![[MANET, Edouard (1832-1883)] - MALLARME, Stéphane (1842-1898) - POE, Edgar Allan (1809-1849). Le Corbeau. The Raven. Poëme par Edgar Poe. Traduction française de Stéphane Mallarmé avec illustrations par Édouard Manet. Paris : Richard Lesclide, 1875.](https://www.christies.com/img/LotImages/2018/PAR/2018_PAR_16408_0019_001(manet_edouard_-_mallarme_stephane_-_poe_edgar_allan_le_corbeau_the_rav065908).jpg?w=1)
![[MANET, Edouard (1832-1883)] - MALLARME, Stéphane (1842-1898) - POE, Edgar Allan (1809-1849). Le Corbeau. The Raven. Poëme par Edgar Poe. Traduction française de Stéphane Mallarmé avec illustrations par Édouard Manet. Paris : Richard Lesclide, 1875.](https://www.christies.com/img/LotImages/2018/PAR/2018_PAR_16408_0019_002(manet_edouard_-_mallarme_stephane_-_poe_edgar_allan_le_corbeau_the_rav065917).jpg?w=1)
![[MANET, Edouard (1832-1883)] - MALLARME, Stéphane (1842-1898) - POE, Edgar Allan (1809-1849). Le Corbeau. The Raven. Poëme par Edgar Poe. Traduction française de Stéphane Mallarmé avec illustrations par Édouard Manet. Paris : Richard Lesclide, 1875.](https://www.christies.com/img/LotImages/2018/PAR/2018_PAR_16408_0019_003(manet_edouard_-_mallarme_stephane_-_poe_edgar_allan_le_corbeau_the_rav044456).jpg?w=1)
![[MANET, Edouard (1832-1883)] - MALLARME, Stéphane (1842-1898) - POE, Edgar Allan (1809-1849). Le Corbeau. The Raven. Poëme par Edgar Poe. Traduction française de Stéphane Mallarmé avec illustrations par Édouard Manet. Paris : Richard Lesclide, 1875.](https://www.christies.com/img/LotImages/2018/PAR/2018_PAR_16408_0019_000(manet_edouard_-_mallarme_stephane_-_poe_edgar_allan_le_corbeau_the_rav044435).jpg?w=1)
细节
[MANET, Edouard (1832-1883)] - MALLARME, Stéphane (1842-1898) - POE, Edgar Allan (1809-1849). Le Corbeau. The Raven. Poëme par Edgar Poe. Traduction française de Stéphane Mallarmé avec illustrations par Édouard Manet. Paris : Richard Lesclide, 1875.
Édition originale de la traduction de Stéphane Mallarmé et premier tirage des illustrations d'Édouard Manet. Exceptionnel exemplaire enrichi d'un double envoi autographe signé du traducteur et de l'illustrateur à Léon Gambetta. L'entreprise éditoriale de la traduction de Poe par Mallarmé, illustrée par des eaux-fortes de Manet est bien connue. Les débuts en sont difficiles. Le projet est d'abord soumis à Alphonse Lemerre, qui paraît d'abord intéressé avant de se raviser après avoir sondé quelques uns de ses clients, préférant laisser à un autre la tâche de publier "ce livre superbe mais, je le vois, d'un débit difficile" (lettre du 13 mars 1875). C'est finalement Richard Lesclide (1825-1892) qui relève le défi technique que lui soumettent les perfectionnistes Mallarmé et Manet. La recherche tend à considérer qu'il faille revoir à la baisse le tirage annoncé de 250 exemplaires: il est probable que le chiffre exact soit plutôt de 150 exemplaires, qui est le total déclaré au dépôt légal, le 14 juin 1875. Ces exemplaires auraient été numérotés en deux groupes, de 1 à 100 et de 190 à 240 pour donner l'illusion d'une publication au succès immédiat -les numéros "manquants" devaient être imprimés dans un second temps, en cas de forte demande. La parution est annoncée par des affiches qui reprennent le profil de corbeau qui orne la couverture.
Au moment de la publication du Corbeau, la critique est unanime dans ses louanges: une chronique parue dans Le Siècle du 13 juin 1875 affirme que Manet "a vu plus que la lettre, il a senti et rendu l'esprit du poème...après avoir vu ses terribles eaux-fortes, comme après avoir dégusté la prose de Monsieur Stéphane Mallarmé, on ne les sépare plus du livre américain, et Le Corbeau devient inoubliable". Dans Le Gaulois du 9 juin 1875, Georges Mayrant renchérit en écrivant que dans sa traduction, "Mallarmé a trouvé moyen de parler américain en français, c'est-à-dire d'être en français, plus Poe que Poe lui-même. C'est un tour de force qui mérite d'être compté à son auteur". Il salue également les illustrations de Manet, qui "sont véritablement d'un sentiment de terreur et de froid interprété par un artiste. Nous sommes assez peu habitués à des tentatives de cette fière audace, pour ne pas souhaiter en terminant tout le succès possible à la nouvelle édition du Corbeau".
Malgré ces critiques dithyrambiques, le prix relativement modeste et la promotion, l'édition est un échec commercial, en France comme outre-Manche. Les mémoires d'Edmund Gosse sont tout à fait éloquentes à ce sujet, conjurant l'image de "Mallarmé, [this little, brown, gentle person]...trotting about in Bloomsbury [and] carrying the vast folio of his Manet-Poe through the lenghts and breadth of London, disappointed but not discouraged". Cette déception est à la mesure de l'admiration de Mallarmé pour Poe, qui voyait en lui "son grand maître" (Lettre à Henri Cazalis, 7 janvier 1864) et de son investissement ainsi que celui de Manet dans une entreprise éditoriale qui se voulait de grande qualité.
On connaît quelques exemplaires offerts par les auteurs à leurs proches et amis: celui-ci porte un double envoi autographe signé à Léon Gambetta. La proximité de ce dernier avec la famille Manet, comme lui résolument républicaine ("gardez nous une bonne République, écrivait Edouard, âgé de 17 ans, à ses parents, car je crains bien que Louis Napoléon ne soit pas très républicain") remonte aux premiers temps de sa carrière d'avocat où il fait la connaissance de Gustave Manet, frère de l'artiste; il travaille ensuite pour Jules de Jouy, cousin du même. Il rencontre certainement Edouard Manet au salon d'Hippolyte Lejosne, qu'il fréquente régulièrement. Ce salon était en effet un lieu particulièrement en vue pour les hommes politiques et les artistes proches des républicains. Nommé président du conseil en novembre 1881, Gambetta confie le portefeuille de Ministre des Arts à Antonin Proust, grand ami d'Edouard Manet. Mallarmé Correspondance choisie p. 654-655; Pakenham Autour de la publication du "Corbeau", 2009, p. 89-95; Wilson-Bareau et Mitchell "Tales of a Raven. The Origins and Fate of Le Corbeau by Mallarmé and Manet" p. 258-307; Nord: Impressionists and Politics 31-32; Peyré Peinture et poésie, le dialogue par le livre, 102-105; From Manet to Hockney cat 1; Sowerwine A Political Romance: Léon Gambetta, Léonie Léon and the Making of the French Republic p. 135-136; The Artist and the Book p. 124; Carteret Romantique II 94; Vicaire VI col. 738.
Grand in-folio (540 x 350 mm) de (6) f. et double suite des 4 lithographies sur Chine et vergé, bien complet des 2 lithographies pour la couverture et l’ex-libris tirées sur parchemin, montées sur onglet. Tirage annoncé à 240 exemplaires sur papier de Hollande, celui-ci le n° 73, signé par le poète et le peintre (ce qui n'est pas toujours le cas). Exemplaire de première émission, avant les petites corrections typographiques efectuées à la demande de Stéphane Mallarmé. Reliure de l’époque en Bradel demi-vélin (couverture découpée et montée sur onglet, exemplaire légèrement bruni ; reliure légèrement frottée, petit accident en pied du dos).
Envoi autographe signé de Mallarmé et Manet, à l’encre noire sur l’ex-libris: “A M. Léon Gambetta. Exemplaire offert par MM. E. Manet / S. Mallarmé”. Double suite, sur Chine et Hollande, des 4 grands lavis à l'encre autographique d’Edouard Manet à pleine page auxquels s'ajoutent la tête de l'oiseau sur le premier plat de la couverture en parchemin et un ex-libris, également sur parchemin : le corbeau y est figuré déployant ses ailes près de l'espace où devait s'inscrire le nom du destinataire. Provenance : Léon Gambetta(1838-1882), envoi et ex-libris de sa bibliothèque.
Édition originale de la traduction de Stéphane Mallarmé et premier tirage des illustrations d'Édouard Manet. Exceptionnel exemplaire enrichi d'un double envoi autographe signé du traducteur et de l'illustrateur à Léon Gambetta. L'entreprise éditoriale de la traduction de Poe par Mallarmé, illustrée par des eaux-fortes de Manet est bien connue. Les débuts en sont difficiles. Le projet est d'abord soumis à Alphonse Lemerre, qui paraît d'abord intéressé avant de se raviser après avoir sondé quelques uns de ses clients, préférant laisser à un autre la tâche de publier "ce livre superbe mais, je le vois, d'un débit difficile" (lettre du 13 mars 1875). C'est finalement Richard Lesclide (1825-1892) qui relève le défi technique que lui soumettent les perfectionnistes Mallarmé et Manet. La recherche tend à considérer qu'il faille revoir à la baisse le tirage annoncé de 250 exemplaires: il est probable que le chiffre exact soit plutôt de 150 exemplaires, qui est le total déclaré au dépôt légal, le 14 juin 1875. Ces exemplaires auraient été numérotés en deux groupes, de 1 à 100 et de 190 à 240 pour donner l'illusion d'une publication au succès immédiat -les numéros "manquants" devaient être imprimés dans un second temps, en cas de forte demande. La parution est annoncée par des affiches qui reprennent le profil de corbeau qui orne la couverture.
Au moment de la publication du Corbeau, la critique est unanime dans ses louanges: une chronique parue dans Le Siècle du 13 juin 1875 affirme que Manet "a vu plus que la lettre, il a senti et rendu l'esprit du poème...après avoir vu ses terribles eaux-fortes, comme après avoir dégusté la prose de Monsieur Stéphane Mallarmé, on ne les sépare plus du livre américain, et Le Corbeau devient inoubliable". Dans Le Gaulois du 9 juin 1875, Georges Mayrant renchérit en écrivant que dans sa traduction, "Mallarmé a trouvé moyen de parler américain en français, c'est-à-dire d'être en français, plus Poe que Poe lui-même. C'est un tour de force qui mérite d'être compté à son auteur". Il salue également les illustrations de Manet, qui "sont véritablement d'un sentiment de terreur et de froid interprété par un artiste. Nous sommes assez peu habitués à des tentatives de cette fière audace, pour ne pas souhaiter en terminant tout le succès possible à la nouvelle édition du Corbeau".
Malgré ces critiques dithyrambiques, le prix relativement modeste et la promotion, l'édition est un échec commercial, en France comme outre-Manche. Les mémoires d'Edmund Gosse sont tout à fait éloquentes à ce sujet, conjurant l'image de "Mallarmé, [this little, brown, gentle person]...trotting about in Bloomsbury [and] carrying the vast folio of his Manet-Poe through the lenghts and breadth of London, disappointed but not discouraged". Cette déception est à la mesure de l'admiration de Mallarmé pour Poe, qui voyait en lui "son grand maître" (Lettre à Henri Cazalis, 7 janvier 1864) et de son investissement ainsi que celui de Manet dans une entreprise éditoriale qui se voulait de grande qualité.
On connaît quelques exemplaires offerts par les auteurs à leurs proches et amis: celui-ci porte un double envoi autographe signé à Léon Gambetta. La proximité de ce dernier avec la famille Manet, comme lui résolument républicaine ("gardez nous une bonne République, écrivait Edouard, âgé de 17 ans, à ses parents, car je crains bien que Louis Napoléon ne soit pas très républicain") remonte aux premiers temps de sa carrière d'avocat où il fait la connaissance de Gustave Manet, frère de l'artiste; il travaille ensuite pour Jules de Jouy, cousin du même. Il rencontre certainement Edouard Manet au salon d'Hippolyte Lejosne, qu'il fréquente régulièrement. Ce salon était en effet un lieu particulièrement en vue pour les hommes politiques et les artistes proches des républicains. Nommé président du conseil en novembre 1881, Gambetta confie le portefeuille de Ministre des Arts à Antonin Proust, grand ami d'Edouard Manet. Mallarmé Correspondance choisie p. 654-655; Pakenham Autour de la publication du "Corbeau", 2009, p. 89-95; Wilson-Bareau et Mitchell "Tales of a Raven. The Origins and Fate of Le Corbeau by Mallarmé and Manet" p. 258-307; Nord: Impressionists and Politics 31-32; Peyré Peinture et poésie, le dialogue par le livre, 102-105; From Manet to Hockney cat 1; Sowerwine A Political Romance: Léon Gambetta, Léonie Léon and the Making of the French Republic p. 135-136; The Artist and the Book p. 124; Carteret Romantique II 94; Vicaire VI col. 738.
Grand in-folio (540 x 350 mm) de (6) f. et double suite des 4 lithographies sur Chine et vergé, bien complet des 2 lithographies pour la couverture et l’ex-libris tirées sur parchemin, montées sur onglet. Tirage annoncé à 240 exemplaires sur papier de Hollande, celui-ci le n° 73, signé par le poète et le peintre (ce qui n'est pas toujours le cas). Exemplaire de première émission, avant les petites corrections typographiques efectuées à la demande de Stéphane Mallarmé. Reliure de l’époque en Bradel demi-vélin (couverture découpée et montée sur onglet, exemplaire légèrement bruni ; reliure légèrement frottée, petit accident en pied du dos).
Envoi autographe signé de Mallarmé et Manet, à l’encre noire sur l’ex-libris: “A M. Léon Gambetta. Exemplaire offert par MM. E. Manet / S. Mallarmé”. Double suite, sur Chine et Hollande, des 4 grands lavis à l'encre autographique d’Edouard Manet à pleine page auxquels s'ajoutent la tête de l'oiseau sur le premier plat de la couverture en parchemin et un ex-libris, également sur parchemin : le corbeau y est figuré déployant ses ailes près de l'espace où devait s'inscrire le nom du destinataire. Provenance : Léon Gambetta(1838-1882), envoi et ex-libris de sa bibliothèque.
注意事项
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and the Buyer’s premium. It will be refunded to the Buyer upon
proof of export of the lot outside the European Union within the
legal time limit. (Please refer to section VAT refunds).
荣誉呈献
Adrien Legendre