Lot Essay
Cette œuvre sera incluse au Catalogue Critique de l'Œuvre Sculpté d'Auguste Rodin actuellement en préparation à la galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay sous le numéro 2015-4697B.
Dans la pensée d'Auguste Rodin, le groupe Le baiser devait faire partie de La porte de l'enfer et y représenter l'épisode tragique de Paolo et Francesca décrit dans le Vème chant de L'enfer de Dante. Francesca, fille de Guido de Polenta, avait été mariée à Gianciotto Malatesta, seigneur de Rimini, qui la confia à son frère, le jeune et beau Paolo. Francesca et Paolo s'éprirent l'un de l'autre en lisant des romans d'amour courtois, et, alors qu'ils échangeaient un premier baiser, ils furent surpris par Gianciotto qui les poignarda.
Rodin choisit de représenter les jeunes gens au moment où ils prennent conscience de leurs sentiments. Nous sommes en 1882 lorsque Rodin imagine cette œuvre et la conception de La porte de l'enfer prend tout juste forme. Visible dans la troisième maquette de La porte, le couple est placé au centre du vantail gauche. Finalement Rodin n'incorpora pas le groupe dans La porte. Peut-être parce-qu'il manquait du caractère dramatique qui est celui de l'ensemble; peut-être aussi à cause d'une forme générale trop autonome pour fonctionner avec les autres personnages. "Sans doute l'enlacement du Baiser est très joli mais dans ce groupe je n'ai rien trouvé. C'est un thème traité souvent suivant la tradition scolaire, un sujet complet en lui-même et artificiellement isolé du monde qui l'entoure: c'est un grand bibelot sculpté suivant la forme habituelle et qui retient étroitement l'attention sur les deux personnages" déclare Rodin en parlant de l'une de ses plus célèbres sculptures (cité in La revue, 1er novembre 1907).
L'œuvre fut exposée pour la première fois à Paris en 1887 et prit alors le titre de Baiser. Elle suscita un fort intérêt de la part de la critique qui s'étonna de l'absence de références historiques, d'éléments de décor ou de costumes. Le grand public fut entièrement conquis et la direction des Beaux-Arts commanda à l'artiste une épreuve, au double, en marbre (aujourd'hui conservée au musée Rodin). Deux autres marbres seront par la suite commandés par l'anglais Edward Perry pour sa propre collection (aujourd'hui conservée à la Tate Gallery de Londres) et par Carl Jacobsen pour la glyptothèque qu'il constituait à Copenhague. Le succès de l'oeuvre fut tel que de nombreuses réductions furent réalisées. La fonderie Leblanc-Barbedienne proposa un contrat à Rodin sur vingt ans pour commercialiser deux réductions. Deux autres tailles furent ensuite ajoutées et exploitées jusqu'en 1918, date de la fin du contrat.
Rodin lui-même eut beau souligner le côté très traditionnel du Baiser, celui-ci n'en demeure pas moins l'une de ses œuvres emblématiques, qui connut une véritable postérité au XXe siècle, de La tendresse de Joseph Bernard, du Désir d'Aristide Maillol aux Amants de Raymond Duchamp-Villon.
Auguste Rodin's initial idea was for the group The kiss to form part of The Gates of hell and to represent the tragic episode of the story of Paolo and Francesca described in the 5th canto of Dante's Inferno. Francesca, daughter of Guido da Polenta was married to Gianciotto Malatatesta, lord of Rimini, who entrusted her to his brother, the young and handsome Paolo. Francesca and Paolo fell in love while reading chivalrous love novels; as they were exchanging their first kiss, they were surprised by Gianciotto who stabbed them to death.
Rodin chose to represent the couple at the moment where they become aware of their feelings. Rodin conceived this work in 1882, just as the conception of the Gates of hell was taking shape. In the third model of the The Gates, the couple is placed at the centre of the left wing. In the end, Rodin did not incorporate the group in The Gates, perhaps because it lacked the dramatic character of the ensemble: perhaps also because of a general form that was too autonomous to work well with the other characters. "The embrace of The kiss is very nice, but in this group I have found nothing. This theme is traditionally often treated in art schools, it is a complete subject in itself, artificially separated from its surrounding world: it is a large object of decoration sculpted in the usual manner, drawing close attention to the two characters" commented Rodin (Rodin, La Revue, 1st November 1907).
The work was first shown in Paris in 1887 and was entitled The kiss. It attracted strong interest from critics, who expressed surprise at the lack of historical references, or of elements of décor or costume. The public was completely won over and the Beaux-Arts commissioned a marble, twice the size (now at the Musée Rodin). Two other marbles were then commissioned by the Englishman Edward Perry for his own collection (now at the Tate Gallery London) and by Carl Jacobsen for the sculpture collection he was creating in Copenhagen. The work was such a success that numerous smaller versions were produced. The Leblanc-Bardienne foundry offered Rodin a 20-year contract to market two smaller versions. Two other sizes were then added and continued to be produced until 1918, when the contract ended.
Rodin himself underlined the very traditional aspect of The kiss, it nevertheless remains one of his signature works, and possesses a true legacy in the 20th century, ranging from La tendresse (Tenderness) by Joseph Bernard or Désir (Desire) by Aristide Maillol to Amants (Lovers) by Raymond Duchamp-Villon.
Dans la pensée d'Auguste Rodin, le groupe Le baiser devait faire partie de La porte de l'enfer et y représenter l'épisode tragique de Paolo et Francesca décrit dans le Vème chant de L'enfer de Dante. Francesca, fille de Guido de Polenta, avait été mariée à Gianciotto Malatesta, seigneur de Rimini, qui la confia à son frère, le jeune et beau Paolo. Francesca et Paolo s'éprirent l'un de l'autre en lisant des romans d'amour courtois, et, alors qu'ils échangeaient un premier baiser, ils furent surpris par Gianciotto qui les poignarda.
Rodin choisit de représenter les jeunes gens au moment où ils prennent conscience de leurs sentiments. Nous sommes en 1882 lorsque Rodin imagine cette œuvre et la conception de La porte de l'enfer prend tout juste forme. Visible dans la troisième maquette de La porte, le couple est placé au centre du vantail gauche. Finalement Rodin n'incorpora pas le groupe dans La porte. Peut-être parce-qu'il manquait du caractère dramatique qui est celui de l'ensemble; peut-être aussi à cause d'une forme générale trop autonome pour fonctionner avec les autres personnages. "Sans doute l'enlacement du Baiser est très joli mais dans ce groupe je n'ai rien trouvé. C'est un thème traité souvent suivant la tradition scolaire, un sujet complet en lui-même et artificiellement isolé du monde qui l'entoure: c'est un grand bibelot sculpté suivant la forme habituelle et qui retient étroitement l'attention sur les deux personnages" déclare Rodin en parlant de l'une de ses plus célèbres sculptures (cité in La revue, 1er novembre 1907).
L'œuvre fut exposée pour la première fois à Paris en 1887 et prit alors le titre de Baiser. Elle suscita un fort intérêt de la part de la critique qui s'étonna de l'absence de références historiques, d'éléments de décor ou de costumes. Le grand public fut entièrement conquis et la direction des Beaux-Arts commanda à l'artiste une épreuve, au double, en marbre (aujourd'hui conservée au musée Rodin). Deux autres marbres seront par la suite commandés par l'anglais Edward Perry pour sa propre collection (aujourd'hui conservée à la Tate Gallery de Londres) et par Carl Jacobsen pour la glyptothèque qu'il constituait à Copenhague. Le succès de l'oeuvre fut tel que de nombreuses réductions furent réalisées. La fonderie Leblanc-Barbedienne proposa un contrat à Rodin sur vingt ans pour commercialiser deux réductions. Deux autres tailles furent ensuite ajoutées et exploitées jusqu'en 1918, date de la fin du contrat.
Rodin lui-même eut beau souligner le côté très traditionnel du Baiser, celui-ci n'en demeure pas moins l'une de ses œuvres emblématiques, qui connut une véritable postérité au XXe siècle, de La tendresse de Joseph Bernard, du Désir d'Aristide Maillol aux Amants de Raymond Duchamp-Villon.
Auguste Rodin's initial idea was for the group The kiss to form part of The Gates of hell and to represent the tragic episode of the story of Paolo and Francesca described in the 5th canto of Dante's Inferno. Francesca, daughter of Guido da Polenta was married to Gianciotto Malatatesta, lord of Rimini, who entrusted her to his brother, the young and handsome Paolo. Francesca and Paolo fell in love while reading chivalrous love novels; as they were exchanging their first kiss, they were surprised by Gianciotto who stabbed them to death.
Rodin chose to represent the couple at the moment where they become aware of their feelings. Rodin conceived this work in 1882, just as the conception of the Gates of hell was taking shape. In the third model of the The Gates, the couple is placed at the centre of the left wing. In the end, Rodin did not incorporate the group in The Gates, perhaps because it lacked the dramatic character of the ensemble: perhaps also because of a general form that was too autonomous to work well with the other characters. "The embrace of The kiss is very nice, but in this group I have found nothing. This theme is traditionally often treated in art schools, it is a complete subject in itself, artificially separated from its surrounding world: it is a large object of decoration sculpted in the usual manner, drawing close attention to the two characters" commented Rodin (Rodin, La Revue, 1st November 1907).
The work was first shown in Paris in 1887 and was entitled The kiss. It attracted strong interest from critics, who expressed surprise at the lack of historical references, or of elements of décor or costume. The public was completely won over and the Beaux-Arts commissioned a marble, twice the size (now at the Musée Rodin). Two other marbles were then commissioned by the Englishman Edward Perry for his own collection (now at the Tate Gallery London) and by Carl Jacobsen for the sculpture collection he was creating in Copenhagen. The work was such a success that numerous smaller versions were produced. The Leblanc-Bardienne foundry offered Rodin a 20-year contract to market two smaller versions. Two other sizes were then added and continued to be produced until 1918, when the contract ended.
Rodin himself underlined the very traditional aspect of The kiss, it nevertheless remains one of his signature works, and possesses a true legacy in the 20th century, ranging from La tendresse (Tenderness) by Joseph Bernard or Désir (Desire) by Aristide Maillol to Amants (Lovers) by Raymond Duchamp-Villon.