細節
BRETON, André
De l’Humour noir
[Manuscrit autographe. 1937]

TEXTE MAJEUR D’ANDRÉ BRETON, À LA SOURCE ET AU CŒUR DU SURRÉALISME

MANUSCRIT AUTOGRAPHE COMPLET, DE PREMIER JET, ABONDAMMENT RATURÉ, LE SEUL CONNU

AVEC LE COLLAGE ORIGINAL D’ANDRÉ BRETON QUI SERVIRA DE FRONTISPICE À LA PRÉ-PUBLICATION DU TEXTE

In-4 (270 x 208 mm)
COLLATION : 46 pages à l’encre verte, toutes écrites au verso de 46 feuillets montés sur onglets
CORRECTIONS : près de 800 ratures et ajouts autographes d’André Breton
ILLUSTRATION ORIGINALE : collage original d’André Breton, composé d’une cinquantaine de portraits photographiques d’écrivains et de peintres, de quelques ornements tirés de livres (dont les initiales H et N, pour Humour noir), d’un fragment de carte et de la signature reproduite en fac-similé de Sade. Monté sur une feuille de carton gris (294 x 224 mm)
RELIURE SOUPLE SIGNÉE DE MIGUET. Maroquin janséniste rouge, dos long, tranche supérieure peinte en noire. Chemise, étui
PROVENANCE : Edmond Bomsel (ex-libris)

Ce manuscrit complet ne compte pas moins de quarante deux “entrées” embrassant les figures tutélaires - aujourd’hui évidentes - du surréalisme et de la modernité, de Sade à Picasso, en passant par Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont, Jarry ou des contemporains tôt disparus comme Apollinaire et Arthur Cravan. Les notices sont très référencées, pleines d’intertextes et d’anecdotes. Par exemple, dans la notice Poe, Breton cite Apollinaire puis Baudelaire :

“Il n’est pas interdit de reconnaître à ses heures, comme l’a fait pour sa part Apollinaire “le merveilleux ivrogne de Baltimore”... Poe, conte Baudelaire, fuyait seul dans le noir de l’ivresse, comme dans le noir de la tombe ; car il ne buvait pas en gourmand mais en barbare ... À New York, le matin même où la revue Whig publiait Le Corbeau, pendant que le nom de Poe était dans toutes les bouches, et que tout le monde se disputait son poème, il traversait Brodway en battant les maisons et en trébuchant”.

Des courtes bibliographies accompagnent les notices de certains écrivains, souvent ceux que Breton a connus.

On ne s’étonne pas qu’André Breton ait pu avoir un tel plaisir, éminemment perceptible, à composer les portraits de ceux qui l’accompagnèrent toute sa vie. Jacques Vaché y tient évidemment une place centrale. Ce projet d’anthologie, très ancien chez Breton, venait de sa rencontre avec Jacques Vaché en 1916. Dans une lettre à Breton, Vaché définissait l’umour comme une attitude existentielle, au-delà des mots : “Je crois que c’est une sensation - j’allais presque dire un sens - aussi - de l’inutilité théâtrale (et sans joie) de tout” (lettre du 29 avril 1917). L’humour s’entend comme une forme supérieure de l’intelligence dont la quantité est en “proportion inverse des possibilités de “bonheur” de l’homme" (Max Ernst). Cet humour est nécessairement noir, “dans une époque qui n’est pas rose, où une belle action consiste à se faire enlever les deux bras dans un combat” (ibid.). L’humour se tient donc à la source et au cœur du surréalisme, ludique, décalé, insolent.

Étienne-Alain Hubert mentionne ce seul manuscrit aujourd'hui connu “qu’un collectionneur ami a réuni avec perspicacité et a mis à notre disposition avec sa générosité habituelle”, rendant “possible de préciser certaines étapes peu connues de la fabrication”. Le livre, après bien des péripéties, sera finalement publié en 1945. À propos du photomontage original d’André Breton, il poursuit :

“Mentionnons surtout l’extraordinaire photomontage [collage original] sous-titré Qu’est-ce que l’humour noir ? dont nous avons pu avoir en mains l’original réalisé par Breton... on peut déchiffrer une sorte d’opération conjuratoire et ludique dans cet assemblage matériel qui, par-delà les frontières et les époques, également par-delà les différences des activités, réunit ces visages, ces symboles, ces traces sous le signe de l’humour noir”.

Ce collage original sera reproduit en frontispice du texte d’André Breton, De l'humour noir (1937), opuscule imprimé par Guy Lévis Mano, dans l’attente de la fabrication tout le temps contrariée du livre, à l’occasion d’une conférence que donna André Breton à la Comédie des Champs-Élysées.

RÉFÉRENCES : André Breton, Œuvres complètes, Paris, 1992, pp. 1745 et suiv. -- Max Ernst, “Au-delà de la peinture”, in Cahiers d’art, 1937, n° 6-7

榮譽呈獻

Adrien Legendre
Adrien Legendre Head of Department

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