拍品專文
Fondé en 1831, le Royal United Service Institution Museum (RUSI) faisait l’acquisition d’objets militaires et de pièces ayant un intérêt colonial auprès des membres des forces armées britanniques et d’autres donateurs. A partir de 1895, le musée exposa sa collection à la Banqueting House à Whitehall, dans le centre de Londres. Un catalogue fut imprimé dès 1902 et fut édité par la suite à plusieurs reprises. C’est à cette date qu’un système de numérotation fut introduit mais il ne suivait pas l’ordre chronologique d’acquisition (par exemple le numéro 3 fut acquis par le roi Edouard VII en 1901).Le musée ferma dans les années 1960 et ses collections furent dispersées. Le RUSI Museum vendait régulièrement des œuvres. En 1961, une vente aux enchères eut lieu chez Sotheby’s à Londres durant laquelle le Lieutenant-Général Pitt-Rivers acheta des objets pour sa collection, aujourd’hui conservés au Pitt Rivers Museum à Oxford (Evans 2014). En juillet 1950, James Hooper acheta un certain nombre d’œuvres du musée dont ce lot auquel il donna, comme il avait l’habitude de le faire, le numéro 1724. Il marqua son catalogue du RUSI (7ème édition, 1932), en face du numéro 2600, Hooper Coll now (maintenant collection Hooper) et inscrit à l’encre bleu foncé sur l’objet Capt. Lord Byron R.U.S.I. (inscription aujourd'hui illisible).
Bien qu’aucune date ne soit mentionnée dans le catalogue publié par le RUSI museum, le donateur était très probablement le 7ème Baron Byron, George Anson Byron (1789-1868), cousin du 6ème Lord Byron, le poète romantique. George Anson Byron était un officier de la marine (Capitaine en 1814, Contre-amiral en 1849, Amiral en 1862) qui accéda au titre de Baron à la mort du poète Lord Byron en 1824. La même année, il fut nommé commandant du HMS Blonde, navire chargé de ramener les corps du roi et de la reine d’Hawai, Liholiho (Kamehameha II) et Kamamalu tragiquement décédés de la rougeole lors d’une visite officielle en Angleterre en 1824. Le voyage dura de septembre 1824 à mars 1826. Le navire passa dix semaines à Hawai de mai à juin 1825, période durant laquelle Byron et ses officiers furent gracieusement reçus. Entre autres indulgences ils furent autorisés à collecter ce qu’ils souhaitaient dans le célèbre temple d’Hawai Hale-o-Keawe Keawe (voir Byron, G. A., Voyage of HMS Blonde to the Sandwich Islands, in the years 1824-1825, London, John Murray, 1826). Byron ne visita pas la Nouvelle-Zélande durant son voyage mais il mentionna dans son journal de bord Valparaiso à l’aller et au retour. Il est ainsi probable qu’il acquit cette massue maorie mere pounamu à Hawaii ou à Valparaiso –à cette époque certains objets polynésiens et des cadeaux diplomatiques circulaient dans le Pacifique. Lord Byron donna trois autres œuvres maories au RUSI : des lames en pierre (nos. 2609-2611, notamment deux en néphrite, également acquises par la suite par Hooper). Il ne semble pas que Byron ait effectué d’autres voyages dans le Pacifique, mais les objets Maori auraient pu d’ores et déjà appartenir à sa famille. En effet, il était le petit fil du Vice-Amiral John Byron (1723-1786) qui commanda le HMS Dolphin lors de sa circumnavigation en 1764-1766, précédant le voyage du Capitaine Wallis sur le même navire. Comme son petit-fils, John Byron ne visita pas la Nouvelle Zélande mais le mere aurait pu avoir été acquis auprès d’un autre officier de la marine ayant participé à la première visite de Cook en 1769.
Cette exceptionnelle massue mere pounamu est sculptée dans une superbe pièce de néphrite, un type de jade que les maoris recueillaient dans les rivières de la côte ouest du sud de la Nouvelle-Zélande. Le nom maori du sud de l’ile, Te Wai Pounamu signifant les Eaux de jade) indique la valeur de la néphrite pour les maoris. La poignée de ce mere est fine, avec des rainures sur le pommeau (reke) et un orifice, formé de deux cônes percés de part et d’autre, destiné à recevoir une dragonne. Comme habituellement avec les néphrites anciennes dont les trous n’étaient pas percés avec du métal, les cavités ne sont pas exactement face à face et se rencontrent là où les côtés se croisent. La transition entre le manche et de la lame est marquée par des épaules subtiles dont le corps s’évase progressivement jusqu’à former la lame destinée au combat.
La néphrite était hautement estimée par les Maoris, et bien que de nombreux patu (petites massues) faits de bois, d’os de baleine et de basalte furent échangés avec les européens lors des trois voyages de Cook (qui se rendit en Nouvelle-Zélande à plusieurs reprises entre 1769 et 1777) seulement deux mere pounamu sont directement rattachés aux collectes du célèbre capitaine (dont aucune ne peut être localisée, voir Kaeppler, A. L., Artificial Curiosities, Honolulu, Bishop Museum, 1978, p. 191) ce qui suggère qu’elles n’ont pas été commercialisées à cette époque. Ces objets de famille étaient précieusement gardés. Ils indiquaient le haut grade de leur propriétaire et étaient souvent dotés de noms honorifiques. Au cours de la première moitié du XIXème siècle, lorsque les échanges avec les Européens s’intensifièrent, les mere pounamu commencèrent à être commercialisés ou offerts à titre de cadeau diplomatique. Voir par exemple deux mere pounamu comparables acquis par le Gouverneur de Nouvelle-Zélande, Sir George Grey et donnés au British Museum en 1854 (1854.12-29.2; 1854.12-29.5; Starzecka, Neich et Pendergrast 2010, nos.742, 745, pls.17 et 121). Voir également une très belle pièce comparable conservée au British Museum, no.739 (pl.120), décrite comme «très belle et très ancienne» par Roger Neich, les trois étant attribuées au XVIIIème siècle. La plupart des exemplaires les plus anciens (XVIIIème siècle et antérieur) à l’image de la massue présentée ici, sont restés en Nouvelle-Zélande, au sein de propriétés tribales ou dans des musées comme au Te Papa (www.collections.tepapa.govt.nz). Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, de nouvelles massues furent sculptées, dont certaines par des sculpteurs d’origine européenne basés à Dunedin, et mises en circulation. Elles se distinguent par leur épaisseur, la régularité de leur forme et leur lame aiguisée.
Bien qu’aucune date ne soit mentionnée dans le catalogue publié par le RUSI museum, le donateur était très probablement le 7ème Baron Byron, George Anson Byron (1789-1868), cousin du 6ème Lord Byron, le poète romantique. George Anson Byron était un officier de la marine (Capitaine en 1814, Contre-amiral en 1849, Amiral en 1862) qui accéda au titre de Baron à la mort du poète Lord Byron en 1824. La même année, il fut nommé commandant du HMS Blonde, navire chargé de ramener les corps du roi et de la reine d’Hawai, Liholiho (Kamehameha II) et Kamamalu tragiquement décédés de la rougeole lors d’une visite officielle en Angleterre en 1824. Le voyage dura de septembre 1824 à mars 1826. Le navire passa dix semaines à Hawai de mai à juin 1825, période durant laquelle Byron et ses officiers furent gracieusement reçus. Entre autres indulgences ils furent autorisés à collecter ce qu’ils souhaitaient dans le célèbre temple d’Hawai Hale-o-Keawe Keawe (voir Byron, G. A., Voyage of HMS Blonde to the Sandwich Islands, in the years 1824-1825, London, John Murray, 1826). Byron ne visita pas la Nouvelle-Zélande durant son voyage mais il mentionna dans son journal de bord Valparaiso à l’aller et au retour. Il est ainsi probable qu’il acquit cette massue maorie mere pounamu à Hawaii ou à Valparaiso –à cette époque certains objets polynésiens et des cadeaux diplomatiques circulaient dans le Pacifique. Lord Byron donna trois autres œuvres maories au RUSI : des lames en pierre (nos. 2609-2611, notamment deux en néphrite, également acquises par la suite par Hooper). Il ne semble pas que Byron ait effectué d’autres voyages dans le Pacifique, mais les objets Maori auraient pu d’ores et déjà appartenir à sa famille. En effet, il était le petit fil du Vice-Amiral John Byron (1723-1786) qui commanda le HMS Dolphin lors de sa circumnavigation en 1764-1766, précédant le voyage du Capitaine Wallis sur le même navire. Comme son petit-fils, John Byron ne visita pas la Nouvelle Zélande mais le mere aurait pu avoir été acquis auprès d’un autre officier de la marine ayant participé à la première visite de Cook en 1769.
Cette exceptionnelle massue mere pounamu est sculptée dans une superbe pièce de néphrite, un type de jade que les maoris recueillaient dans les rivières de la côte ouest du sud de la Nouvelle-Zélande. Le nom maori du sud de l’ile, Te Wai Pounamu signifant les Eaux de jade) indique la valeur de la néphrite pour les maoris. La poignée de ce mere est fine, avec des rainures sur le pommeau (reke) et un orifice, formé de deux cônes percés de part et d’autre, destiné à recevoir une dragonne. Comme habituellement avec les néphrites anciennes dont les trous n’étaient pas percés avec du métal, les cavités ne sont pas exactement face à face et se rencontrent là où les côtés se croisent. La transition entre le manche et de la lame est marquée par des épaules subtiles dont le corps s’évase progressivement jusqu’à former la lame destinée au combat.
La néphrite était hautement estimée par les Maoris, et bien que de nombreux patu (petites massues) faits de bois, d’os de baleine et de basalte furent échangés avec les européens lors des trois voyages de Cook (qui se rendit en Nouvelle-Zélande à plusieurs reprises entre 1769 et 1777) seulement deux mere pounamu sont directement rattachés aux collectes du célèbre capitaine (dont aucune ne peut être localisée, voir Kaeppler, A. L., Artificial Curiosities, Honolulu, Bishop Museum, 1978, p. 191) ce qui suggère qu’elles n’ont pas été commercialisées à cette époque. Ces objets de famille étaient précieusement gardés. Ils indiquaient le haut grade de leur propriétaire et étaient souvent dotés de noms honorifiques. Au cours de la première moitié du XIXème siècle, lorsque les échanges avec les Européens s’intensifièrent, les mere pounamu commencèrent à être commercialisés ou offerts à titre de cadeau diplomatique. Voir par exemple deux mere pounamu comparables acquis par le Gouverneur de Nouvelle-Zélande, Sir George Grey et donnés au British Museum en 1854 (1854.12-29.2; 1854.12-29.5; Starzecka, Neich et Pendergrast 2010, nos.742, 745, pls.17 et 121). Voir également une très belle pièce comparable conservée au British Museum, no.739 (pl.120), décrite comme «très belle et très ancienne» par Roger Neich, les trois étant attribuées au XVIIIème siècle. La plupart des exemplaires les plus anciens (XVIIIème siècle et antérieur) à l’image de la massue présentée ici, sont restés en Nouvelle-Zélande, au sein de propriétés tribales ou dans des musées comme au Te Papa (www.collections.tepapa.govt.nz). Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, de nouvelles massues furent sculptées, dont certaines par des sculpteurs d’origine européenne basés à Dunedin, et mises en circulation. Elles se distinguent par leur épaisseur, la régularité de leur forme et leur lame aiguisée.