STATUE DAN, LÜ ME, PAR ZLAN DE BELEWALE (vers 1885 - vers 1955) 
DAN FIGURE, LÜ ME, BY ZLAN OF BELEWALE (ca. 1885 - ca. 1955)
STATUE DAN, LÜ ME, PAR ZLAN DE BELEWALE (vers 1885 - vers 1955) DAN FIGURE, LÜ ME, BY ZLAN OF BELEWALE (ca. 1885 - ca. 1955)

CÔTE D'IVOIRE

Details
STATUE DAN, LÜ ME, PAR ZLAN DE BELEWALE (vers 1885 - vers 1955)
DAN FIGURE, LÜ ME, BY ZLAN OF BELEWALE (ca. 1885 - ca. 1955)
CÔTE D'IVOIRE
Hauteur : 58 cm. (22¾ in)
Provenance
Collection Robert Duperrier, Paris
Philippe Guimiot, Bruxelles, en 1976
Collection Roger Vanthournout, Belgique, jusqu'en 2006
Sotheby’s, Paris, 23 juin 2006, lot 90
Collection Liliane et Michel Durand-Dessert, Paris
Literature
Arts d'Afrique Noire, n° 18, 1976, p. 3
Guimiot, P., Foire des Antiquaires de Belgique XLIV, 1976, p. 2
Guimiot, P. et Van de Velde, L., Arts Premiers d'Afrique Noire, Bruxelles, 1977, p. 46, n° 20
Martinez-Jacquet, E., "Fragments du Vivant : sculptures africaines dans la collection Durand-Dessert", Tribal Art Magazine, n° 21, été 2008, p. 131, fig. 5
Paudrat, J.L et al., Fragments du Vivant : sculptures africaines dans la collection Durand-Dessert, Paris, 2008, n° 26, 27, 59, 64, 67 et 68
Tribal Art Magazine, été 2008, n° 21, p. 131
Schaedler, K.-F., Encyclopedia of African Art and Culture, Munich, 2009, p. 173
Neyt, F., Trésors de Côte d’Ivoire, Bruxelles, 2014, pp. 54-55, fig. 26
Exhibited
Bruxelles, Crédit communal de Belgique, Oerkunsten van zwart Afrika - Arts Premiers d'Afrique Noire, 5 mars - 17 avril 1977
Paris, La Monnaie de Paris, Fragments du Vivant : sculptures africaines dans la collection Durand-Dessert, 10 - 24 septembre 2008

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Susan Kloman
Susan Kloman

Lot Essay

"En ne témoignant de rien d’autre que de sa beauté" disaient Liliane et Michel Durand-Dessert, cette statue féminine Dan appartient au corpus des œuvres attribuées au maître sculpteur Zlan. Zlan (ou Sran) de Belewale est sans conteste la personnalité la plus reconnue parmi les sculpteurs du territoire Dan-Wè de la première moitié du XXe siècle. L’influence de son style unique est perceptible chez les Dan, les Mano et les Wè au Libéria et en Côte-d’Ivoire. Sa carrière a été largement documentée par Hans Himmelheber en 1960. Zlan est décédé vers 1955 non loin du village Wè de Belewale près de Tapita au Liberia. Né soixante-dix ans plus tôt, à Gengwébé, situé sur le littoral de la Côte d’Ivoire, il était encore enfant lorsqu’il déménagea avec ses parents à Belewale. En langue Dan, le mot "Zlan" signifie "créateur" ou "dieu", prénom qui lui fut donné dès son enfance, certainement en raison de son talent de créateur. Zlan devint un sculpteur célèbre, très courtisé par les personnes influentes de son époque. Aucun prix n’était fixé pour l’œuvre au moment de la commande et Zlan appelait au sens artistique et à la générosité du commanditaire. Dans une conversation avec Himmelheber en 1952, il expliqua savoir sculpter des portraits assez fidèles aux modèles : "Quand je vois une belle femme, je suis capable, une fois revenu à ma plantation, de la sculpter de mémoire, de telle sorte que chacun la reconnaisse." Sculpteur de nombreux chefs et d’hommes influents, il a été aussi l’enseignant de nombreux élèves des peuples Dan et Wè. Eberhard Fischer a récemment décrit la carrière artistique de Zlan dans Les Maîtres de la sculpture de la Côte d’Ivoire (Paris, 2015, pp. 128-138).

Les statues Dan représentant un personnage debout sont rares. Appelées lü me, ou "personne en bois", elles sont avant tout considérées par les Dan comme objets de prestige. Commandées par des chefs aux meilleurs sculpteurs, ces statues sont le portrait de l’épouse favorite, dont elles portent le nom. Elles étaient conservées avec les autres objets précieux et parfois exposées pour honorer un hôte et accroître la réputation de son propriétaire. Seules quelques rares statues peuvent être attribuées avec certitude à Zlan : la statue Durand-Dessert de l’ancienne collection Duperrier, une statue de l’ancienne collection Rockefeller au Metropolitan Museum of Art à New York (inv. n° 1978.412.499), la maternité du Musée du quai Branly ; une statue féminine avec la même coiffure, sans scarifications, dans la collection du Fine Arts Museum of San Francisco (inv. n° 71.26) et une dernière dans une collection privée (Neyt, F., Trésors de Côte d’Ivoire, Bruxelles, 2014, p. 54, fig. 25).

Si par ses qualités plastiques cette statue féminine lü me se distingue, au sein du corpus, d'autres statues Dan, elle en conserve les canons stylistiques fondés sur les critères de beauté des pays Dan et Wè. En effet, elle adopte une attitude conventionnelle ; debout, elle est fermement campée sur des jambes puissantes légèrement écartées ; les bras séparés du tronc tombent le long du corps en une position active. Le visage témoigne de l’attention du sculpteur qui a souligné la délicatesse des traits : yeux ajourés étirés en amande surmontés de sourcils hachurés ; nez légèrement retroussé, lèvres ourlées s’entrouvrant sur de petites dents métalliques et le front bombé orné d’une nervure médiane. La coiffure élaborée est composée d’éléments sculptés auxquels sont fixées des fibres végétales tressées. Le cou large est un autre signe de beauté chez les Dan. Le corps est décoré de motifs scarifiés dessinant des chevrons sur le buste et les seins, des losanges et des triangles sur le dos. Des bracelets sont sculptés sur les poignets. Le pagne d’origine a été conservé. Les genoux sont marqués de traits horizontaux et des bracelets en métal ornent les chevilles. Les membres inférieurs galbés et les pieds reposent sur des socles en forme de sandale. La présence de ce chef-d’œuvre de l’art Dan dans la collection Durand-Dessert est éminemment significative : à la fois par sa rareté et ses très belles qualités plastiques mais aussi parce qu’elle est probablement la plus belle statue de Zlan encore en mains privées.

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