Details
Auguste Rodin (1840-1917)
Éternel printemps, second état, 4ème réduction dite aussi "no. 2"
signé ‘A. Rodin.’ (sur le côté droit); avec la marque du fondeur 'Alexis Rudier. Fondeur. Paris.' (au dos de la terrasse); avec le cachet en relief 'A. Rodin' (à l'intérieur)
bronze à patine brun foncé
24.5 x 31.5 x 20.2 cm.
Conçu en 1884; cette version dite "second état" réalisée dans cette taille en 1898; cette épreuve fondue en mai 1944
signed ‘A. Rodin.’ (on the right side); with the foundry mark 'Alexis Rudier. Fondeur. Paris.' (on the back of the base); stamped with the raised signature 'A. Rodin' (on the inside)
bronze with dark brown patina
9 5/8 x 12 3/8 x 7 7/8 in.
Conceived in 1884; this version referred to as "second état" executed in this size in 1898; this bronze version cast in May 1944
Provenance
Musée Rodin, Paris.
Roger Gouinguenet, Paris et Arcachon (acquis auprès de celui-ci, le 1er avril 1945).
Collection particulière, Arcachon (par descendance); vente, Me Toledano, Arcachon, 5 décembre 2015, lot 150.
Acquis au cours de cette vente par le propriétaire actuel.
Literature
L. Maillard, Auguste Rodin, Statuaire, Paris, 1899, p. 155 (la version en marbre illustrée, p. 121, fig. 16).
G. Grappe, Le Musée Rodin, Monaco, 1947, p. 141, no. 56 (une autre version illustrée, pl. 56).
I. Jianou et C. Goldscheider, Rodin, Paris, 1967, p. 98 (une autre version illustrée, pl. 56-57).
J.L. Tancock, The Sculpture of Auguste Rodin, The Collection of the Rodin Museum Philadelphia, Philadelphie, 1976, p. 241-247, no. 32b (autres versions illustrées, p. 242-243 et 246, fig. 32-3 et 32-4).
A.E. Elsen, Rodin's Art, The Rodin Collection of the Iris & B. Gerald Cantor Center for Visual Arts at Stanford University, New York, 2003, p. 494-497, no. 148 (une autre épreuve illustrée, p. 494-495).
A. Le Normand-Romain, Rodin et le bronze, Catalogue des œuvres conservées au Musée Rodin, Paris, 2007, vol. I, p. 331-337, no. S.777 (une autre épreuve illustrée, p. 334).
L. Steinberg, Other Criteria, Confrontations with Twentieth-Century Art, Chicago, 2007, p. 429, no. 232 (la version en marbre illustrée, p. 365).
Further details
Comptant parmi les représentations les plus emblématiques de l'amour passionnel, L'Éternel printemps est l’une des compositions les plus appréciées d'Auguste Rodin et l’un des plus grands succès commerciaux du sculpteur, après avoir été exposé au Salon de 1898. Comme Le Baiser, Rodin l'a conçue à l’origine en 1884, comme un groupe destiné à la Porte de l'Enfer. Cette sculpture émotionnellement puissante et vivante peut dans une certaine mesure revêtir une dimension autobiographique. Le sculpteur, alors marié à Rose Beuret Mignon, fait la connaissance de Camille Claudel en 1882, et tombe presque tout de suite amoureux d’elle. Ayant reçu des commandes de grande envergure au début des années 1880, telles que La Porte de l’Enfer, Rodin a engagé plusieurs assistants et Claudel a rejoint son studio vers 1884. L’évolution de la sculpture d’un couple passionné sous le coup du sort pour La Porte de l’Enfer à une œuvre indépendante finalement intitulée Éternel printemps prouve bien que les émotions amoureuses et lyriques humaines saisies dans cette sculpture n’étaient pas adaptées à l’interprétation noire et tragique que se faisait Rodin de l'œuvre de Dante.
La beauté de ce chef-d'œuvre majeur de la sculpture réside dans sa capacité à exprimer un amour érotique, les deux personnages se fondant littéralement l’un dans l'autre de par leur position et le médium utilisé. Ces contrastes de mouvements et d’émotions sont renforcés par l’éblouissant jeu de lumière à la surface de la sculpture ainsi que par le mouvement ascendant de l’homme dominant la femme, laquelle semble s’abandonner à lui. La jambe en surplomb du personnage masculin et le contrepoint complexe des amants reflètent enfin le traitement innovant des personnages par l’artiste.
Cette sculpture a connu un tel succès que Rodin a réalisé plusieurs versions en marbre en apportant quelques variations: il s’agit ici de la seconde version de L’Éternel printemps identifiable par sa base étendue et son affleurement rocheux qui soutiennent le bras gauche et la jambe tendue du personnage masculin. Cette version étant plus facile à fondre est devenu le modèle utilisé par la fonderie Barbédienne entre 1898 et 1918. L’Éternel printemps dans cette vente avait été acquis par Roger Gouinguenet, contrôleur financier pour les musées nationaux de France, auprès du musée Rodin en 1945. Cette pièce est restée dans la famille Gouinguenet pendant soixante-dix ans jusqu’à ce qu’elle apparaisse sur le marché pour la première fois en 2015.
As one of the most iconic representations of passionate love, L'Éternel printemps was one of Rodin's most popular compositions and one of the sculptor's greatest commercial successes, after being exhibited at the Salon of 1898. Like Le Baiser, it was originally conceived in 1884 as a figural grouping for La Porte
de l'Enfer. To some extent, an autobiographical dimension can be read in this emotionally powerful and lively sculpture: in 1882, Rodin, who was married to Rose Beuret Mignon, met fellow sculptor Camille Claudel, and almost instantly fell in love with her. Having received large-scale commissions in the early 1880s, such as that of La Porte de l'Enfer, Rodin hired several assistants and Claudel joined his studio around 1884. Therefore, the transition from sculpting a passionate couple threatened by fate intended for La Porte de l'Enfer into an independent work that eventually was known as L’Éternel printemps proves that the amorous and lyrical human emotions grasped in this sculpture were unfit for the tragedy and darkness luring over Rodin’s interpretation of Dante’s text.
The beauty of this pivotal sculptural masterpiece lies in its ability to convey erotic love, with the two figures almost melting into one another through their position and through the chosen medium used. These contrasts of movements and emotions are further heightened by the dazzling play of light on the surface and the sweeping upward movement of the man dominating the woman who appears to abandon her body to him. The overhanging leg of the male figure and the uneasy counterpoint of the lovers reflects Rodin's innovative treatment of the figures.
Due to its popularity, Rodin produced several marble versions with a few variations: the present lot is the second version of L'Éternel printemps, that includes an extended base and a rocky outcrop to support the left arm and outstretched leg of the male figure. This version was easier to cast and became the model used by the Barbédienne foundry between 1898 and 1918. L'Éternel printemps presented in this sale was acquired by Roger Gouinguenet, a financial controller for national museums in France, from the Musée Rodin in 1945, and remained in the Gouinguenet family for seventy years until it recently appeared on the market in 2015.