DEUX PANNEAUX EN « PIETRA DURE » FORMANT PAIRE DU DEUXIEME QUART DU XVIIEME SIECLE
DEUX PANNEAUX EN « PIETRA DURE » FORMANT PAIRE DU DEUXIEME QUART DU XVIIEME SIECLE

ATTRIBUES A GIULIANO DI PIERO PANDOLFINI, PRAGUE OU FLORENCE

Details
DEUX PANNEAUX EN « PIETRA DURE » FORMANT PAIRE DU DEUXIEME QUART DU XVIIEME SIECLE
ATTRIBUES A GIULIANO DI PIERO PANDOLFINI, PRAGUE OU FLORENCE
En marqueterie de pierres dures, jaspes de Bohème, jaspe jaune de Sicile, bois silicifé dans un encadrement de marbre noir plaqué sur ardoise, le premier fgurant un pêcheur sur fond de maisons dans un paysage, le second un paysan assis et un personnage ramant sur un fond de maisons et de fortifcations dans paysage de rivière, le premier avec une étiquette inscrite No. 12 et le second avec une étiquette inscrite No. 14
28 x 21 cm. (11 x 8 ½ in.)
Provenance
Acquis vers 1900, puis par descendance
Literature
BIBLIOGRAPHIE COMPARATIVE :
M. Giusti, Pietra Dure, l’arte europea des mosaico negli arredi e nelle decorazioni al 1500 al 1800, Milan, 1992, pp. 135-153
W. Koeppe, A. Giusti, Art of the Royal Court, Treasures in Pietre Dure from the Palaces of Europe, New York, 2008, p. 219-225
A. Gonzalez-Palacios, Pittura per l’eternita, Le collezioni reali spagnole di mosaic e pietre dure, Milan, p. 83
Further details
A MATCHED PAIR OF SECOND QUARTER 17TH CENTURY PIETRA DURA PANELS, ATTRIBUTED TO PIERO PANDOLFINI, PRAGUE OR FIRENZE

Lot Essay

Ces deux plaques de mêmes dimensions ont vraisemblablement été conçues pour être des pendants et faire partie d’un même montage.

FLORENCE, UNE VILLE SPÉCIALISÉE DANS LA TAILLE DES PIERRES DURES
La marqueterie de pierres dures, dite « commesso di pietre dure », qui emploie des matériaux plus précieux que la simple mosaïque, remet à l’honneur une technique ancienne déjà utilisée dans l’Antiquité. Après avoir été tout d’abord remises au goût du jour à Rome, le Grand-duc Ferdinand Ier de Médicis ouvre un atelier à Florence qui développe ces techniques à partir de 1588. De grands projets sont décidés tels que la décoration de la chapelle privée des Médicis de l’église San Lorenzo, chef-d’oeuvre d’art total, véritable profusion de pierres dures inondant le sol, les murs et une partie de la voûte. Ferdinand encourage les arts et crée l’Opifcio delle pietre dure, un atelier spécialisé dans la production de plaques à partir de jaspes de Bohême et de Sicile, de calcédoine, et de nombreuses autres pierres semi-précieuses. Elles sont ensuite insérées dans des cabinets, cofrets, plateaux et objets et sont
considérées comme de véritables « tableaux de pierres ».

UNE EFFERVESCENCE ARTISTIQUE AUTOUR DE RODOLPHE II DE PRAGUE
Rodolphe II (1552-1612), empereur des Romains, s’installe dès son avènement en 1572 à Prague. L’efervescence artistique au sein de sa cour est telle que de nombreux artistes se déplacent pour venir exercer dans cette ville. A l’image du sculpteur Adrien de Vries, des forentins font le déplacement et l’Empereur confe la direction d’ateliers pragois à la famille Castrucci, vers 1592. Il eut certainement l’idée de fonder ses propres ateliers après le cadeau que lui fit Ferdinand de Médicis des premières oeuvres issues de l’atelier forentin et la mode, toujours croissante en Europe, de ces objets. Ces artisans venus de Florence permirent à la manufacture fondée par Rodolphe II de rester en activité jusque dans les années 1620. Les infuences sont réciproques puisque vers 1630, Giuliano Pandolfni va poursuivre son activité, non plus à Prague, mais à Florence, favorisant l’infuence des mosaïques d’Europe de l’Est sur les créations forentines.

LES ATELIERS CASTRUCCI ET PANDOLFINI
Les panneaux présentés sont ainsi dificilement attribuables étant donné les sources et échanges nombreux entre les cours pragoise et forentine. Mais il est possible de les rapprocher d’un corpus d’oeuvres. Certaines plaques possèdent les mêmes caractéristiques que celles ici présentées. L’une d’elles, conservée à Vaduz, attribuée à Cosimo Castrucci et datant du début du XVIIe siècle, reprend les mêmes principes de construction : des édifces perdus dans une nature aux arbres dentelés, des surfaces d’eau et la présence humaine, localisée et rare (Vaduz, Sammlungen des Regerienden Fürsten von Liechtenstein, ill. dans A. Giusti, Pietre dure. L’arte Europea del mosaico negli arredi e nelle decorazioni dal 1500 al 1800, Turin, 1992, pp. 150-151). D’autres conservées au musée du Prado à Madrid (A. Gonzalez-Palacios, Pittura per l’eternita, Milan, 2003, p. 83) ou dans la Kunstkammer du Kunsthistorisches Museum de Vienne (W. Koeppe, A. Giusti, Art of the Royal Court, New York, 2008, pp. 219-225) sont également construites sur le même principe.
Cependant, il semblerait que l’atelier dont se rapprochent le plus nos plaques soit celui de Pandolfni. Giuliano di Piero Pandolfni, gendre de Giovanni Castrucci, s’installe à Florence dans les années 1620 après avoir exercé à Prague. Les paysages sont une spécifcité des ateliers de Bohême, et Pandolfni a tout d’abord excellé dans cet art, avant de se spécialiser dans un style plus foral, propre à la ville de Florence. Un cabinet au Bayerisches Nationalmuseum de Munich illustre son travail (op. cit., W. Koeppe, A. Giusti,
2008, pp. 188-190), mais son oeuvre la plus célèbre reste le cabinet acquis par le prince Karl Ier von Liechtenstein vers 1623, toujours présent dans les collections princières (inv. SK599).


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