Le Temps

Talent précoce, formé à l'Académie des Beaux-Arts de San Fernando de Madrid, Ulpiano Checa va rapidement s'imposer dans le monde artistique espagnol puis européen, poursuivant une longue carrière officielle, depuis sa médaille de 1ère classe reçue en 1887 à l'Exposition des Beaux-Arts de Madrid, jusqu'à sa médaille d'or décernée à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900 et à la création, en 1945, du musée qui porte encore aujourd'hui son nom à Colmenar de Oreja, sa ville natale, dans les environs de Madrid. Rappelons également qu'il fut l'un des peintres commissionnés par Dervillé pour décorer le restaurant Le Train Bleu.
Fasciné par le monde équestre, il fera du cheval son sujet de prédilection, le mettant en scène dans des compositions grandiloquentes et gigantesques, de grandes fantaisies tirées du monde antique, de l'Orient ou encore du Far-West.
C'est dans ce contexte qu'il faut replacer ce fascinant vieillard aveugle armé d'une faux chevauchant un puissant étalon noir lancé dans une course effrénée, symbole du Temps (et non, comme on l'a parfois avancé, la représentation d'un des cavaliers de l'Apocalypse, Checa insista lui-même sur ce point). Checa transforme une iconographie d'ordinaire plus sage en une image visionnaire et fantomatique, à la limite de l'hallucination.
Le tableau fut exposé au Salon des Artistes français de 1908, sous le no. 377, à quelques salles près du Rétameur d'Eugène Buland (lot. 74).