![Pierre Colle (1909-1948?). 35 lettres et cartes autographes signées « Ton Pierre » à son « cher petit Georges » [Hugnet], la plupart sans date [1926-1928], 6 d’entre elles datées 1927 ; un portrait photographique de Colle avec envoi à Hugnet ; 7 feuillets autographes de poèmes ; 7 feuillets tapuscrits.](https://www.christies.com/img/LotImages/2015/PAR/2015_PAR_12467_0188_000(pierre_colle_35_lettres_et_cartes_autographes_signees_ton_pierre_a_son065623).jpg?w=1)
Ecris-tu ? Il le faut. Tu es un des premiers poètes de maintenant et tu dois écrire, toi.
Pierre Colle (1909-1948?). 35 lettres et cartes autographes signées « Ton Pierre » à son « cher petit Georges » [Hugnet], la plupart sans date [1926-1928], 6 d’entre elles datées 1927 ; un portrait photographique de Colle avec envoi à Hugnet ; 7 feuillets autographes de poèmes ; 7 feuillets tapuscrits.
細節
Pierre Colle (1909-1948?). 35 lettres et cartes autographes signées « Ton Pierre » à son « cher petit Georges » [Hugnet], la plupart sans date [1926-1928], 6 d’entre elles datées 1927 ; un portrait photographique de Colle avec envoi à Hugnet ; 7 feuillets autographes de poèmes ; 7 feuillets tapuscrits.
Encre brune et bleue sur papier de divers formats et qualités, certaines sur papier à en-tête (Grand Hôtel du Commerce à Douarnenez ; Grand Café Noailles à Marseille ; Hôtel d’Europe en Avignon). Avec enveloppes.
PASSIONNANTE CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE INÉDITE ENTRE DEUX JEUNES POÈTES.
Pierre Colle, jeune poète de 18 ans découvert par Max Jacob, adresse au non moins jeune Hugnet, 21 ans, son admiration, puis son amitié, ses poèmes, ses émois amoureux et ses jugements sur la vie littéraire de l’époque. Trois lettres comportent des mots autographes de Max Jacob. Pierre Colle deviendra par la suite marchand de tableaux.
- 15 octobre 1926 [cachet], pneumatique : « Monsieur, j’ai lu vos poèmes chez Max et dans la Ligne du cœur dont je fais partie. Je les aime beaucoup et ai demandé votre adresse à Max pour pouvoir vous féliciter de vive voix et vous connaître… »
- 5 janvier 1927 : « Je pars et vous donne mon amitié. […] Puissiez-vous, avec votre talent, ne pas vous désintéresser de moi. […] je n’ai pas vu l’exposition Cocteau ; je le regrette infiniment parceque j’aime beaucoup ses dessins. Les vôtres sont magnifiques. Du reste à Paris je n’ai rien vu. […] Je n’ai vu qu’un beau Chirico à la révolution surréaliste. Mais vraiment je préfère Masson. [Il lui envoie un poème, mais] j’ai horreur de ce que je fais et cherche à sortir de cette ornière même en tombant dans Cocteau, Max, Reverdy ou Eluard. »
- 29 avril 1927 [cachet] : « Lettre de Max. Il gueule après mon poème. Il a horreur de ça. Alors il ne le prend pas pour le Roseau (c’est ce que j’en conclus). S’il t’intéresse toujours pour les Chroniques du Jour je te l’enverrai. J’ai vu Pagnol aux Cahiers [du Sud] et il a l’air d’un monsieur bien bête ! »
- 12 septembre 1927 : Pierre Colle, Paul Sabon et Robert Honnert lui écrivent une lettre conjointe lui demandant de participer à la revue qu’ils veulent fonder « Il est inutile de te dire l’importance de cette revue, la première où tous les ‘consacrés’ seront exclus (Exclusion de Reverdy. Eluard. Claudel. Cocteau. Henri de Regnier, Max Jacob, Musset, Byron, J.B. Rousseau et Supervielle sans considérations d’amitiés). »
- 9 novembre 1927 : « Comme je te comprends ! Je subis en ce moment la même crise que toi. Je suis écœuré par le mensonge. Cocteau, Max aussi, hélas, me lassent, m’ennuient. Max m’écrit des lettres de Tartuffe : ‘Cher ami… en art dans la vie ne compte que sur toi… puisque tu ne te trouves pas de situation, rentre en philosophie,… Je n’écris plus à personne pour ta situation… Les gens ne tiennent jamais leur promesse, aussi je ne peux rien faire pour toi… Pense un peu plus à la poésie, un peu moins aux femmes…’ etc… J’ai su qu’en parlant de moi, il a dit ‘Pierre Colle, homme de bordel ...’ Tout cela à cause de mon amour des femmes. Je ne vais pourtant pas me faire enculer pour lui faire plaisir ! Il y a entre nous une lutte de sexe ! Je ne m’attendais pas à ce changement de la part de Max ! Lui que j’aime tant et avec qui j’ai toujours été gentil. […] Il ne faut pas parler de ne plus écrire ! Tu es un grand poète et tu dois écrire. […] Moi-même, qui méprise assez ma poésie, cette idée ne m’est jamais venue ! Je ne te comprends pas ! Ecrire n’est pas vain. Il n'y a de vain que la littérature, les cafés littéraires, les chambres littéraires. »
- 18 novembre 1927 [cachet postal] : « J’ai écrit une lettre assez dure à Max que je regrette maintenant. Tant pis pour moi. Je n’ai d’énergie que pour me faire du mal ! […] Tu ne parles pas de ton livre. Est-il pris ? Comment, quand parait-il ? »
- Sans date « Nous avons trouvé ici un petit imprimeur qui fait des ouvrages de luxes à pas trop cher. Je lui ai demandé des devis. Je ne te cache pas que je ne veux pas perdre d’argent et que pour éditer un Tzara ou un Éluard par exemple, qui ne se vendent pas […], j’éditerais Cocteau, Claudel, Valéry, Salmon, s’ils me confiaient leurs manuscrits… »
- Sans date « Cette histoire de boutique de tableaux m’enchante pour toi. Tu connais beaucoup de peintres et ils te prêteront sûrement leurs toiles. C’est un métier intéressant autant que l’est un métier d’argent. Si j’avais des capitaux et que tu veuilles de moi nous aurions pu faire quelque chose ensemble. »
- Sand date. « J’ai trouvé Max à Quimper et je l’ai fait venir immédiatement. Il va rester ici tout le mois d’août j’espère. Nous parlons très souvent de toi. Il t’aime beaucoup et m’a dit des choses charmantes de toi. […] Il te trouve un grand talent […]. Il a fait des gouaches très belles et il commence à les aimer ce qui est étonnant. Il m’a parlé de mes poèmes et j’ai réfléchi beaucoup à ses critiques. Et j’ai trouvé ce que je cherchais depuis six mois. Je ne veux plus faire que des choses grandes, genre ‘léger silence’ en plus sévère. J’en ai assez de cette préciosité ridicule et impersonnel [sic]. Tant pis si on n’aime plus mes poèmes et si Maritain n’en veut plus… »
[On joint :] 5 lettres adressées à Hugnet par divers amis, dont 2 de Pierre Charbonnier.
Encre brune et bleue sur papier de divers formats et qualités, certaines sur papier à en-tête (Grand Hôtel du Commerce à Douarnenez ; Grand Café Noailles à Marseille ; Hôtel d’Europe en Avignon). Avec enveloppes.
PASSIONNANTE CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE INÉDITE ENTRE DEUX JEUNES POÈTES.
Pierre Colle, jeune poète de 18 ans découvert par Max Jacob, adresse au non moins jeune Hugnet, 21 ans, son admiration, puis son amitié, ses poèmes, ses émois amoureux et ses jugements sur la vie littéraire de l’époque. Trois lettres comportent des mots autographes de Max Jacob. Pierre Colle deviendra par la suite marchand de tableaux.
- 15 octobre 1926 [cachet], pneumatique : « Monsieur, j’ai lu vos poèmes chez Max et dans la Ligne du cœur dont je fais partie. Je les aime beaucoup et ai demandé votre adresse à Max pour pouvoir vous féliciter de vive voix et vous connaître… »
- 5 janvier 1927 : « Je pars et vous donne mon amitié. […] Puissiez-vous, avec votre talent, ne pas vous désintéresser de moi. […] je n’ai pas vu l’exposition Cocteau ; je le regrette infiniment parceque j’aime beaucoup ses dessins. Les vôtres sont magnifiques. Du reste à Paris je n’ai rien vu. […] Je n’ai vu qu’un beau Chirico à la révolution surréaliste. Mais vraiment je préfère Masson. [Il lui envoie un poème, mais] j’ai horreur de ce que je fais et cherche à sortir de cette ornière même en tombant dans Cocteau, Max, Reverdy ou Eluard. »
- 29 avril 1927 [cachet] : « Lettre de Max. Il gueule après mon poème. Il a horreur de ça. Alors il ne le prend pas pour le Roseau (c’est ce que j’en conclus). S’il t’intéresse toujours pour les Chroniques du Jour je te l’enverrai. J’ai vu Pagnol aux Cahiers [du Sud] et il a l’air d’un monsieur bien bête ! »
- 12 septembre 1927 : Pierre Colle, Paul Sabon et Robert Honnert lui écrivent une lettre conjointe lui demandant de participer à la revue qu’ils veulent fonder « Il est inutile de te dire l’importance de cette revue, la première où tous les ‘consacrés’ seront exclus (Exclusion de Reverdy. Eluard. Claudel. Cocteau. Henri de Regnier, Max Jacob, Musset, Byron, J.B. Rousseau et Supervielle sans considérations d’amitiés). »
- 9 novembre 1927 : « Comme je te comprends ! Je subis en ce moment la même crise que toi. Je suis écœuré par le mensonge. Cocteau, Max aussi, hélas, me lassent, m’ennuient. Max m’écrit des lettres de Tartuffe : ‘Cher ami… en art dans la vie ne compte que sur toi… puisque tu ne te trouves pas de situation, rentre en philosophie,… Je n’écris plus à personne pour ta situation… Les gens ne tiennent jamais leur promesse, aussi je ne peux rien faire pour toi… Pense un peu plus à la poésie, un peu moins aux femmes…’ etc… J’ai su qu’en parlant de moi, il a dit ‘Pierre Colle, homme de bordel ...’ Tout cela à cause de mon amour des femmes. Je ne vais pourtant pas me faire enculer pour lui faire plaisir ! Il y a entre nous une lutte de sexe ! Je ne m’attendais pas à ce changement de la part de Max ! Lui que j’aime tant et avec qui j’ai toujours été gentil. […] Il ne faut pas parler de ne plus écrire ! Tu es un grand poète et tu dois écrire. […] Moi-même, qui méprise assez ma poésie, cette idée ne m’est jamais venue ! Je ne te comprends pas ! Ecrire n’est pas vain. Il n'y a de vain que la littérature, les cafés littéraires, les chambres littéraires. »
- 18 novembre 1927 [cachet postal] : « J’ai écrit une lettre assez dure à Max que je regrette maintenant. Tant pis pour moi. Je n’ai d’énergie que pour me faire du mal ! […] Tu ne parles pas de ton livre. Est-il pris ? Comment, quand parait-il ? »
- Sans date « Nous avons trouvé ici un petit imprimeur qui fait des ouvrages de luxes à pas trop cher. Je lui ai demandé des devis. Je ne te cache pas que je ne veux pas perdre d’argent et que pour éditer un Tzara ou un Éluard par exemple, qui ne se vendent pas […], j’éditerais Cocteau, Claudel, Valéry, Salmon, s’ils me confiaient leurs manuscrits… »
- Sans date « Cette histoire de boutique de tableaux m’enchante pour toi. Tu connais beaucoup de peintres et ils te prêteront sûrement leurs toiles. C’est un métier intéressant autant que l’est un métier d’argent. Si j’avais des capitaux et que tu veuilles de moi nous aurions pu faire quelque chose ensemble. »
- Sand date. « J’ai trouvé Max à Quimper et je l’ai fait venir immédiatement. Il va rester ici tout le mois d’août j’espère. Nous parlons très souvent de toi. Il t’aime beaucoup et m’a dit des choses charmantes de toi. […] Il te trouve un grand talent […]. Il a fait des gouaches très belles et il commence à les aimer ce qui est étonnant. Il m’a parlé de mes poèmes et j’ai réfléchi beaucoup à ses critiques. Et j’ai trouvé ce que je cherchais depuis six mois. Je ne veux plus faire que des choses grandes, genre ‘léger silence’ en plus sévère. J’en ai assez de cette préciosité ridicule et impersonnel [sic]. Tant pis si on n’aime plus mes poèmes et si Maritain n’en veut plus… »
[On joint :] 5 lettres adressées à Hugnet par divers amis, dont 2 de Pierre Charbonnier.