Lot Essay
L’apparition du groupe en marbre ici présent réalisé par l’un des sculpteurs les plus recherchés du XVIIIème siècle en France est une opportunité importante pour les collectionneurs de sculpture. Récemment découvert dans une collection privée française où il est resté pendant plus d’un siècle, ce groupe en marbre représentant Amour et Psyché ornait auparavant les salons de l’Hôtel d’Evreux, ancienne demeure de Madame de Pompadour et actuel Palais de l’Elysée, résidence officielle du président de la République française.
UNE RECONNAISSANCE ROYALE ET DES MECENES PRESTIGIEUX DANS TOUTE L’EUROPE
Issu d’une lignée d’artistes anversois, fils du peintre Jean-Pierre Tassaert et père du graveur Jean-François-Joseph Tassaert (1765-vers 1835), Jean-Pierre-Antoine Tassaert (1727-1788) quitte Anvers en 1751 pour se rendre à Londres. Il y est grandement influencé par le maître William Hogarth et aurait exécuté, selon Alexandre Lenoir, des sculptures pour le duc de Northumberland (Réau, loc. cit., p. 290). Il exerce ensuite ses talents à Paris au sein de l’atelier de Michel-Ange Slodtz (1705-1764) dans lequel il est chargé d’ébaucher les œuvres. En 1758, il épouse Marie Edme de Moreau (1736-1791), jeune peintre de miniatures très catholique qui a été élevée à l’abbaye de Fontevrault avec Mesdames de France, filles de Louis XV, dont elle est restée l’amie. Ils ont huit enfants. Tassaert est agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1769 et expose dès lors régulièrement au Salon. Ses œuvres sont très recherchées par les amateurs de l’époque, à l’image de l’abbé Joseph-Marie Terray (1715-1778) qui devient un de ses principaux mécènes et acquiert pour sa collection le fameux groupe représentant Pyrrha ou la Population conservé au musée du Louvre (ENT 1999.23), l’Allégorie de La Peinture et de la Sculpture, la figure de Vénus assise sur une coquille et une Baigneuse d’après Falconet. A la demande d’un second mécène, le fermier général Etienne-Michel Bouret qui souhaitait décorer le Pavillon du Roi de son château de Croix-Fontaine, Tassaert réalise une statue en marbre de Louis XV (Louis XVI donnera la statue à l’Ecole de Chirurgie de Paris, détruite le 10 août 1792) et son pendant, Madame de Pompadour en Diane (aujourd’hui disparue). Louis XV très satisfait du résultat des œuvres le fait entrer dans l’ordre de Saint-Louis.
L’art de Tassaert, reflétant à merveille l’esprit du XVIIIème siècle, séduit en dehors des frontières de la France. En Russie, le comte Alexandre Stroganoff (1733-1811) lui commande ainsi un portrait de Catherine II en Minerve pour sa prestigieuse collection. Le Prince Henri, frère de Frédéric le Grand, découvre ses ateliers lors d’une visite à Paris et le fait connaitre en Prusse. Puis en 1774, Tassaert est nommé sculpteur à la cour de Frédéric II de Prusse sur recommandation de d’Alembert en remplacement de Sigisbert Michel (1728-1811). Il s’installe définitivement à Berlin en 1775, où il devient membre d’honneur et recteur de l’Académie royale des Beaux-Arts. Il y prodigue un enseignement très recherché par les jeunes artistes européens, dont notamment le célèbre sculpteur prussien Johann Gottfried Schadow (1764-1850) qui reprendra son atelier après son décès en 1788. Tassaert travaille aussi bien pour le prince Henri de Prusse pour lequel il réalise des groupes mythologiques et allégoriques, pour le roi Frédéric II dont il exécute notamment un portrait en buste en 1786 (château de Berlin), que pour des particuliers. A la mort du roi, il conserve sa place auprès de Frédéric-Guillaume et décède alors qu’il travaillait au tombeau de son fils naturel, le jeune comte de La Marck, qui sera alors achevé par son élève Schadow.
UN EXEMPLE PARFAIT DE LA QUINTESSENCE DE L’ART DE TASSAERT
Tassaert, après avoir assimilé le style baroque de son maître Michel-Ange Slodtz, est influencé par les grands maîtres du classicisme hellénique tels que Phidias et Praxitèle. Il suit la mode universelle et irrésistible du retour à l’antique, comme les autres artistes de sa génération, et l’on observe ainsi dans son œuvre une évolution d’un style baroque vers la simplicité et la pureté des lignes. Notre groupe représentant Amour et Psyché, redécouvert il y a quelques mois, illustre à merveille cette double influence de l’artiste. En effet, Tassaert s’est fortement inspiré du groupe en marbre du IIe siècle avant J.- C. représentant Amour et Psyché (musée du Capitole) qu’il transpose pour créer une réelle dualité, une véritable complicité entre les personnages. Les jeux de regards, la sensualité au niveau des drapés, l’attachement par les gestes, conduisent le spectateur à tourner autour du groupe, à le considérer comme un ensemble unique et non pas comme deux figures distinctes. Le traitement alliant rondeur du modelé, finesse et légèreté, fait de notre groupe un remarquable témoignage du classicisme gracieux qui a assuré au sculpteur sa renommée internationale. Par ailleurs, le piédestal orné d’enfants, que l’on retrouve notamment sur sa sculpture de Pyrrha au Louvre, rappelle la manière de son maître Michel-Ange Slodtz par leur caractère charmant et la façon de traiter les boucles de la chevelure.
LE MYTHE D’AMOUR ET PSYCHE
L’histoire d’Amour et Psyché est tirée des Métamorphoses d’Apulée. Amour s’éprend malencontreusement de Psyché, une princesse d’une grande beauté. Il l’emmène dans son palais et lui rend visite toutes les nuits sans lui révéler son identité. Mais Psyché cherche à percer ce mystère et est abandonnée par Amour furieux d’avoir été trahi. Psyché décide alors de reconquérir son amour perdu et est soumise par Vénus à des épreuves initiatiques qui déboucheront sur le mariage des deux amants réunis. Ce mythe moral symbolise à la fois les dangers courus par la foi conjugale et la destinée de l’âme humaine. Le groupe en marbre d'Amour et Psyché du IIe siècle après J.-C., copie romaine d’un original grec, a été découvert en 1749 sur la colline de l’Aventin à Rome. Il est acquis par le pape Benoit XIV qui le donne au musée du Capitole. Il représente le baiser entre l’âme humaine (Psyché) et l’amour divin (Amour) et connait un grand succès de par son charme, sa passion et la jeunesse des personnages. Napoléon Bonaparte confisque cette œuvre et l’expose au Louvre en 1800. Elle est rendue au musée du Capitole de Rome en 1816. Le thème a largement été repris par les artistes, notamment en peinture par William Bouguereau, ou en sculpture par Tassaert avec le groupe ici présent ou par Antonio Canova (1757-1822) avec le groupe de Psyché ranimée par le baiser de l’Amour (musée du Louvre, M.R. 1777).
UN ECRIN EXCEPTIONNEL : L’HOTEL D’EVREUX, ACTUEL PALAIS DE L’ELYSEE
Notre sculpture est identifiée dans le catalogue de la vente après-décès de Monsieur Nicolas Beaujon (1718-1786) en 1787 comme étant placée dans le salon des Muses de l’Hôtel d’Evreux (loc. cit.) et avait précédemment été signalée dans la salle de billard parmi d’autres œuvres de l’artiste par Thiéry dans son Guide des étrangers (loc. cit.). La salle de billard était la première pièce à laquelle on accédait depuis le vestibule et révélait le goût raffiné de Beaujon tandis que le salon des Muses était consacré à la musique et servait d’écrin aux plus belles sculptures de la collection de Beaujon. Lami décrit quant à lui notre sculpture ainsi : « Zéphyre et Flore ou l’Amour et Psyché. Groupe en marbre. Haut. 5 pieds. Ce groupe, qui ornait la salle de billard de l’hôtel de M. de Beaujon, à Paris, fut vendu 3.606 livres à la vente après décès du financier, le mercredi 25 avril 1787 » (loc. cit.). Ce magnifique hôtel particulier, actuel palais de l’Elysée, a appartenu tour à tour au comte d’Evreux, à Madame de Pompadour (1721-1764) et à Louis XV (1710-1774) qui en a fait un hôtel des ambassadeurs extraordinaires, avant de s’en servir comme garde-meuble de la Couronne. Cet hôtel convoité pour son histoire, ses anciens propriétaires, ses décors et la beauté de ses jardins est racheté par Nicolas Beaujon en 1773.
NICOLAS BEAUJON : BANQUIER DU ROI ET GRAND COLLECTIONNEUR
Nicolas Beaujon, originaire de Bordeaux, fait rapidement fortune dans le commerce maritime. Il épouse Elisabeth Bontemps, fille du premier valet de chambre de Louis XV, gouverneur du palais des Tuileries, et nièce du maréchal de Varenne. La position de la famille Bontemps au sein de la Cour permet de favoriser l’ascension de Beaujon dans le milieu financier. Il est d’abord receveur des finances (fermier général), puis le roi lui accorde le titre de conseiller d’Etat suite aux services qu’il a rendus par des temps difficiles, pourvoyant à différentes dépenses concernant la guerre et la marine. Il devient finalement le banquier du Roi et de la Cour en 1770, devant soutenir les besoins croissants de l’Etat et conseiller dans les questions de finance et de commerce.
Il se porte acquéreur de l’hôtel d’Evreux en 1773 pour la somme d’un millions de livres par l’intermédiaire de l’abbé Terray agissant au nom du roi Louis XV. Il fait appel à l’architecte Etienne-Louis Boullée pour aménager et embellir cet hôtel dans lequel il forme l’une des grandes collections du XVIIIème siècle. Madame Vigée-Lebrun en fait alors l’éloge : « Je voulus visiter son bel hôtel, que j’avais toujours entendu citer pour sa magnificence : aucun particulier, en effet, n’était logé avec autant de luxe : tout était d’une grande richesse et d’un goût exquis » (E. de la Presle, op. cit., p. 110). Le goût de Beaujon se porte plus particulièrement sur les peintures flamandes et hollandaises aux provenances illustres, qu’il acquiert dans les grandes ventes de collectionneurs tels que le duc de Choiseul ou le prince de Conti, ainsi que sur la peinture française qu’il commande parfois directement aux artistes. Il collectionne également avec passion les sculptures en marbre des artistes du XVIIIème siècle (on en recense 26 lors de sa vente après-décès) pour orner les grandes pièces d’apparat de l’hôtel d’Evreux, à l’image de Tassaert. Ses relations avec l’abbé Terray, grand mécène de Tassaert ne sont peut-être pas étrangères à son goût pour cet artiste. Ce goût est confirmé par les commandes qu’il passe au gendre de Tassaert, Pierre-Ignace-Joseph Barbieux, dont l’œuvre a été profondément influencée par son beau-père. On note également son goût pour le modèle d’Amour et Psyché puisqu’il acquiert en 1777 un groupe réalisé en 1765 par Laurent Guiard (1723-1788), copie fidèle du groupe du Capitole.
Tassaert, par la perfection avec laquelle il a assimilé le goût français et le rôle qu’il a joué dans son expansion à l’étranger, est un des plus grands sculpteurs flamands du XVIIIème siècle. Preuve en est du nombre de ses œuvres passées en ventes aux enchères à la fin du XVIIIème siècle et disputées par des amateurs. Le groupe d’Amour et Psyché était en plus associée au nom de Nicolas Beaujon, qui était devenu un critère de qualité au XVIIIème siècle.
The appearance of the present marble group by one of the most sought after sculptors of 18th century France is an important opportunity for collectors of sculpture. Recently discovered in a private French collection where it had been for over a century, the marble group of Cupid and Psyche once adorned the rooms of the Hôtel d’Evreux, former home of Madame de Pompadour and today the official residence of the President of France, now known as the Palais de l’Elysée.
ROYAL FAVOUR AND PRESTIGIOUS PATRONS ACROSS EUROPE
Son of the painter Jean-Pierre Tassaert and father of the engraver Jean-François-Joseph Tassaert (1765-circa 1835), Jean-Pierre-Antoine Tassaert (1727-1788) left his native Antwerp and travelled to London in 1751, where he was strongly influenced by William Hogarth and, according to Alexandre Lenoir, probably worked for the Duke of Northumberland (Réau, loc. cit., p. 290). He is next recorded in Paris as a member of the sculpture workshop of Michel-Ange Slodtz (1705-1764), where he remained until 1764. In 1758 Tassaert married the young miniature painter Marie-Edmée Moreau (1736–1791), who had been raised at Fontevrault abbey with Mesdames of France, daughters of Louis XV, with whom she remained friends. Their marriage would produce eight children. Tassaert became a member of the Académie royale de peinture et sculpture in 1769 and started to exhibit regularly at the Salon from that year, and soon established a reputation for dramatic mythological and allegorical marbles. The influence of his father's style and his own international training resulted in an idiosyncratic and slightly retardataire blend of the Rococo style and the grand French Royal tradition. This graceful, decorative and majestic style was popular, and Tassaert was patronised by a distinguished list of French worthies. The abbot Joseph-Marie Terray (1715-1778) became one of his main patrons and acquired for his collection the famous group of Pyrrha or Population (Louvre museum, ENT 1999.23), the allegory of Painting and Sculpture, the figure of Venus seated on a shell and a Bather after Falconet. Tassaert also worked for a second major patron, the fermier-général Etienne-Michel Bouret, who wanted to decorate the Pavillon du Roi at his chateau of Croix-Fontaine. For him Tassaert made a marble figure of Louis XV (given by Louis XVI to the School of Surgery of Paris, destroyed 10 August 1792) and its pendant, Madame de Pompadour as Diana (unlocated). Tassaert’s marble of Louis XV is an elegant and proud image of the monarch, based on the Antique but enlivened by a Rococo sense of movement and drama. Louis XV was so pleased with these two sculptures that he made Tassaert a member of the order of Saint-Louis.
Tassaert’s reputation as a sculptor spread beyond the borders of France and was recognised throughout Europe. In Russia, Count Alexander Stroganoff (1733-1811) commissioned from him a portrait of Catherine II as Minerva for his prestigious collection. In 1774, Tassaert succeeded Sigisbert Michel when he was appointed Court Sculptor to Frederick the Great in Prussia, and after a career of almost 30 years in Paris he moved his family to Berlin where he became Rector of the Royal Academy of Fine Arts. As a teacher, Tassaert was sought after by numerous young European artists whom he trained. The most famous of his pupils was Gottfried Schadow (1764-1850) who would be his successor as court sculptor after Tassaert’s death in 1788.
A QUINTESSENTIAL EXAMPLE OF THE ART OF TASSAERT
Tassaert, after having assimilated the baroque style of his master Michel-Ange Slodtz, was also influenced by the grand masters of classical antiquity such as Phidias and Praxiteles. Re-discovered only a few months ago, the present group of Cupid and Psyche perfectly illustrates these two influences. Indeed, Tassaert used the Roman marble group of Cupid and Psyche from the 2nd century BC (Capitoline Museum, Rome) as an inspiration for his own group, creating a duality and complicity between the characters. The glances, the sensuality, the gestures all invite the viewer to turn around the group, to consider it as a single work and not as two individual figures. The curves, the delicacy and the lightness of the treatment make the present group a remarkable example of the graceful classicism which gave rise to the sculptor’s international fame. On the other hand, the pedestal with children, which is closely similar to the base of the group of Pyrrha in the Louvre, recalls the style of Michel-Ange Slodtz.
THE MYTH OF CUPID AND PSYCHE
The story of Cupid and Psyche comes from the Metamorphoses of Apuleius. Cupid accidentally falls in love with Psyche, the most beautiful woman in the world. He flies her away to his castle and comes to visit her every night without revealing his identity. Psyche tries to discover it and he leaves her banished from his castle, furious to have been betrayed. Psyche wants to reconquer her lost love and Venus assigns her impossible tasks that will lead to the marriage of the two lovers. This moral myth both symbolises the dangers of the conjugal faith and the destiny of the human soul. The marble group of Cupid and Psyche from the 2nd century BC, upon which the present marble was based, was discovered in 1749 on the Aventine Hill in Rome. It was given by Pope Benedict XIV to the Capitoline Museum in the same year. It depicts the kiss between the human soul (Psyche) and divine love (Cupid) and was celebrated for its charm, its passion and the youth of its characters. It was ceded to Napoleon Bonaparte under the terms of the Treaty of Tolentino and was displayed in the Louvre in 1800 but was sent back to the Capitoline Museum in Rome in 1816. The theme of Cupid and Psyche was much reproduced by artists, notably by the painter William Bouguereau, and by the sculptor Antonio Canova (1757-1822) whose group depicts Psyche revived by Cupid’s kiss (Louvre museum, M.R. 1777), as well as by Tassaert himself.
AN EXCEPTIONAL SETTING: THE HOTEL D’EVREUX, NOW THE ELYSEE PALACE, PARIS
The present marble group is recorded in 1787 in the catalogue of the posthumous sale of the collection of Monsieur Nicolas Beaujon (1718-1786) as being displayed in the salon des Muses of the Hôtel d’Evreux (loc. cit.) and was previously documented by Thiéry in his Guide des étrangers in the salle de billard (loc. cit.). The billiard room was the first room after the hall and revealed the refined taste of Beaujon, however the salon des Muses was dedicated to music and displayed the most beautiful sculptures of the collection. Lami described the group as follows : « Zéphyre et Flore ou l’Amour et Psyché. Groupe en marbre. Haut. 5 pieds. Ce groupe, qui ornait la salle de billard de l’hôtel de M. de Beaujon, à Paris, fut vendu 3.606 livres à la vente après décès du financier, le mercredi 25 avril 1787 » (loc. cit.). This beautiful hôtel particulier - today the official residence of the French President, thel Palais de l’Elysée - had previously belonged to the comte d’Evreux, to Madame de Pompadour (1721-1764) and to Louis XV (1710-1774). Celebrated for its history, its former owners, its decorations and the beauty of its gardens, the Hôtel d’Evreux was bought in 1773 by Nicolas Beaujon.
NICOLAS BEAUJON: BANKER TO THE COURT OF LOUIS XV AND ART COLLECTOR
Nicolas Beaujon, a native of Bordeaux, quickly developed a maritime commerce from which he became extremely wealthy. In 1753 he married Louise Elisabeth Bontemps, granddaughter of Alexandre Bontemps, Louis XIV's premier valet de chambre and Intendant of Versailles. Aided by the position of his wife’s family, Beaujon rapidly emerged as one of the richest men in France, playing a crucial role in the financing of the government of Louis XV, in particular by lending enormous sums during the Seven Years' War, which enabled the French Navy, bankrupt as was the rest of the government, to continue to function. During this period he was granted the lucrative post of fermier général and then gained entry into the Council of State under Louis XV. In 1770 he officially became banker of the King and his court.
In 1773, Beaujon negotiated the purchase of the Hotel d’Evreux from Louis XV through the offices of the Abbé Terray, who set a price of one million livres. Beaujon employed the architect Étienne-Louis Boullée to make substantial alterations to the buildings in which he amassed one of the most important art collections of the 18th century. Of the house, the painter Mme Vigée-Lebrun said: ‘I wanted to visit his beautiful hôtel, which I had heard noted for its magnificence: no other home, in fact, was fitted with such luxury: everything was of the greatest sumptuousness and exquisite taste’ (cited in the original French in E. de la Presle, op. cit., p. 110). Beaujon’s taste leaned toward Flemish and Netherlandish paintings, mainly purchased at auction from the most important collections of the time such as from the duc de Choiseul or the Prince de Conti, as well as French paintings which were often bought directly from the artist. He was also a great connoisseur of marble sculptures from 18th century artists which decorated the ceremonial rooms of the Hôtel d’Evreux; there were 26 such marbles listed in his posthumous sale including the present marble by Tassaert. His relationship with the Abbé Terray, great patron of Tassaert, may explain Beaujon’s acquisition of the present group. His admiration of Tassaert’s style is further confirmed by his commissions from Tassaert’s son-in-law, Pierre-Ignace-Joseph Barbieux, whose work was deeply influenced by his father-in-law. Beaujon seemed to have a special affinity for the theme of Cupid and Psyche as he also acquired a group of the same subject in 1777 which was executed by the sculptor Laurent Guiard (1723-1788) in 1765, a faithful copy of the antique group from the Capitoline museum.
Tassaert, by the perfection with which he assimilated French taste and the role he played in its dissemination abroad, is one of the greatest Flemish sculptors of the 18th century. Proof of his popularity is to be found in the number of his works which were contested at auction by some of the most discerning connoisseurs of the day. The present group of Cupid and Psyche can also be associated with the name of Nicolas Beaujon, himself a benchmark of artistic quality in the 18th century.
UNE RECONNAISSANCE ROYALE ET DES MECENES PRESTIGIEUX DANS TOUTE L’EUROPE
Issu d’une lignée d’artistes anversois, fils du peintre Jean-Pierre Tassaert et père du graveur Jean-François-Joseph Tassaert (1765-vers 1835), Jean-Pierre-Antoine Tassaert (1727-1788) quitte Anvers en 1751 pour se rendre à Londres. Il y est grandement influencé par le maître William Hogarth et aurait exécuté, selon Alexandre Lenoir, des sculptures pour le duc de Northumberland (Réau, loc. cit., p. 290). Il exerce ensuite ses talents à Paris au sein de l’atelier de Michel-Ange Slodtz (1705-1764) dans lequel il est chargé d’ébaucher les œuvres. En 1758, il épouse Marie Edme de Moreau (1736-1791), jeune peintre de miniatures très catholique qui a été élevée à l’abbaye de Fontevrault avec Mesdames de France, filles de Louis XV, dont elle est restée l’amie. Ils ont huit enfants. Tassaert est agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1769 et expose dès lors régulièrement au Salon. Ses œuvres sont très recherchées par les amateurs de l’époque, à l’image de l’abbé Joseph-Marie Terray (1715-1778) qui devient un de ses principaux mécènes et acquiert pour sa collection le fameux groupe représentant Pyrrha ou la Population conservé au musée du Louvre (ENT 1999.23), l’Allégorie de La Peinture et de la Sculpture, la figure de Vénus assise sur une coquille et une Baigneuse d’après Falconet. A la demande d’un second mécène, le fermier général Etienne-Michel Bouret qui souhaitait décorer le Pavillon du Roi de son château de Croix-Fontaine, Tassaert réalise une statue en marbre de Louis XV (Louis XVI donnera la statue à l’Ecole de Chirurgie de Paris, détruite le 10 août 1792) et son pendant, Madame de Pompadour en Diane (aujourd’hui disparue). Louis XV très satisfait du résultat des œuvres le fait entrer dans l’ordre de Saint-Louis.
L’art de Tassaert, reflétant à merveille l’esprit du XVIIIème siècle, séduit en dehors des frontières de la France. En Russie, le comte Alexandre Stroganoff (1733-1811) lui commande ainsi un portrait de Catherine II en Minerve pour sa prestigieuse collection. Le Prince Henri, frère de Frédéric le Grand, découvre ses ateliers lors d’une visite à Paris et le fait connaitre en Prusse. Puis en 1774, Tassaert est nommé sculpteur à la cour de Frédéric II de Prusse sur recommandation de d’Alembert en remplacement de Sigisbert Michel (1728-1811). Il s’installe définitivement à Berlin en 1775, où il devient membre d’honneur et recteur de l’Académie royale des Beaux-Arts. Il y prodigue un enseignement très recherché par les jeunes artistes européens, dont notamment le célèbre sculpteur prussien Johann Gottfried Schadow (1764-1850) qui reprendra son atelier après son décès en 1788. Tassaert travaille aussi bien pour le prince Henri de Prusse pour lequel il réalise des groupes mythologiques et allégoriques, pour le roi Frédéric II dont il exécute notamment un portrait en buste en 1786 (château de Berlin), que pour des particuliers. A la mort du roi, il conserve sa place auprès de Frédéric-Guillaume et décède alors qu’il travaillait au tombeau de son fils naturel, le jeune comte de La Marck, qui sera alors achevé par son élève Schadow.
UN EXEMPLE PARFAIT DE LA QUINTESSENCE DE L’ART DE TASSAERT
Tassaert, après avoir assimilé le style baroque de son maître Michel-Ange Slodtz, est influencé par les grands maîtres du classicisme hellénique tels que Phidias et Praxitèle. Il suit la mode universelle et irrésistible du retour à l’antique, comme les autres artistes de sa génération, et l’on observe ainsi dans son œuvre une évolution d’un style baroque vers la simplicité et la pureté des lignes. Notre groupe représentant Amour et Psyché, redécouvert il y a quelques mois, illustre à merveille cette double influence de l’artiste. En effet, Tassaert s’est fortement inspiré du groupe en marbre du IIe siècle avant J.- C. représentant Amour et Psyché (musée du Capitole) qu’il transpose pour créer une réelle dualité, une véritable complicité entre les personnages. Les jeux de regards, la sensualité au niveau des drapés, l’attachement par les gestes, conduisent le spectateur à tourner autour du groupe, à le considérer comme un ensemble unique et non pas comme deux figures distinctes. Le traitement alliant rondeur du modelé, finesse et légèreté, fait de notre groupe un remarquable témoignage du classicisme gracieux qui a assuré au sculpteur sa renommée internationale. Par ailleurs, le piédestal orné d’enfants, que l’on retrouve notamment sur sa sculpture de Pyrrha au Louvre, rappelle la manière de son maître Michel-Ange Slodtz par leur caractère charmant et la façon de traiter les boucles de la chevelure.
LE MYTHE D’AMOUR ET PSYCHE
L’histoire d’Amour et Psyché est tirée des Métamorphoses d’Apulée. Amour s’éprend malencontreusement de Psyché, une princesse d’une grande beauté. Il l’emmène dans son palais et lui rend visite toutes les nuits sans lui révéler son identité. Mais Psyché cherche à percer ce mystère et est abandonnée par Amour furieux d’avoir été trahi. Psyché décide alors de reconquérir son amour perdu et est soumise par Vénus à des épreuves initiatiques qui déboucheront sur le mariage des deux amants réunis. Ce mythe moral symbolise à la fois les dangers courus par la foi conjugale et la destinée de l’âme humaine. Le groupe en marbre d'Amour et Psyché du IIe siècle après J.-C., copie romaine d’un original grec, a été découvert en 1749 sur la colline de l’Aventin à Rome. Il est acquis par le pape Benoit XIV qui le donne au musée du Capitole. Il représente le baiser entre l’âme humaine (Psyché) et l’amour divin (Amour) et connait un grand succès de par son charme, sa passion et la jeunesse des personnages. Napoléon Bonaparte confisque cette œuvre et l’expose au Louvre en 1800. Elle est rendue au musée du Capitole de Rome en 1816. Le thème a largement été repris par les artistes, notamment en peinture par William Bouguereau, ou en sculpture par Tassaert avec le groupe ici présent ou par Antonio Canova (1757-1822) avec le groupe de Psyché ranimée par le baiser de l’Amour (musée du Louvre, M.R. 1777).
UN ECRIN EXCEPTIONNEL : L’HOTEL D’EVREUX, ACTUEL PALAIS DE L’ELYSEE
Notre sculpture est identifiée dans le catalogue de la vente après-décès de Monsieur Nicolas Beaujon (1718-1786) en 1787 comme étant placée dans le salon des Muses de l’Hôtel d’Evreux (loc. cit.) et avait précédemment été signalée dans la salle de billard parmi d’autres œuvres de l’artiste par Thiéry dans son Guide des étrangers (loc. cit.). La salle de billard était la première pièce à laquelle on accédait depuis le vestibule et révélait le goût raffiné de Beaujon tandis que le salon des Muses était consacré à la musique et servait d’écrin aux plus belles sculptures de la collection de Beaujon. Lami décrit quant à lui notre sculpture ainsi : « Zéphyre et Flore ou l’Amour et Psyché. Groupe en marbre. Haut. 5 pieds. Ce groupe, qui ornait la salle de billard de l’hôtel de M. de Beaujon, à Paris, fut vendu 3.606 livres à la vente après décès du financier, le mercredi 25 avril 1787 » (loc. cit.). Ce magnifique hôtel particulier, actuel palais de l’Elysée, a appartenu tour à tour au comte d’Evreux, à Madame de Pompadour (1721-1764) et à Louis XV (1710-1774) qui en a fait un hôtel des ambassadeurs extraordinaires, avant de s’en servir comme garde-meuble de la Couronne. Cet hôtel convoité pour son histoire, ses anciens propriétaires, ses décors et la beauté de ses jardins est racheté par Nicolas Beaujon en 1773.
NICOLAS BEAUJON : BANQUIER DU ROI ET GRAND COLLECTIONNEUR
Nicolas Beaujon, originaire de Bordeaux, fait rapidement fortune dans le commerce maritime. Il épouse Elisabeth Bontemps, fille du premier valet de chambre de Louis XV, gouverneur du palais des Tuileries, et nièce du maréchal de Varenne. La position de la famille Bontemps au sein de la Cour permet de favoriser l’ascension de Beaujon dans le milieu financier. Il est d’abord receveur des finances (fermier général), puis le roi lui accorde le titre de conseiller d’Etat suite aux services qu’il a rendus par des temps difficiles, pourvoyant à différentes dépenses concernant la guerre et la marine. Il devient finalement le banquier du Roi et de la Cour en 1770, devant soutenir les besoins croissants de l’Etat et conseiller dans les questions de finance et de commerce.
Il se porte acquéreur de l’hôtel d’Evreux en 1773 pour la somme d’un millions de livres par l’intermédiaire de l’abbé Terray agissant au nom du roi Louis XV. Il fait appel à l’architecte Etienne-Louis Boullée pour aménager et embellir cet hôtel dans lequel il forme l’une des grandes collections du XVIIIème siècle. Madame Vigée-Lebrun en fait alors l’éloge : « Je voulus visiter son bel hôtel, que j’avais toujours entendu citer pour sa magnificence : aucun particulier, en effet, n’était logé avec autant de luxe : tout était d’une grande richesse et d’un goût exquis » (E. de la Presle, op. cit., p. 110). Le goût de Beaujon se porte plus particulièrement sur les peintures flamandes et hollandaises aux provenances illustres, qu’il acquiert dans les grandes ventes de collectionneurs tels que le duc de Choiseul ou le prince de Conti, ainsi que sur la peinture française qu’il commande parfois directement aux artistes. Il collectionne également avec passion les sculptures en marbre des artistes du XVIIIème siècle (on en recense 26 lors de sa vente après-décès) pour orner les grandes pièces d’apparat de l’hôtel d’Evreux, à l’image de Tassaert. Ses relations avec l’abbé Terray, grand mécène de Tassaert ne sont peut-être pas étrangères à son goût pour cet artiste. Ce goût est confirmé par les commandes qu’il passe au gendre de Tassaert, Pierre-Ignace-Joseph Barbieux, dont l’œuvre a été profondément influencée par son beau-père. On note également son goût pour le modèle d’Amour et Psyché puisqu’il acquiert en 1777 un groupe réalisé en 1765 par Laurent Guiard (1723-1788), copie fidèle du groupe du Capitole.
Tassaert, par la perfection avec laquelle il a assimilé le goût français et le rôle qu’il a joué dans son expansion à l’étranger, est un des plus grands sculpteurs flamands du XVIIIème siècle. Preuve en est du nombre de ses œuvres passées en ventes aux enchères à la fin du XVIIIème siècle et disputées par des amateurs. Le groupe d’Amour et Psyché était en plus associée au nom de Nicolas Beaujon, qui était devenu un critère de qualité au XVIIIème siècle.
The appearance of the present marble group by one of the most sought after sculptors of 18th century France is an important opportunity for collectors of sculpture. Recently discovered in a private French collection where it had been for over a century, the marble group of Cupid and Psyche once adorned the rooms of the Hôtel d’Evreux, former home of Madame de Pompadour and today the official residence of the President of France, now known as the Palais de l’Elysée.
ROYAL FAVOUR AND PRESTIGIOUS PATRONS ACROSS EUROPE
Son of the painter Jean-Pierre Tassaert and father of the engraver Jean-François-Joseph Tassaert (1765-circa 1835), Jean-Pierre-Antoine Tassaert (1727-1788) left his native Antwerp and travelled to London in 1751, where he was strongly influenced by William Hogarth and, according to Alexandre Lenoir, probably worked for the Duke of Northumberland (Réau, loc. cit., p. 290). He is next recorded in Paris as a member of the sculpture workshop of Michel-Ange Slodtz (1705-1764), where he remained until 1764. In 1758 Tassaert married the young miniature painter Marie-Edmée Moreau (1736–1791), who had been raised at Fontevrault abbey with Mesdames of France, daughters of Louis XV, with whom she remained friends. Their marriage would produce eight children. Tassaert became a member of the Académie royale de peinture et sculpture in 1769 and started to exhibit regularly at the Salon from that year, and soon established a reputation for dramatic mythological and allegorical marbles. The influence of his father's style and his own international training resulted in an idiosyncratic and slightly retardataire blend of the Rococo style and the grand French Royal tradition. This graceful, decorative and majestic style was popular, and Tassaert was patronised by a distinguished list of French worthies. The abbot Joseph-Marie Terray (1715-1778) became one of his main patrons and acquired for his collection the famous group of Pyrrha or Population (Louvre museum, ENT 1999.23), the allegory of Painting and Sculpture, the figure of Venus seated on a shell and a Bather after Falconet. Tassaert also worked for a second major patron, the fermier-général Etienne-Michel Bouret, who wanted to decorate the Pavillon du Roi at his chateau of Croix-Fontaine. For him Tassaert made a marble figure of Louis XV (given by Louis XVI to the School of Surgery of Paris, destroyed 10 August 1792) and its pendant, Madame de Pompadour as Diana (unlocated). Tassaert’s marble of Louis XV is an elegant and proud image of the monarch, based on the Antique but enlivened by a Rococo sense of movement and drama. Louis XV was so pleased with these two sculptures that he made Tassaert a member of the order of Saint-Louis.
Tassaert’s reputation as a sculptor spread beyond the borders of France and was recognised throughout Europe. In Russia, Count Alexander Stroganoff (1733-1811) commissioned from him a portrait of Catherine II as Minerva for his prestigious collection. In 1774, Tassaert succeeded Sigisbert Michel when he was appointed Court Sculptor to Frederick the Great in Prussia, and after a career of almost 30 years in Paris he moved his family to Berlin where he became Rector of the Royal Academy of Fine Arts. As a teacher, Tassaert was sought after by numerous young European artists whom he trained. The most famous of his pupils was Gottfried Schadow (1764-1850) who would be his successor as court sculptor after Tassaert’s death in 1788.
A QUINTESSENTIAL EXAMPLE OF THE ART OF TASSAERT
Tassaert, after having assimilated the baroque style of his master Michel-Ange Slodtz, was also influenced by the grand masters of classical antiquity such as Phidias and Praxiteles. Re-discovered only a few months ago, the present group of Cupid and Psyche perfectly illustrates these two influences. Indeed, Tassaert used the Roman marble group of Cupid and Psyche from the 2nd century BC (Capitoline Museum, Rome) as an inspiration for his own group, creating a duality and complicity between the characters. The glances, the sensuality, the gestures all invite the viewer to turn around the group, to consider it as a single work and not as two individual figures. The curves, the delicacy and the lightness of the treatment make the present group a remarkable example of the graceful classicism which gave rise to the sculptor’s international fame. On the other hand, the pedestal with children, which is closely similar to the base of the group of Pyrrha in the Louvre, recalls the style of Michel-Ange Slodtz.
THE MYTH OF CUPID AND PSYCHE
The story of Cupid and Psyche comes from the Metamorphoses of Apuleius. Cupid accidentally falls in love with Psyche, the most beautiful woman in the world. He flies her away to his castle and comes to visit her every night without revealing his identity. Psyche tries to discover it and he leaves her banished from his castle, furious to have been betrayed. Psyche wants to reconquer her lost love and Venus assigns her impossible tasks that will lead to the marriage of the two lovers. This moral myth both symbolises the dangers of the conjugal faith and the destiny of the human soul. The marble group of Cupid and Psyche from the 2nd century BC, upon which the present marble was based, was discovered in 1749 on the Aventine Hill in Rome. It was given by Pope Benedict XIV to the Capitoline Museum in the same year. It depicts the kiss between the human soul (Psyche) and divine love (Cupid) and was celebrated for its charm, its passion and the youth of its characters. It was ceded to Napoleon Bonaparte under the terms of the Treaty of Tolentino and was displayed in the Louvre in 1800 but was sent back to the Capitoline Museum in Rome in 1816. The theme of Cupid and Psyche was much reproduced by artists, notably by the painter William Bouguereau, and by the sculptor Antonio Canova (1757-1822) whose group depicts Psyche revived by Cupid’s kiss (Louvre museum, M.R. 1777), as well as by Tassaert himself.
AN EXCEPTIONAL SETTING: THE HOTEL D’EVREUX, NOW THE ELYSEE PALACE, PARIS
The present marble group is recorded in 1787 in the catalogue of the posthumous sale of the collection of Monsieur Nicolas Beaujon (1718-1786) as being displayed in the salon des Muses of the Hôtel d’Evreux (loc. cit.) and was previously documented by Thiéry in his Guide des étrangers in the salle de billard (loc. cit.). The billiard room was the first room after the hall and revealed the refined taste of Beaujon, however the salon des Muses was dedicated to music and displayed the most beautiful sculptures of the collection. Lami described the group as follows : « Zéphyre et Flore ou l’Amour et Psyché. Groupe en marbre. Haut. 5 pieds. Ce groupe, qui ornait la salle de billard de l’hôtel de M. de Beaujon, à Paris, fut vendu 3.606 livres à la vente après décès du financier, le mercredi 25 avril 1787 » (loc. cit.). This beautiful hôtel particulier - today the official residence of the French President, thel Palais de l’Elysée - had previously belonged to the comte d’Evreux, to Madame de Pompadour (1721-1764) and to Louis XV (1710-1774). Celebrated for its history, its former owners, its decorations and the beauty of its gardens, the Hôtel d’Evreux was bought in 1773 by Nicolas Beaujon.
NICOLAS BEAUJON: BANKER TO THE COURT OF LOUIS XV AND ART COLLECTOR
Nicolas Beaujon, a native of Bordeaux, quickly developed a maritime commerce from which he became extremely wealthy. In 1753 he married Louise Elisabeth Bontemps, granddaughter of Alexandre Bontemps, Louis XIV's premier valet de chambre and Intendant of Versailles. Aided by the position of his wife’s family, Beaujon rapidly emerged as one of the richest men in France, playing a crucial role in the financing of the government of Louis XV, in particular by lending enormous sums during the Seven Years' War, which enabled the French Navy, bankrupt as was the rest of the government, to continue to function. During this period he was granted the lucrative post of fermier général and then gained entry into the Council of State under Louis XV. In 1770 he officially became banker of the King and his court.
In 1773, Beaujon negotiated the purchase of the Hotel d’Evreux from Louis XV through the offices of the Abbé Terray, who set a price of one million livres. Beaujon employed the architect Étienne-Louis Boullée to make substantial alterations to the buildings in which he amassed one of the most important art collections of the 18th century. Of the house, the painter Mme Vigée-Lebrun said: ‘I wanted to visit his beautiful hôtel, which I had heard noted for its magnificence: no other home, in fact, was fitted with such luxury: everything was of the greatest sumptuousness and exquisite taste’ (cited in the original French in E. de la Presle, op. cit., p. 110). Beaujon’s taste leaned toward Flemish and Netherlandish paintings, mainly purchased at auction from the most important collections of the time such as from the duc de Choiseul or the Prince de Conti, as well as French paintings which were often bought directly from the artist. He was also a great connoisseur of marble sculptures from 18th century artists which decorated the ceremonial rooms of the Hôtel d’Evreux; there were 26 such marbles listed in his posthumous sale including the present marble by Tassaert. His relationship with the Abbé Terray, great patron of Tassaert, may explain Beaujon’s acquisition of the present group. His admiration of Tassaert’s style is further confirmed by his commissions from Tassaert’s son-in-law, Pierre-Ignace-Joseph Barbieux, whose work was deeply influenced by his father-in-law. Beaujon seemed to have a special affinity for the theme of Cupid and Psyche as he also acquired a group of the same subject in 1777 which was executed by the sculptor Laurent Guiard (1723-1788) in 1765, a faithful copy of the antique group from the Capitoline museum.
Tassaert, by the perfection with which he assimilated French taste and the role he played in its dissemination abroad, is one of the greatest Flemish sculptors of the 18th century. Proof of his popularity is to be found in the number of his works which were contested at auction by some of the most discerning connoisseurs of the day. The present group of Cupid and Psyche can also be associated with the name of Nicolas Beaujon, himself a benchmark of artistic quality in the 18th century.