拍品專文
Le traitement du nu féminin est bien plus rare dans l’oeuvre de Edouard Vuillard qu’il ne l’est chez ses contemporains, et les toiles qu’il consacra à ce thème sont bien moins nombreuses que celles de Pierre Bonnard ou d'Edgar Degas. C’est d’ailleurs ce qui les rend si intéressantes et particulièrement complexes, par l’interprétation de la fgure féminine et de l’identité de la femme qu’elles donnent à voir.
Le présent tableau peint en 1891 révèle les inspirations artistiques de Vuillard. Avec Maurice Denis, il a admiré les peintures murales et les vitraux d’Alfred Benard de l’Ecole de pharmacie, rue de l’Observatoire à Paris. L’infuence de l’art du vitrail sur le développement du cloisonnisme ne peut être sous-estimée. L’utilisation d’aplats de couleurs pures en formes d’arabesques ne sont pas sans rappeler l’oeuvre originale de Paul Ranson. Dans son commentaire sur l’exposition Les peintres impressionnistes et symbolistes à la galerie Le Barc de Boutteville, Gustave Geofroy décrit fort adroitement le travail de Vuillard du début des années 1890. Il n’est pas, pour lui, à
proprement parler symboliste. Il nait plutôt de la volonté de réconcilier les lignes sinueuses de l’Art Nouveau avec de larges zones de couleurs pures (J. Russell, Edouard Vuillard, 1868-1940, Londres, 1971, p. 23).
Tandis que les impressionnistes s’inspiraient de leurs épouses ou de leurs maîtresses, Vuillard, lui, avait pour modèle principal sa mère, modeste couseuse. L’artiste était en réalité un «célibataire endurci et, par dessus tout, attaché à sa mère, sa muse comme il l’appelait, et avec qui il vivra jusqu’à sa mort en 1928 alors qu’il avait soixante ans» (S. Preston, Vuillard, New York, 1985, p. 7). Ainsi, la relative absence de nus dans l’oeuvre de Vuillard peut s’expliquer par des raisons à la fois pratiques - comment se sentir à l’aise pour peindre des modèles dénudés dans la maison qu’il partageait avec sa mère - et, dans une certaine mesure, psychologiques car il se sentait intimement lié à une conception désexualisée de la femme, en qui il ne voyait que l’image d’une mère bienveillante. Il n’est donc guère surprenant que le modèle de nu présenté ici se pelotonne, pudiquement tourné sur lui-même, enveloppant sa poitrine de ses bras.
The nude proved to be a much more rare subject for Vuillard than it was for his contemporaries, and his canvasses devoted to the subject are far fewer in number than in Pierre Bonnard’s or Edgar Degas’ work. It is indeed this rarity that renders Vuillard’s nudes especially interesting and particularly complex in their interpretations of the feminine form and female identity.
The present early work from 1891 perfectly illustrates Vuillard’s artistic infuences at the time. With Maurice Denis, he was an admirer of the murals and the stained glass windows by Alfred Benard at the Ecole de Pharmacie on rue de l’Observatoire in Paris. The infuence of stained glass windows in the development of the cloissiniste style can not be understated. And the use of fat color, in
unconventional arabesques recall the highly original decorative compositions of Paul Ranson. It is Gustave Geofroy who adequately sums up Vuillard’s work of the early 1890s, when he commented on an exposition at Le Barc de Boutteville, Les Peintres impressionnistes et Symbolistes, in that it was not really painting that could be called Symbolist; it was, rather, the wish to reconcile the sinuous linear manner of Art Nouveau with a technique based on separate areas of pure color (J. Russell, Edouard Vuillard, 1868-1940, London, 1971, p. 23).
While other Impressionists relied on their wives or model-mistresses for inspiration, Vuillard’s seamstress mother is well-known to have been the dominant woman in his life. Indeed, he was a “dedicated bachelor attached above all to his mother, his ‘muse’ as he called her, with whom he lived until her death in 1928 when he was sixty years old” (S. Preston, Vuillard, New York, 1985, p. 7). Thus the relative dearth of nudes in Vuillard’s oeuvre can be attributed to causes both practical - he likely would have felt uncomfortable painting nudes in the home he shared with his mother - and, to some extent, psychological, for he clearly felt tied to a conception of a woman as a desexualized maternal caregiver. Thus it is not surprising that the nude model in the present picture modestly curls inwards, demurely covering her breasts w Edouard Vuillard, vers 1890. ith her enfolded arms.
Le présent tableau peint en 1891 révèle les inspirations artistiques de Vuillard. Avec Maurice Denis, il a admiré les peintures murales et les vitraux d’Alfred Benard de l’Ecole de pharmacie, rue de l’Observatoire à Paris. L’infuence de l’art du vitrail sur le développement du cloisonnisme ne peut être sous-estimée. L’utilisation d’aplats de couleurs pures en formes d’arabesques ne sont pas sans rappeler l’oeuvre originale de Paul Ranson. Dans son commentaire sur l’exposition Les peintres impressionnistes et symbolistes à la galerie Le Barc de Boutteville, Gustave Geofroy décrit fort adroitement le travail de Vuillard du début des années 1890. Il n’est pas, pour lui, à
proprement parler symboliste. Il nait plutôt de la volonté de réconcilier les lignes sinueuses de l’Art Nouveau avec de larges zones de couleurs pures (J. Russell, Edouard Vuillard, 1868-1940, Londres, 1971, p. 23).
Tandis que les impressionnistes s’inspiraient de leurs épouses ou de leurs maîtresses, Vuillard, lui, avait pour modèle principal sa mère, modeste couseuse. L’artiste était en réalité un «célibataire endurci et, par dessus tout, attaché à sa mère, sa muse comme il l’appelait, et avec qui il vivra jusqu’à sa mort en 1928 alors qu’il avait soixante ans» (S. Preston, Vuillard, New York, 1985, p. 7). Ainsi, la relative absence de nus dans l’oeuvre de Vuillard peut s’expliquer par des raisons à la fois pratiques - comment se sentir à l’aise pour peindre des modèles dénudés dans la maison qu’il partageait avec sa mère - et, dans une certaine mesure, psychologiques car il se sentait intimement lié à une conception désexualisée de la femme, en qui il ne voyait que l’image d’une mère bienveillante. Il n’est donc guère surprenant que le modèle de nu présenté ici se pelotonne, pudiquement tourné sur lui-même, enveloppant sa poitrine de ses bras.
The nude proved to be a much more rare subject for Vuillard than it was for his contemporaries, and his canvasses devoted to the subject are far fewer in number than in Pierre Bonnard’s or Edgar Degas’ work. It is indeed this rarity that renders Vuillard’s nudes especially interesting and particularly complex in their interpretations of the feminine form and female identity.
The present early work from 1891 perfectly illustrates Vuillard’s artistic infuences at the time. With Maurice Denis, he was an admirer of the murals and the stained glass windows by Alfred Benard at the Ecole de Pharmacie on rue de l’Observatoire in Paris. The infuence of stained glass windows in the development of the cloissiniste style can not be understated. And the use of fat color, in
unconventional arabesques recall the highly original decorative compositions of Paul Ranson. It is Gustave Geofroy who adequately sums up Vuillard’s work of the early 1890s, when he commented on an exposition at Le Barc de Boutteville, Les Peintres impressionnistes et Symbolistes, in that it was not really painting that could be called Symbolist; it was, rather, the wish to reconcile the sinuous linear manner of Art Nouveau with a technique based on separate areas of pure color (J. Russell, Edouard Vuillard, 1868-1940, London, 1971, p. 23).
While other Impressionists relied on their wives or model-mistresses for inspiration, Vuillard’s seamstress mother is well-known to have been the dominant woman in his life. Indeed, he was a “dedicated bachelor attached above all to his mother, his ‘muse’ as he called her, with whom he lived until her death in 1928 when he was sixty years old” (S. Preston, Vuillard, New York, 1985, p. 7). Thus the relative dearth of nudes in Vuillard’s oeuvre can be attributed to causes both practical - he likely would have felt uncomfortable painting nudes in the home he shared with his mother - and, to some extent, psychological, for he clearly felt tied to a conception of a woman as a desexualized maternal caregiver. Thus it is not surprising that the nude model in the present picture modestly curls inwards, demurely covering her breasts w Edouard Vuillard, vers 1890. ith her enfolded arms.