Lot Essay
Ce masque a été rapporté en 1924 par Xavier Bellouard, administrateur français au Moyen-Congo entre 1918 et 1930. Exposé comme Zande durant l’exposition Fragments du Vivant, Jan-Lodewijk Grootaers, plus prudent, ne lui donne pas de réelle attribution et le décrit comme : « Ubangi non attribué ». Les motifs des scarifications présentes entre les yeux et sur le front, marques de beauté et d'appartenance ethnique, situent vraisemblablement l'œuvre au nord du Congo. Un masque d’une réalisation similaire se trouve aujourd’hui dans la collection d’Institut des Musées Nationaux à Kinshasa (inv. n° 72.482.4) et fut publié par Joseph Cornet dans Art from Zaire. 100 Masterworks from the National Collection (New York, 1975, p. 131, n° 98). Collecté à Mupenge dans la région de Banalia, il fut attribué aux peuples Boa habitant au sud des Zande. Ce masque de danse ebkudiko monochrome est stylistiquement moins abstrait que ceux attribués généralement aux Boa. Contrairement à beaucoup d'autres masques de la région sud-est de l'Oubangui, le masque Durand-Dessert est sculpté dans un bois relativement dur tout comme un autre masque Boa similaire publié par Marc Felix dans Masks in Congo (Bruxelles, 2016, pp. 312-313). Notre pièce présente une bouche étroite dépourvue de dents, typique des masques oubanguiens. Les masques de cette région étaient portés par des initiés de sociétés secrètes comme le Mani des Zande pour signifier l'achèvement d'un rite ; également par des instructeurs d'initiation eux-mêmes et par des chefs lors de rituels de grande importance. Quelle que soit l’origine de ce masque, il est l'un des plus beaux exemples de la sculpture de cette région encore méconnue. La très belle patine et la simplicité de ses lignes le définissent comme un chef-d’œuvre des masques congolais.