que tous les avis qu'il ouvre ou pour lesquels il s'incline sont toujours mesurés au compas de la saine raison. " (Correspondance des Directeurs de l'Académie de France à Rome, tome 12, p. 7, lettre 5729). Si Louis-Michel Van Loo ne fut pas nommé directeur de l'Académie de France à Rome, il fut en revanche placé l'année suivante à la tête de l'Ecole royale des élèves protégés, succédant à son oncle Carle. Cette nomination venait couronner une longue et brillante carrière européenne, Louis-Michel ayant précédemment passé près de quinze ans à la Cour d'Espagne, devenant le Premier peintre des Rois Philippe V et Ferdinand VI et le directeur de l'Académie royale de San Fernando.
L'identité du modèle ajoute encore à l'importance de l'oeuvre. Charles-Nicolas Cochin (1715-1790) fut l'une des personnalités majeures de l'art français de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Graveur et dessinateur réputé mais également écrivain et théoricien qui lutta contre les outrances du style rocaille et prôna une forme de retour à l'Antique et à sa simplicité, il fut un homme dont l'influence dans l'organisation des arts en France fut déterminante. Proche du marquis de Marigny, Directeur des Bâtiments du roi, Cochin obtint en 1755 le rôle central de Secrétaire de l'Académie royale de peinture et de sculpture, et à ce titre se chargea de la répartition des commandes royales.
Mais plutôt que l'ordonnateur officiel des arts, celui qu'a choisi de représenter ici Van Loo est le dessinateur fécond, assis à sa table de travail sur une modeste chaise cannée, et qui tient dans sa main son porte-mine aux bâtons de sanguine. Plus encore, c'est l'ami, l'homme aux manières simples, à la mise sans prétention, sans ostentation. Pris sur le vif de son activité d'artiste, il se retourne avec naturel vers le spectateur auquel il adresse un regard plein de sympathie et de bonhommie, dans une attitude dont se réjouit Diderot lorsqu'il décrit le tableau dans ses commentaires sur le Salon :
" Notre ami Cochin. Il est vu de profil. [...] Il a le bras droit passé sur le dos d'une chaise de paille. L'attitude est bien pittoresque. Il est ressemblant. Il est fin. Il va dire une ordure ou une malice. Si l'on compare ce portrait de Vanloo avec les portraits que Cochin a faits de lui-même, on connaîtra la physionomie qu'on a et celle qu'on voudrait avoir ".
Diderot est l'ami à la fois du portraituré et du peintre, avec lequel il est pourtant sévère dans ses commentaires : sur les nombreux portraits exposés par Van Loo en 1767, seuls cinq trouveront grâce ses yeux, dont celui-ci.
Rappelons que Cochin avait lui-même, trois ans avant l'exécution de son portrait par Van Loo, proposé la candidature de ce dernier à la Direction de l'Académie de France à Rome. Il parlait alors de l'artiste dans des termes des plus élogieux : " C'est un homme sage et prudent. Nous ne le connaissons que par sa conduite dans notre Académie, mais d'après elle, je puis vous certifier que sa judicière est solide, et que tous les avis qu'il ouvre ou pour lesquels il s'incline sont toujours mesurés au compas de la saine raison. " (Correspondance des Directeurs de l'Académie de France à Rome, tome 12, p. 7, lettre 5729). Si Louis-Michel Van Loo ne fut pas nommé directeur de l'Académie de France à Rome, il fut en revanche placé l'année suivante à la tête de l'Ecole royale des élèves protégés, succédant à son oncle Carle. Cette nomination venait couronner une longue et brillante carrière européenne, Louis-Michel ayant précédemment passé près de quinze ans à la Cour d'Espagne, devenant le Premier peintre des Rois Philippe V et Ferdinand VI et le directeur de l'Académie royale de San Fernando.