Valentine Hugo (1887-1968)
Valentine Hugo (1887-1968)

Portrait de Myrtille Hugnet

Details
Valentine Hugo (1887-1968)
Portrait de Myrtille Hugnet
huile sur toile
46 x 33 cm.
Exécuté en 1954

oil on canvas
18 1/8 x 13 in.
Executed in 1954
Provenance
Don de l'artiste.
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
A. de Margerie, Valentine Hugo, 1887-1968, Paris, 1983, p. 42, no. 25 (illustré, p. 99).

Lot Essay

«Valentine travaillait lentement. Certaines fois. A dire vrai, Valentine travaillait assidûment. En font preuve les si nombreuses lithographies et gravures – qu’elle tirait elle-même – réalisées. Et toutes demandant de nombreuses heures de travail très attentionné. Il faut avouer qu’elle se dispersait beaucoup et que chacun devait attendre longtemps ce qu’il avait demandé. Je me souviens de la commande d’une pochette de disque pour Lakmé, l’opéra-comique de Léo Delibes. L’idée fut trouvée très vite : des fleurs de datura, la fleur poison. Mais d’autres projets la distrayant, elle remettait de jour en jour ce qui pour elle était peu de choses à faire, deux fleurs à dessiner, et je ne suis pas certaine qu’elle l’ait jamais fait.
En revanche, un jour, je lui demandai de dessiner un centaure destiné à orner le pavillon de propriétaire d’un bateau ami. C’était pour rien, rien que pour le plaisir, rien que pour me faire plaisir, j’ai eu mon centaure dans les quarante-huit heures. Le jour de la mort de Valentine, ce pavillon fut mis en berne.
Tandis qu’elle parlait et que je posais, mes yeux ne pouvaient se détacher des objets sur les meubles, des tableaux sur les murs, tous précieux par leur histoire […]
Valentine, elle, aimait réellement les plantes, main verte s’il en fut. D’une olive, d’un noyau d’avocat, d’une graine de citron poussaient un olivier, un avocatier, un citronnier… Les lianes couraient au plafond du grand salon. Elle dessinait les feuilles, les fleurs, les fruits mieux que personne, leur donnant, semble-t-il, une âme, un sentiment. Cela aussi était un lien entre nous, car moi-même j’étais très attachée aux fleurs que je connaissais fort bien, que je dessinais très simplement, comme pour illustrer un livre de botanique. Elle m’encourageait à continuer, mais me disait : «Je sais à quel point c’est difficile de travailler pour soi lorsqu’il faut aider son mari». Il est vrai qu’à cette époque j’étais le plus souvent devant une machine à écrire pour L’Aventure Dada, parue en 1957, pour les nombreux articles qu’écrivait mon mari et pour le Dictionnaire du dadaïsme que je terminai seule après sa mort et qui fut publié en 1976.
Je pourrai aussi parler du rhinocéros du zoo de Vincennes à qui elle avait donné des roses. Mais je ne l’y ai jamais accompagnée. Elle lui vouait une profonde tendresse.
Les après-midi que je passais auprès de Valentine étaient faites de tout cela.»
Myrtille Hugnet, De Valentine Gross à Valentine Hugo, Paris, 2000, p. 87-92.

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