Lot Essay
Cette spectaculaire tapisserie La Collation appartient à la tenture L’Histoire de l’Empereur de la Chine illustrant le quotidien des empereurs Shun Chih (règne : 1644-1661) et de Kang Hsi (règne 1661-1721). Ces tapisseries sont directement inspirées de l’œuvre de Johan Nieuhof, Legatio batavica ad magnum Tartatiae chamum sungteium, modernum sinae imperatorem (1665), parue à l’issue de la visite de la délégation en Chine de la Compagnie hollandaise des Indes Orientales (1655-1657). Quant aux détails d’ordre botanique, Athanasius Kircher semble être la source avec son œuvre China Monumentis qua Sacris qua Profanis (1667).
La tenture comprend traditionnellement les tapisseries suivantes : Les Astronomes, Le Thé de l’Impératrice, Le Retour de la chasse, L’Embarquement de l’Empereur, L’Embarquement de l’Impératrice, La Collation, La Récolte des ananas, L’Empereur en voyage et L’Audience de l’Empereur.
Les peintres et le premier tissage
Le premier ensemble de L’Histoire de l’Empereur de la Chine comprend neuf sujets tissés par la manufacture de Beauvais alors dirigée par Philippe Behagle (mort en 1705). Celui-ci les mentionne dans une note « Chinoiserie faict par quatre illustre peintre ». Noël-Antoine Mérou (directeur entre 1722-1734) mentionne dans un document daté de 1731 : « Une tenture du dessin des chinois, par les sieurs Batiste, Fontenay et Vernensal, en six pièces ». Ces peintres sont Guy Vernansal (mort en 1729), le peintre Jean-Baptiste Belin de Fontenay (mort en 1715) et Jean-Baptiste Monnoyer. Un quatrième peintre reste non-identifié.
La signature de Vernansal, présente sur de nombreux modèles implique, qu’il était le peintre principal de la série ; la datation est quant à elle difficile à déterminer avec certitude. Il est très probable qu’elle se situe entre la prise de fonction de Behagle en 1684 et le départ de Monnoyer en 1690.
Un autre memorandum non daté de Behagle indique que le premier ensemble tissé avec du fil d’or (rarement utilisé par Beauvais) était « vendu par M. D’Isrode à Monseigneur le duc du Maine (Louis-Auguste de Bourbon) pour 20.000 livres. »
La série est finalement abandonnée à Beauvais en 1732, lorsque les cartons deviennent hors d’usage.
Origines
Le succès de la série s’explique en raison de l’intérêt accru envers la Chine dès la fin du XVIIe siècle avec l’importation en France d’importantes quantités de marchandises en provenance de l’Extrême-Orient via la Compagnie des Indes Orientales. L’enthousiasme se trouve renforcé par le Mercure Galant qui publie en 1684 une longue description des voyages du père Couplet en Chine. Très intéressé par son récit, le jeune duc du Maine - fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan - rencontre le jésuite Couplet (mort en 1693) et son converti chinois, Michael Alphonusus Shen Fu-Tsung (mort en 1691).
Un deuxième évènement ayant davantage de retentissement est bien entendu la réception donnée par Louis XIV pour les ambassadeurs du Siam le 1er septembre 1686 envoyés par le roi Phra Narai (mort en 1688). Parmi les participants à la réception de Versailles, on retrouve le duc du Maine - représenté sur une illustration de l’Almanach royal de 1687 à propos de la présentation des présents diplomatiques à Louis XIV.
Les ambassadeurs du Siam visitent en octobre 1686 la manufacture de tapisserie de Beauvais. Preuve de sa fascination pour l’Extrême-Orient, en plus de sa rencontre avec les jésuites Couplet et Joachim Bouvet (mort en 1730), le duc du Maine offre à ce dernier avant son départ pour le Siam un instrument scientifique lui appartenant et spécialement fabriqué pour lui.
Dans cet environnement sinophile, les ateliers de Beauvais trouvent un public pour sa nouvelle série de tapisseries.
Exemples comparables
Une série de six tapisseries de cette tenture exécutée pour Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et duc de Penthièvre (mort en 1737) est tissée entre 1697 et 1705. Cet ensemble est aujourd’hui conservé au J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, French Tapestries & Textiles in the J. Paul Getty Museum, Los Angeles, 1997, pp. 80-97).
Une tapisserie représentant L’Embarquement de L’Empereur de la collection Akram Ojjehh, initalement livrée vers 1710 à François-Louis (mort en 1732), comte palatin et prince Electeur, a été vendue, vente Christie’s, Monaco, 12 décembre 1999, lot 21.
Deux tapisseries de la collection du comte de Cadogan représentant L’Embarquement de l’Empereur et La Récolte des Ananas ont été vendues, vente Christie’s, New York, 21 octobre 2004, respectivement lots 1012 et 1013 (vente Christie’s, Londres, 1er mai 1947, lot 139).
Le Petit Palais de Paris conserve une tapisserie La Collation (inv. PP03629) ainsi que le J. Paul Getty Museum (inv. 83.DD.336) ; qui sont toutes les deux coupées. En effet, rares sont les tapisseries entières de ce thème puisqu’elles sont en général coupées à partir du palmier sur la droite contrairement à la présente tapisserie qui a également conservé de très belles couleurs.
La tenture comprend traditionnellement les tapisseries suivantes : Les Astronomes, Le Thé de l’Impératrice, Le Retour de la chasse, L’Embarquement de l’Empereur, L’Embarquement de l’Impératrice, La Collation, La Récolte des ananas, L’Empereur en voyage et L’Audience de l’Empereur.
Les peintres et le premier tissage
Le premier ensemble de L’Histoire de l’Empereur de la Chine comprend neuf sujets tissés par la manufacture de Beauvais alors dirigée par Philippe Behagle (mort en 1705). Celui-ci les mentionne dans une note « Chinoiserie faict par quatre illustre peintre ». Noël-Antoine Mérou (directeur entre 1722-1734) mentionne dans un document daté de 1731 : « Une tenture du dessin des chinois, par les sieurs Batiste, Fontenay et Vernensal, en six pièces ». Ces peintres sont Guy Vernansal (mort en 1729), le peintre Jean-Baptiste Belin de Fontenay (mort en 1715) et Jean-Baptiste Monnoyer. Un quatrième peintre reste non-identifié.
La signature de Vernansal, présente sur de nombreux modèles implique, qu’il était le peintre principal de la série ; la datation est quant à elle difficile à déterminer avec certitude. Il est très probable qu’elle se situe entre la prise de fonction de Behagle en 1684 et le départ de Monnoyer en 1690.
Un autre memorandum non daté de Behagle indique que le premier ensemble tissé avec du fil d’or (rarement utilisé par Beauvais) était « vendu par M. D’Isrode à Monseigneur le duc du Maine (Louis-Auguste de Bourbon) pour 20.000 livres. »
La série est finalement abandonnée à Beauvais en 1732, lorsque les cartons deviennent hors d’usage.
Origines
Le succès de la série s’explique en raison de l’intérêt accru envers la Chine dès la fin du XVIIe siècle avec l’importation en France d’importantes quantités de marchandises en provenance de l’Extrême-Orient via la Compagnie des Indes Orientales. L’enthousiasme se trouve renforcé par le Mercure Galant qui publie en 1684 une longue description des voyages du père Couplet en Chine. Très intéressé par son récit, le jeune duc du Maine - fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan - rencontre le jésuite Couplet (mort en 1693) et son converti chinois, Michael Alphonusus Shen Fu-Tsung (mort en 1691).
Un deuxième évènement ayant davantage de retentissement est bien entendu la réception donnée par Louis XIV pour les ambassadeurs du Siam le 1er septembre 1686 envoyés par le roi Phra Narai (mort en 1688). Parmi les participants à la réception de Versailles, on retrouve le duc du Maine - représenté sur une illustration de l’Almanach royal de 1687 à propos de la présentation des présents diplomatiques à Louis XIV.
Les ambassadeurs du Siam visitent en octobre 1686 la manufacture de tapisserie de Beauvais. Preuve de sa fascination pour l’Extrême-Orient, en plus de sa rencontre avec les jésuites Couplet et Joachim Bouvet (mort en 1730), le duc du Maine offre à ce dernier avant son départ pour le Siam un instrument scientifique lui appartenant et spécialement fabriqué pour lui.
Dans cet environnement sinophile, les ateliers de Beauvais trouvent un public pour sa nouvelle série de tapisseries.
Exemples comparables
Une série de six tapisseries de cette tenture exécutée pour Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et duc de Penthièvre (mort en 1737) est tissée entre 1697 et 1705. Cet ensemble est aujourd’hui conservé au J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, French Tapestries & Textiles in the J. Paul Getty Museum, Los Angeles, 1997, pp. 80-97).
Une tapisserie représentant L’Embarquement de L’Empereur de la collection Akram Ojjehh, initalement livrée vers 1710 à François-Louis (mort en 1732), comte palatin et prince Electeur, a été vendue, vente Christie’s, Monaco, 12 décembre 1999, lot 21.
Deux tapisseries de la collection du comte de Cadogan représentant L’Embarquement de l’Empereur et La Récolte des Ananas ont été vendues, vente Christie’s, New York, 21 octobre 2004, respectivement lots 1012 et 1013 (vente Christie’s, Londres, 1er mai 1947, lot 139).
Le Petit Palais de Paris conserve une tapisserie La Collation (inv. PP03629) ainsi que le J. Paul Getty Museum (inv. 83.DD.336) ; qui sont toutes les deux coupées. En effet, rares sont les tapisseries entières de ce thème puisqu’elles sont en général coupées à partir du palmier sur la droite contrairement à la présente tapisserie qui a également conservé de très belles couleurs.