MILIEU DU XVIIIe SIECLE

En 1702, la ville de Nancy est occupée par les troupes de Louis XIV. Léopold Ier, duc de Lorraine souhaite reconstruire le château de Lunéville pour y installer son pouvoir. Les travaux débutent dès 1701 et s’achèvent en 1723. L’architecte nommé en 1711 est Germain Boffrand, élève de Jules Hardouin-Mansart, le célèbre architecte du château de Versailles. Lunéville devient dès lors le « petit Versailles lorrain ». Stanislas Leszczyński, né en 1677, est issu d'une grande famille originaire du duché de Bohême. Stanislas héritier du palatinat de Grande-Pologne, reçoit une éducation soignée : formé à la littérature, aux sciences et aux langues. Après le mariage de sa fille Marie Lezsczynska avec le roi de France Louis XV en 1725, il devient ainsi le beau-père du roi de France, et est choisi par ce dernier pour devenir, en 1737, le nouveau duc de Lorraine, duché que vient d’abandonner son souverain légitime François III. Stanislas ne détient en réalité qu’une apparence de pouvoir. S’il possède dans ses appartements de Lunéville une salle du trône, il ne prend pas les décisions politiques. Cette mission revient à son chancelier : Chaumont de La Galaizière. Il s’installe avec sa cour au château de Lunéville. La retraite de Stanislas est décrite comme « toute lambrissée, les portières sont en moire bordée de perse ; quant aux rideaux, ils sont en taffetas cramoisi. La lumière du jour se reflète dans de multiples glaces qui sont placées tout autour des deux murs de façade faisant office de trumeau entre les croisées. » (J. C. Gaffiot, Lunéville, Fastes du Versailles lorrain, Paris, 2003, p.164). Notre fauteuil devait probablement faire partie de ce luxueux décor. C’est un témoin de ce goût de Stanislas pour l’exotisme, comme le sont également les décors des jardins et particulièrement le kiosque Turque, célèbre construction d’Emmanuel Héré, architecte de la place Stanislas. Le fait que notre fauteuil ait été réalisé en chêne, bois rarement utilisé pour les sièges, corrobore le fait qu’il ait été réalisé en même temps que les lambris pour probablement faire partie intégrante d’un décor peint. Le vert était d’ailleurs la couleur dominante dans les appartements de la femme de Stanislas. (P. Boyé, Les château du Roi Stanislas en Lorraine, Paris, 1910 et Marseille, 1980, p. 11).