PAIRE DE CANDELABRES DE LA FIN DE L'EPOQUE LOUIS XVI
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PAIRE DE CANDELABRES DE LA FIN DE L'EPOQUE LOUIS XVI

ATTRIBUES A PIERRE GOUTHIERE, VERS 1785-1790, PEUT-ETRE LIVRES PAR DOMINIQUE DAGUERRE

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PAIRE DE CANDELABRES DE LA FIN DE L'EPOQUE LOUIS XVI
ATTRIBUES A PIERRE GOUTHIERE, VERS 1785-1790, PEUT-ETRE LIVRES PAR DOMINIQUE DAGUERRE

En bronze ciselé et doré, le bouquet à six bras de lumière en cors de chasse feuillagés surmontés au centre d'un bouquet de roses associé mais contemporain, le tout reposant sur un piètement tripode formant athénienne, centré d'une amphore retenue par des chaînes, surmonté de têtes de satyre à cornes et terminé par des griffons assis sur la base ponctuée de masques de Méduse, dans des médaillons, les patins en toupie à cannelures torses
Hauteur: 118 cm. (46½ in.) ; Section: 35 cm. (13¾ in.)
Provenance
Très certainement acquis par le 5ème comte de Rosebery (1847-1929), Mentmore Towers, Buckinghamshire, vente Sotheby's, 18 mai 1977, lot 90.
Literature
Bibliographie comparative:
E.E. Dumonthier, Les Bronzes du Mobilier National, Paris, 1911, p. 30, pl.I.
H. Ottomeyer, P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Munich, 1989, p. 265, fig. 4.9.3.
E. Ducamp, Pavlosk. The Collections, Paris, 1993, fig. 50.
Special notice
ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 5.5% inclusive of VAT of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit. (Please refer to section VAT refunds)
Further details
A PAIR OF LATE LOUIS XVI SIX-LIGHT ORMOLU CANDELABRA, ATTRIBUTED TO PIERRE GOUTHIERE, CIRCA 1785-1790, POSSIBLY RETAILED BY DOMINIQUE DAGUERRE

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Mélanie Lebret
Mélanie Lebret

Lot Essay

Cette remarquable paire de candélabres est attribuée au célèbre ciseleur-doreur Pierre Gouthière (1732-1813) et peut être considérée comme l’un des modèles les plus aboutis et les mieux exécutés dans le goût à l’étrusque. Ces candélabres sont probablement une création de l’ornemaniste Jean-Demosthène Dugourc (1749-1825), réalisée par Gouthière et livrée par le célèbre marchand-mercier Dominique Daguerre – qui a collaboré étroitement avec Gouthière sur de nombreuses commandes importantes.

Provenance

Cette paire de candélabres étaient autrefois dans la collection d’Archibald Philip Primrose, Ve comte de Rosebery (1847-1929) au château de Mentmore Towers. En épousant l’héritière Hannah de Rothschild en 1878, le Ve comte de Rosebery acquiert l’une des plus belles collections d’œuvres d’art ; ce qui souffla la réflexion suivante à Lady Eastlake « je ne crois pas que les Médicis aient été logés à la hauteur de leur gloire ».
Mentmore a été construit à la demande du baron Mayer Amschel de Rotschild (1818-1874) entre 1852 et 1854, qui souhaitait une résidence proche de Londres et à proximité des autres maisons Rothschild - Tring, Ascot, Aston Clinto, puis plus tard Waddesdon et Halton Houses. Les plans du manoir imitent Wollaton Hall de Nottingham et sont dessinés par Joseph Paxton (1803-1865), célèbre pour le Crystal Palace, terminé un an plus tôt.

Dès 1852, la décoration intérieure de Mentmore est dirigée par Alexander Barker (mort en 1873), célèbre marchand d’antiquités et collectionneur. La maison est alors décorée d’œuvres d’art extraordinaires, pour la plupart fournies par Barker et en adéquation avec « la tonalité majestueuse du goût Rothschild » (John Fleming, "Art Dealing in the Risogimento ll", The Burlington Magazine, Vol. 121, No. 917, août 1979, p. 505, notes de bas de page 77) puis conséquemment complétée par son beau-fils, le Ve comte de Rosebery. La collection reste alors intacte jusqu’à sa dispersion en 1977.

N’étant pas cités dans le catalogue de Mentmore de 1884, contrairement aux autres objets attribués à Gouthière, il semble certain que ces candélabres aient été acquis après 1884. Les Rothschild tout comme les comtes de Rosebery étant très secrets, aucune publication n’existe avant l’article Save Memtmore For The Nation (1977), expliquant ainsi l’impossibilité de dater l’entrée des présents candélabres dans la collection due à la quasi-absence de documentation des intérieurs.

Pierre Gouthière (1732-1813)

Pierre Gouthière est assurément le plus célèbre bronzier du style Louis XVI et l’un des quelques artisans du XVIIIe siècle dont la renommée n’a pas diminué parmi Boulle, Cressent et Riesener. Reçu à la maîtrise en 1758, il est nommé doreur ordinaire des Menus Plaisirs en 1767, même s’il a signé des pièces où il est inscrit « ciseleur-doreur du Roy » (H. Ottomeyer, P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Vol. II, Munich, 1986, p. 566).
Gouthière est le fournisseur principal en bronze de la reine Marie-Antoinette et travaille fréquemment avec François-Joseph Bélanger (1744-1818). Leur première collaboration date de 1769-1770 lorsque Gouthière fournit les montures du serre-bijoux de Marie-Antoinette. Puis, il fournit en 1770-1771 les bronzes du Pavillon de Madame du Barry de Louveciennes pour la somme considérable de 100.000 livres. Avec une clientèle aussi prestigieuse, Gouthière est incontestablement le ciseleur-doreur le plus éminent de sa génération (P. Verlet, Les Bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Picard, Paris, 1987, p. 210).
Parmi les autres collaborations illustres de Gouthière, on compte celle avec le marchand-mercier Dominique Daguerre. En effet, selon Pierre Verlet, Daguerre choisit de travailler avec les artisans les plus talentueux ; il choisit Weisweiler pour l’ébénisterie et Gouthière pour les bronzes. Il est très probable par conséquent que les présents candélabres soient le fruit de la collaboration Daguerre-Gouthière.

Le modèle
Incarnant le goût à l’étrusque du milieu des années 1780, cette magnifique paire de candélabres se rattache à un type d’œuvres se caractérisant par une forme ambitieuse, par leur haute qualité et par leur référence au thème bachique.
Concernant la forme, il s’agit d’une athénienne avec une base triangulaire concave dont les côtés sont centrés d’un masque de Méduse dans un médaillon et reposant sur des pieds en toupie. L’amphore fuselée est suspendue au centre au moyen de chaînes retenues par des masques de satyre bachiques. Bien qu’il y ait des variations de décor, on distingue trois groupes selon les animaux présents : le griffon, la chèvre ou le sphinx.

Les présents candélabres sont très proches de trois autres paires formant un sous-groupe composé au total de quatre exemples, tous reposant sur une base ornée de trois griffons à queue feuillagée. Une paire est située dans la salle à manger du palais de l’Elysée, Paris (Ernest Dumonthier, Les Bronzes du Mobilier National, Paris, 1911, p. 30, pl. 1) avec des bras associés issus d’une corbeille. La deuxième paire est conservée au musée Nissim de Camondo, Paris (H. Ottomeyer, P. Pröschel, op. cit., p. 265, fig. 4.9.3) acquise auprès du marchand François Seligmann lors de la dispersion de la collection de la duchesse de Maillé, vente Paris, 29-30 janvier 1900, lot 1, pour 30.000 francs et décrits comme « Ces candélabres d’une importance exceptionnelle, sont célèbres dans l’œuvre de Pierre Gouthière » ; ces candélabres n’ont pas les tiges de roses issues d’une corbeille. Enfin, la troisième paire a été faite pour le palais de Pavlosk aujourd’hui exposée dans la salle à manger verte du Palais Catherine, elle est surmontée d’un putto issu d’un bouquet à trois bras associés, au lieu de la corbeille.

Le motif de griffon est très proche de celui qui se trouve sur une paire de chenets de la collection de Madame Nelia Barletta de Cates, vente Christie’s, Paris, 18 mars 2003, lot 376. Ils ont été créés pour orner le Pavillon Balbi du comte de Provence à Versailles pour sa maîtresse Madame de Balbi (1758-1842). Le dessin des chenets est attribué à Dugourc et ils sont probablement livrés par Daguerre.
Parmi la clientèle distinguée de Daguerre, se distinguent également « le comte et la comtesse Nord », le Grand-duc Paul et la Grande-duchesse Maria Feodorovna, fils et belle-fille de la Grande Catherine qui passent commande lors d’un voyage à Paris en mai 1782 de meubles et de bronzes à Daguerre pour leur palais de Pavlosk alors en chantier. Au cours de la même visite, ils rencontrent également Dugourc qui rapporte cette rencontre dans son Autobiographie (1800, publiée en 1877 par la Société de l’Histoire de l’Art Français). Le couple a très probablement vu les chenets du Pavillon Balbi, expliquant ainsi la présence de ce modèle au palais de Pavlosk (E. Ducamp, Pavlosk. Les Collections, Paris, 1993, p. 193, fig. 50). L’existence des deux chenets aux griffons et les candélabres de Pavlosk renforce non seulement le lien entre Daguerre et le modèle, mais également la paternité du dessin de Dugourc.
Le motif de griffon se retrouve également sur un guéridon en bronze doré en forme d’athénienne attribué à Gouthière et figure dans la collection Utherman, Saint-Petersbourg en 1908 (S. Legrand-Rossi, Le Mobilier du Musée Nissim de Camondo, Paris, 2012, fig. 12).
Il semble probable que les trois pièces – les chenets, les candélabres et le guéridon – aient été commandées pour « le comte et la comtesse Nord » pour Pavlosk. Ainsi, il apparaîtrait que la relation entre Daguerre, « le comte et la comtesse Nord » et Dugourc, en combinaison avec la virtuosité du montage et la haute qualité de l’extraordinaire « dorure au mat » indiquerait que Daguerre ait chargé son bronzier Gouthière de réaliser les dessins de Dugourc.

Enfin, il est intéressant de citer une paire de candélabres de ce modèle, mais avec des chèvres, initialement dans la collection du comte de Rosebery à Mentmore et référencée dans le catalogue privé de Mentmore comme étant par Gouthière (Edinburgh, 1884, vol I, p. 133). Ils ont été vendus lors de la vente Mentmore (lot 65), puis réofferts lors de la dispersion de la collection du Dr Peter D. Sommer, vente Christie’s, Londres, 4 décembre 2014.

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