DEUX MIROIRS BAROQUE FORMANT PAIRE
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DEUX MIROIRS BAROQUE FORMANT PAIRE

L'UN DU XVIIEME SIECLE, L'AUTRE DU XIXEME SIECLE, PROBABLEMENT ESPAGNE

細節
DEUX MIROIRS BAROQUE FORMANT PAIRE
L'UN DU XVIIEME SIECLE, L'AUTRE DU XIXEME SIECLE, PROBABLEMENT ESPAGNE
En cuivre repoussé et doré, miroir et ornementation de verre moulé et de cristaux, le fond de miroir de forme octogonale à parcloses encadré de feuillages, de fleurs, d’un lacis de cristaux et de têtes de grotesque, chacun sommé d'un fronton associé ; des miroirs et des éléments remplacés, manques et accidents
Miroir XVIIe siècle: Hauteur: 151 cm. (59 ½ in.) ; Largeur: 136 cm. (53 ½ in.) ;
Miroir XIXe siècle: Hauteur: 154 cm. (60 ¾ in.) ; Largeur: 145 cm. (57 in.) ;
Les frontons: Hauteur: 33 cm. (13 in.) ; Largeur: 50 cm. (19 ¾ in.)
來源
Palais Labia ; vente maîtres Rheims, "Tableaux et objets d'art et d'ameublement appartenant à M. Charles de Beistegui dont la vente aux enchères publiques aura lieu à Venise au palais Labia", 6-10 avril 1964, lot 375.
出版
E. Schlumberger, "Visite d'adieu au palais Labia", Connaissance des Arts, janvier 1964, p.40 (un miroir illustré).
S. Roche et al., Miroirs, Paris, 1985, p. 58 (non illustrés)
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A MATCHED PAIR OF GILT-COPPER, GLASS AND CRYSTAL MIRRORS, ONE BAROQUE, 17TH CENTURY, ONE BAROQUE STYLE, 19TH CENTURY, PROBABLY SPANISH

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Margaux Zoi
Margaux Zoi

拍品專文

Avec leur structure à parecloses, leur forme octogonale et leur décor caractéristique mêlant ornements de métal repoussé et lacis de cristaux, ces somptueux miroirs sont à rapprocher de ceux conservés au monastère de Guadalupe dans la région de la Nouvelle-Castille en Espagne. Ces derniers sont illustrés dans S. Roche et al., Miroirs, Paris, 1985, pp. 57-58 et 188-192.
Seuls quelques miroirs de ce corpus sont identifiés. Outre les deux présentés ici et les trois du monastère de Guadalupe, mentionnons celui de la collection Brandolini d’Adda (illustré in situ dans L. Verchère, Renzo Mongiardino. Renaissance Master of Style, New York, 2013, p. 124) et celui anciennement dans la collection du baron et de la baronne Guy de Rothschild à l’hôtel Lambert.

Le travail de lacis associant fleurs et guirlandes se retrouve sur un miroir vénitien des années 1680 illustré dans Graham Child, Les Miroirs. 1650-1900, Paris, 1991, pp. 241 et 258.

Une provenance mythique

L'un des deux miroirs que nous présentons ici ornait le Grand Salon d’un palais mythique de Venise : le palais Labia, cette demeure qui devint au milieu du XXe siècle la propriété de Carlos de Beistegui. Notre glace surmontait le buste de marbre d’Isabelle Celsi et était flanquée de part et d’autre de portraits des doges sur un mur tendu de damas vert dans un esprit typiquement vénitien.

Palais incontournable de Venise, le palais Labia appartient jusqu’au début du XIXe siècle à la richissime famille éponyme d’origine catalane, fournisseur des armées. Les Labia obtiennent de la Sérénissime et à titre exceptionnel – car étrangers – le patriarcat vénitien en 1646 en échange de leur aide apportée dans la guerre de Candie puis en 1685 l’autorisation de bâtir le palais situé au croisement du Grand Canal et du Canal de Cannaregio et près du Campo San Geremia sous la direction de l’architecte Andrea Cominelli.

Situé sur un axe très fréquenté, important en dimensions et incontournable en terme de décor, le palais Labia est synonyme de grands noms notamment de l’architecte Giorgio Massari pour la salle de bal et bien entendu des peintres Giovanni Battista Tiepolo et Girolamo Mengozzi Colonna pour les fresques traitant de l’histoire de Marc-Antoine et de Cléopâtre - figurée probablement sous les traits de Maria Labia, réputée pour être l’une des douze plus belles femmes vénitiennes - ou encore les plafonds du premier et les décors en trompe-l’œil du second. La somme faramineuse de 1.171.000 ducats déboursée pour le palais et ses décors magnifiques se comprend alors aisément.
Les bouleversements géopolitiques dus à Bonaparte précipitent Venise entre les mains de l’Autriche ; le palais Labia est alors vendu au prince viennois Lobkowitz puis est laissé à l’abandon avant d’être racheté par un certain Labbia- sans aucun lien avec la famille historique - et débute des travaux de restauration avant de mourir ; sa veuve cède alors le palais en 1948 à un autre grand nom de l’histoire du goût : Carlos de Beistegui.

Attiré par le faste des décors et la situation, le palais est alors l’endroit idéal pour les mondanités pressenti par Beistegui avec la plus belle salle de bal existante en Europe et une cinquantaine de chambres et salons. Trois ans de travaux sont nécessaires afin d’adapter la demeure aux exigences du confort moderne, de terminer les restaurations débutées par le précédent propriétaire, de décorer de velours de Gênes, de soieries, de tapisseries des Gobelins, de tapis de la Savonnerie, … et de meubler. Le Grand Salon dans lequel était accroché l’un des présents miroirs, se trouve en fait dans la demeure voisine du palais, rachetée en même temps par Beistegui. Des travaux considérables sont engagés pour transformer deux étages en un seul niveau afin d’y aménager ce spectaculaire Grand Salon. Deux siècles après l’âge d’or de Venise, Carlos de Beistegui a su redonner à un palais un ameublement digne du temps des doges.
Ainsi tout est enfin prêt pour le fameux « bal du siècle » donné par Carlos de Beistegui le 3 septembre 1951. Y sont réunis environ 1.500 invités masqués. Parmi eux citons l'Aga Khan, Jacqueline de Ribes, Orson Welles, Paul-Louis Weiller, Cecil Beaton, le baron de Redé, Arturo Lopez-Willshaw, la duchesse du Devonshire ou encore Hélène Rochas. Les costumes sont pour la plupart dessinés par Christian Dior, Nina Ricci, Pierre Cardin et Salvador Dali. Robert Doisneau mais également Fabrizio Clerici, Leonor Fini et Alexandre Serebriakoff immortalisent l’évènement.

Pour des raisons de santé, Beistegui se sépare du palais Labia pour ne vivre exclusivement qu’à Groussay à partir du début des années 1960. En 1964, Paul Morand, l’écrivain, diplomate et académicien, écrit en évoquant la dispersion aux enchères des 700 objets garnissant le palais Labia : « Sous le marteau d'ivoire de Maurice Rheims, toute une vie d'amateur s'évaporait : les objets n'ont pas de maître. Au-dessus, la cohue des déesses peintes à fresque pour toujours, désormais maîtresses d'un Labia désert, au rire éternel. Sous les voûtes nues, en marbre d'Istrie, se répercutait : plus personne... Funérailles d'une vie, non pas de grand collectionneur, mais de grand amateur ». C’est par ailleurs avec plus de familiarité que Maître Rheims, inhabituellement irrévérencieux, évoque cette aventure et cette admirable collection : « Et de la bouche de ce Mexicain qui, sa vie durant, rêva d'être pris pour un Grand d'Espagne, ne sortaient plus que des propos soldeurs : à vendre, à vendre, à vendre (...). Parvenu au centre de la salle d'apparat décorée du haut en bas par Tiepolo, il balaya d'un geste la reine de Troie et le dieu Vulcain : « Que cela aussi disparaisse ! » Il ne voulut rien entendre et me livra le palais. 700 objets dont il souhaitait tirer 300 millions de lires, que nous adjugeâmes pour bien plus du double et qui, me révéla-t-il, ne lui avaient guère coûté plus de 100 millions. »

Carlos de Beistegui (1895-1970), grand amateur d’art et collectionneur, pour qui les XVIIe et XVIIIe siècles font l’objet toute sa vie durant d’une véritable passion - « l’homme qui pense moderne est démodé » selon lui (Harper’s Bazaar, juillet 1946). Il se lie d’amitié avec Emilio Terry qu’il rencontre en 1922 à Biarritz. Ils collaborent dans un premier temps sur plusieurs réalisations qui ne voient pas le jour. Puis c’est avec l’achat du château de Groussay en 1938 – le second grand projet de Beistegui - qu’Emilio Terry prend part aux projets de son ami. Il dessine les nouvelles ailes et l’aide dans son projet de réaménagement du château et collabore sur les quarante années de travaux et modifications engendrées par Beistegui. Ils sont aidés d’un autre partenaire fidèle : Alexandre Serebriakoff, formant ainsi à eux trois le triumvirat du style Groussay si caractéristique impulsé par Terry. Terry et Serebriakoff apportent également leur concours sur le chantier du palais Labia.

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