拍品專文
Publiée dans le catalogue raisonné sur l'art des Tabwa en 1985 par Evan Maurer et Allen Roberts, la belle statue Durand-Dessert affiche un naturalisme raffiné et des proportions harmonieuses. Cette statue d'ancêtre masculin (mikisi mihasi) fut sculptée par le même artiste que la figure de la collection Vranken-Hoet collectée dans le village de Kiongo dans le clan Bakwa/Mwenge des Tabwa (op.cit., p. 40). Les deux pièces sont caractérisées par un traitement sensible et lisse des traits faciaux, et un traitement naturaliste des bras, des poignets, des mains, du sexe masculin et des membres inférieurs. Ce maître-sculpteur a gardé les proportions naturelles du corps humain en ne raccourcissant que légèrement les jambes. Les deux statues ont les mains appuyées sur l'abdomen, geste symbolique reliant les propriétaires de ces figures à leurs ancêtres. La belle coiffure de cette statue est ornée de rangées de lignes en bas-relief structurées en motifs élaborés. Les lignes de scarification sur le torse sont un second marqueur de civilisation. Elles sont une combinaison rare de trois rangées verticales sur le côté droit de l'abdomen et d’une diagonale de l'épaule droite à la hanche gauche. Dans la culture tabwa, la "beauté" n'était pas seulement physique mais également morale et liée à une conduite vertueuse. Les modèles de scarifications raffinés ainsi que les coiffures élaborées étaient les expressions suprêmes de cet idéal. L'ensemble présente une patine sacrificielle épaisse résultant de plusieurs générations de libations rituelles. En effet, la surface et les détails de cette figure ont été adoucis et arrondis par de nombreuses années de manipulation, témoignant du succès dont elle a joui auprès de la communauté. La statue conférait un statut noble à son propriétaire et servait à rappeler sa légitimité à prétendre au pouvoir.