拍品專文
Cette étude très précise et soignée de l’Apollon du Belvédère date des années passées à Rome par l'Anversois Van Lint (1633-1641). À cette époque, comme aujourd’hui, la sculpture romaine de marbre compte parmi les chefs-d’œuvre de la collection d’antiquités du Vatican où elle se trouve exposée à la Cortile del Belvedere (P. P. Bober et R. Rubinstein, Renaissance Artists and Antique Sculpture. A Handbook of Sources, 2nd edition, Londres and Turnhout, 2010, no. 28, fig. 28). Également en 1638 au Belvédère, van Lint réalise une étude à la sanguine davantage esquissée de la statue monumentale du dieu-fleuve représentant le Tigre, maintenant conservée au cabinet d'estampes du Musée Plantin-Moretus d’Anvers (inv. 176 ; voir F. Baudouin dans Rubens en zijn tijd. Tekeningen uit Belgische verzamelingen, cat. exp., Anvers, Rubenshuis, 1971, no. 43, pl. 37). Tout comme cette dernière, d’autres études à la sanguine furent probablement réalisées par van Lint sur le vif, pour ensuite servir de modèles à des œuvres plus abouties produites dans son atelier, comme notre présent dessin.
Au moins deux autres chefs-d’œuvre de l’Antiquité inspirèrent van Lint. En 1639 il réalise notamment trois vues différentes de l’Hercule Farnèse dont l’une est aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art et fut vendue avec la présente feuille en 1996 (inv. 2006.445 ; voir fig. 1). Les deux autres sont conservées aux National Galleries of Scotland à Édimbourg pour l’une (inv. RSA 61 ; voir K. Andrews, Catalogue of Netherlandish Drawings in the National Gallery of Scotland, Édimbourg, 1985, I, p. 47, II, fig. 313), et à la Collection Frits Lugt de Paris pour l’autre (inv. 5830A ; voir C. van Hasselt, Flemish Drawings of the 17th Century from the Collection of Frits Lugt, Institut Néerlandais, Paris, cat. exp., Londres, Victoria and Albert Museum, et autres lieux, 1972, no. 48, pl. 84). Un an plus tard, en 1640, van Lint réalise trois profils différents de la Vénus de Médicis avec une inscription mettant en garde contre l’attrait de la beauté physique et de l’amour charnel. Deux sont également conservés au Metropolitan (inv. 64.197.8 et 64.197.9 ; le premier reproduit comme fig. 2), alors que le troisième fait partie de la collection Lugt (inv. 5830B ; voir Van Hasselt, op. cit., no. 49, pl. 85). Tous sont dessinés à la pierre noire sur papier bleu (certains avec des rehauts blancs), ils possèdent approximativement les mêmes dimensions et peuvent aujourd’hui être considérés, malgré quelques différences de datation, comme une série. De plus, Frits Lugt attribua à van Lint l’étude plus petite et moins aboutie réalisée à la pierre noire de la statue d’un lion attaquant un cheval au Palazzo dei Conservatori au Louvre (inv. 21776 ; voir F. Lugt, Inventaire général des dessins des écoles du Nord. École flamande, Paris, 1949, I, no. 754, ill.).
L’intérêt de van Lint pour l’art à Rome durant ses années italiennes s’étendit au-delà des antiquités. Une série d’au moins sept études datant des années 1636, 1637 et 1641 (la dernière feuille probablement réalisée à son retour à Anvers), représentant des pendentifs de Raphaël à la Villa Farnesiana de Rome à la sanguine et à la pierre noire fut dispersée lors de la vente Christie’s, 10 novembre 1999, lot 328 (pour cinq d’entre eux, voir Northern European Old Master Drawings and Oil Sketches, cat. Haboldt & Co., New York et Paris, 2001-2002, nos. 30a-30e, ill.). Deux sont aujourd’hui aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique à Bruxelles (inv. 12139, 12140), d’autres se trouvent au J. Paul Getty Museum de Los Angeles, ainsi que dans une collection privée de Toronto, promise en don au Musée des Beaux-Arts du Canada d’Ottawa (J. Spicer, Dutch and Flemish Drawings from the National Gallery of Canada, cat. exp., Ottawa, National Gallery of Canada, et autres lieux, 2003-2005, no. 67, ill.). En 1639 il réalise également de plus petites copies à la plume et au lavis d’après le plafond de Raphaël dans la Stanza della Segnatura, dont trois sont encore aujourd’hui connues. L’une est conservée au Metropolitan Museum of Art (inv. 2013.535), une autre au Szépművészeti Múzeum de Budapest (inv. 1532 ; voir Teréz Gerszi, 17th-Century Dutch and Flemish Drawings in the Budapest Museum of Fine Arts. A Complete Catalogue, Budapest, 2005, no. 156, ill.), et la dernière se trouve dans une collection privée, récemment passée en vente chez Christie’s, Paris, 22 mars 2017, lot 95.
Tous ces dessins démontrent à quel point Van Lint était déjà un dessinateur accompli au cours de ces années, particulièrement doué pour les modelés très doux, comme en témoigne également une étude de prophète assis pour sa fresque à la Capella del Crocifisso à Santa Maria del Popolo de Rome aujourd’hui dans la collection Frits Lugt et datée de 1637 (inv. 5217 ; voir Van Hasselt, op. cit., no. 47, pl. 86). Contrairement à cette étude, les dessins sur papier bleu des sculptures antiques peuvent être considérés comme des œuvres indépendates. Cependant, de manière occasionnelle, il semble que Van Lint réutilise ces copies d'après l'antique dans ses propres compositions. La pose d’Apollon par exemple peut être reconnue dans celle d’une des Vierges sages d’une petite peinture sur cuivre aujourd’hui à Montpellier (Musée Fabre, inv. 825-1-145 ; voir O. Zeder in Tableaux flamands et hollandais du Musée Fabre de Montpellier, Paris et Zwolle, 1998, no. 30, ill.).
Fig. 1. Peter van Lint, L’Hercule Farnèse, The Metropolitan Museum of Art, New York
Fig. 2. Peter van Lint, La Vénus de Médicis, The Metropolitan Museum of Art, New York
Au moins deux autres chefs-d’œuvre de l’Antiquité inspirèrent van Lint. En 1639 il réalise notamment trois vues différentes de l’Hercule Farnèse dont l’une est aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art et fut vendue avec la présente feuille en 1996 (inv. 2006.445 ; voir fig. 1). Les deux autres sont conservées aux National Galleries of Scotland à Édimbourg pour l’une (inv. RSA 61 ; voir K. Andrews, Catalogue of Netherlandish Drawings in the National Gallery of Scotland, Édimbourg, 1985, I, p. 47, II, fig. 313), et à la Collection Frits Lugt de Paris pour l’autre (inv. 5830A ; voir C. van Hasselt, Flemish Drawings of the 17th Century from the Collection of Frits Lugt, Institut Néerlandais, Paris, cat. exp., Londres, Victoria and Albert Museum, et autres lieux, 1972, no. 48, pl. 84). Un an plus tard, en 1640, van Lint réalise trois profils différents de la Vénus de Médicis avec une inscription mettant en garde contre l’attrait de la beauté physique et de l’amour charnel. Deux sont également conservés au Metropolitan (inv. 64.197.8 et 64.197.9 ; le premier reproduit comme fig. 2), alors que le troisième fait partie de la collection Lugt (inv. 5830B ; voir Van Hasselt, op. cit., no. 49, pl. 85). Tous sont dessinés à la pierre noire sur papier bleu (certains avec des rehauts blancs), ils possèdent approximativement les mêmes dimensions et peuvent aujourd’hui être considérés, malgré quelques différences de datation, comme une série. De plus, Frits Lugt attribua à van Lint l’étude plus petite et moins aboutie réalisée à la pierre noire de la statue d’un lion attaquant un cheval au Palazzo dei Conservatori au Louvre (inv. 21776 ; voir F. Lugt, Inventaire général des dessins des écoles du Nord. École flamande, Paris, 1949, I, no. 754, ill.).
L’intérêt de van Lint pour l’art à Rome durant ses années italiennes s’étendit au-delà des antiquités. Une série d’au moins sept études datant des années 1636, 1637 et 1641 (la dernière feuille probablement réalisée à son retour à Anvers), représentant des pendentifs de Raphaël à la Villa Farnesiana de Rome à la sanguine et à la pierre noire fut dispersée lors de la vente Christie’s, 10 novembre 1999, lot 328 (pour cinq d’entre eux, voir Northern European Old Master Drawings and Oil Sketches, cat. Haboldt & Co., New York et Paris, 2001-2002, nos. 30a-30e, ill.). Deux sont aujourd’hui aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique à Bruxelles (inv. 12139, 12140), d’autres se trouvent au J. Paul Getty Museum de Los Angeles, ainsi que dans une collection privée de Toronto, promise en don au Musée des Beaux-Arts du Canada d’Ottawa (J. Spicer, Dutch and Flemish Drawings from the National Gallery of Canada, cat. exp., Ottawa, National Gallery of Canada, et autres lieux, 2003-2005, no. 67, ill.). En 1639 il réalise également de plus petites copies à la plume et au lavis d’après le plafond de Raphaël dans la Stanza della Segnatura, dont trois sont encore aujourd’hui connues. L’une est conservée au Metropolitan Museum of Art (inv. 2013.535), une autre au Szépművészeti Múzeum de Budapest (inv. 1532 ; voir Teréz Gerszi, 17th-Century Dutch and Flemish Drawings in the Budapest Museum of Fine Arts. A Complete Catalogue, Budapest, 2005, no. 156, ill.), et la dernière se trouve dans une collection privée, récemment passée en vente chez Christie’s, Paris, 22 mars 2017, lot 95.
Tous ces dessins démontrent à quel point Van Lint était déjà un dessinateur accompli au cours de ces années, particulièrement doué pour les modelés très doux, comme en témoigne également une étude de prophète assis pour sa fresque à la Capella del Crocifisso à Santa Maria del Popolo de Rome aujourd’hui dans la collection Frits Lugt et datée de 1637 (inv. 5217 ; voir Van Hasselt, op. cit., no. 47, pl. 86). Contrairement à cette étude, les dessins sur papier bleu des sculptures antiques peuvent être considérés comme des œuvres indépendates. Cependant, de manière occasionnelle, il semble que Van Lint réutilise ces copies d'après l'antique dans ses propres compositions. La pose d’Apollon par exemple peut être reconnue dans celle d’une des Vierges sages d’une petite peinture sur cuivre aujourd’hui à Montpellier (Musée Fabre, inv. 825-1-145 ; voir O. Zeder in Tableaux flamands et hollandais du Musée Fabre de Montpellier, Paris et Zwolle, 1998, no. 30, ill.).
Fig. 1. Peter van Lint, L’Hercule Farnèse, The Metropolitan Museum of Art, New York
Fig. 2. Peter van Lint, La Vénus de Médicis, The Metropolitan Museum of Art, New York