Lot Essay
Masque de belle facture présentant des traits expressionnistes exubérants typiques de l'art Guéré. Le front est proéminent, la face plane, seuls ressortent en relief les détails du visage traités de manière géométrique : yeux en grain de café, pommettes tubulaires, nez droit. La bouche, grande ouverte aux lèvres ourlées, laisse apparaître des dents découpées dans une plaque métallique et une langue rebondie en tissu rouge. Les oreilles sont sculptées à angle droit et sont particulièrement stylisées. Détail rarissime une couronne composée de douilles de fusil, remplaçant les poils, lanières de cuir ou clochettes habituellement observéess sur ce type de masque, encerclent le visage. Bien que l’emploi de matériaux d’origine européenne pour confectionner masques et statues soit avéré sur certains objets africains (plaques de cuivre chez les Kota, clous de tapissier chez les Tchokwé, etc.), l’emploi de cartouches de fusil est particulièrement rare. A l’image d’un masque de la même ethnie, formé par une selle de vélo, cette œuvre est probablement le seul exemplaire connu présentant un ajout de douilles.
Le choix de ce matériau pourrait s’expliquer par la fonction de ce masque : son porteur avait un rôle de justicier et avait la faculté de désigner une personne s'étant rendue coupable, un rôle que certains occidentaux armés ont probablement joué pendant la colonisation.
A propos de cet exceptionnel masque William Rubin (1987, p.314) émit les commentaires suivants : « les masques de Côte d’Ivoire, qui étaient parmi les objets africains les plus courants à Paris au début du siècle, comportaient assez souvent des matériaux récupérés. Le sculpteur guéré qui a intégré à son masque des douilles vides a construit son œuvre avec un matériau de récupération symbolique du pouvoir personnel et collectif à la fois, un matériau aussi étranger aux bronzes de la cour du Bénin que les matériaux récupérés de Picasso allaient s’avérer étrangers à la tradition rodinienne de la sculpture occidentale ».
Le choix de ce matériau pourrait s’expliquer par la fonction de ce masque : son porteur avait un rôle de justicier et avait la faculté de désigner une personne s'étant rendue coupable, un rôle que certains occidentaux armés ont probablement joué pendant la colonisation.
A propos de cet exceptionnel masque William Rubin (1987, p.314) émit les commentaires suivants : « les masques de Côte d’Ivoire, qui étaient parmi les objets africains les plus courants à Paris au début du siècle, comportaient assez souvent des matériaux récupérés. Le sculpteur guéré qui a intégré à son masque des douilles vides a construit son œuvre avec un matériau de récupération symbolique du pouvoir personnel et collectif à la fois, un matériau aussi étranger aux bronzes de la cour du Bénin que les matériaux récupérés de Picasso allaient s’avérer étrangers à la tradition rodinienne de la sculpture occidentale ».