Lot Essay
La statue Durand-Dessert du delta intérieur du Niger s’inscrit stylistiquement dans un corpus restreint de figures dont seuls 18 exemplaires sont connus à ce jour. Les sculptures appartenant à ce corpus se distinguent des autres notamment par leur interprétation naturaliste de l’anatomie, la délicatesse des traits, le modelage tout en rondeurs, leur silhouette charnue et la subtilité des courbes de leur posture. Elles sont également caractérisées par leurs petites têtes évoquant presque une forme simiesque, des oreilles rappelant celles des chauves-souris et le visage majestueux renforcé par un menton relevé. Tandis que les autres statues connues de ce corpus sont masculines, représentées elles-aussi agenouillées, à l’exception d’un cavalier, la sculpture des Durand-Dessert est considérée comme l'une des deux seules figures féminines de ce groupe. La fonction de ces terres cuites, 800 ans après leur création, reste mystérieuse. La région où ce style est né est encore imprécise, comme le souligne de Grunne. En revanche, en se fondant sur les informations qui lui ont été données sur le terrain, il avance l’hypothèse de Pomona comme lieu d’origine, au nord du lac Débo. Cette précision est renforcée par la découverte, à cet endroit, d’une statue similaire (de Grunne, B., Djenné-Jeno : 1000 ans de sculpture en terre cuite au Mali, Bruxelles, 2014, p. 223). Comme l'a noté Kristina Van Dyke, chaque personnage semble s’adresser à un public. Par conséquent, nous pouvons les imaginer assemblées en cercle aux abords d’un village. Les colliers qu'ils portent et le nombre de perles représentées sont certainement symboliques (communication personnelle, mai 2018). L’homogénéité stylistique du corpus suggère la main d’un seul artiste ou atelier, possiblement en réponse d’une commande destinée à l’ornementation d’un autel ou d’un site dédié à une figure d’ancêtre mythique.