Lot Essay
André-Charles Boulle (1642-1732) est la figure d’exception aux règles corporatives qui, grâce au privilège royal qui lui est accordé en 1672 - car considéré par Colbert comme « le plus habile de Paris dans son métier » - peut aussi bien réaliser l’ébénisterie que les bronzes d’ameublement ou d’ornement dans son atelier. Il se définit alors comme ébéniste, ciseleur, doreur et sculpteur du roi et ce jusqu’en 1732 ; bien que son atelier soit repris par ses fils en 1715. Sa clientèle est prestigieuse puisqu’elle est constituée des membres de la famille royale (le Roi lui-même, la Reine, le Grand Dauphin) ainsi que les puissants financiers, les ministres et autres hauts fonctionnaires parmi lesquels nous ne citerons que Claude François de la Croix, Pierre Crozat ou encore Pierre Thomé tant la liste est impressionnante.
Ses gravures publiées vers 1720 dans Nouveaux deisseins de meubles et ouvrages de bronze et de marqueterie inventés et gravés par André-Charles Boulle, chez Mariette sont une source d’informations précieuse et reflète assez précisément sa production. Notons par ailleurs que Boulle employait indifféremment le mot lustre ou chandelier. Un certain nombre de motifs de lustre ont été publiés et bien que tous n’aient pas été exécutés à la lettre, on observe diverses combinaisons et variations de ces mêmes motifs parmi les lustres identifiés de Boulle.
Comme le souligne Jean Pierre Samoyault dans son ouvrage (Op. cit.) les lustres figurent parmi les objets les plus coûteux dans l’atelier d’André-Charles Boulles ; à titre d’exemple, les lustres à huit bras, non dorés, étaient cédés pour 2.000 livres. Jean Néré Ronfort dans son incontournable étude (Op. cit.) suppose que la production de lustre est légèrement antérieure à 1700, malgré l’absence de mention de luminaire dans l’inventaire de 1700 contrairement en 1715 dans l’acte de délaissement de Boulle en faveur de ses fils.
Chaque pièce de lustre était produite en série de trois à huit pièces, et on évalue à une dizaine de modèles différents de lustre pensés par Boulle. Lors du terrible incendie de l’atelier en 1720 engloutissant la quasi-totalité de l’atelier, on dénombre huit lustres disparus d’au moins six modèles différents, aux côtés des modèles, eux-aussi disparus à jamais. Ne survivent à la catastrophe que quelques fragments que l’on retrouve listés dans l’inventaire après décès d’André-Charles Boulle en 1732. On note également que Boulle a livré ce type de lustre en suite avec des girandoles à l’instar de l’ensemble cédé par le marchand-mercier Lazare Duvaux à la marquise de Pompadour le 11 septembre 1753.
Bien qu’aucun dessin strictement identique à ce lustre n’ait été retrouvé à ce jour, les divers ornements comme les masques féminins ou les feuilles d’acanthe en console formant les bras sont similaires aux gravures publiées en 1710 par Daniel Marot dans les Nouveaux Livre d’Orfèvrerie Inventé par Marot Architecte du Roi. Ce lustre peut aussi être rapproché de deux dessins attribués à l’orfèvre Claude Ballin un temps dans la collection Tessin et aujourd’hui conservés au Nationalmuseum de Stockholm. Le premier, daté vers 1685, présente un lustre avec des branches en console feuillagées, supportées par des masques de même forme, tandis que le second montre des feuilles d’acanthe s’enroulant autour des branches et des volutes en console flanquant le vase central.
Parmi les lustres les plus proches du nôtre, l’un est au château de Sans-Souci à Postdam. Attribué à André-Charles Boulle et daté vers 1710-1715, il fut acquis sur le marché de l’art parisien en 1748 pour 550 thalers par le roi de Prusse Frédéric II (1712-1786) afin d’orner la salle d’audience du château, dans laquelle il figure toujours aujourd’hui. Un autre lustre du même modèle, reprenant plusieurs ornements similaires, est gravé des armes du comte d’Aumont de Rochebaron et est supposé avoir été commandé par Louis, 3ème duc d’Aumont (1666-1723) ou par son fils, Louis-Marie, 4ème duc d’Aumont (1691-1723) pour l’hôtel d’Aumont à Paris. Il fut par la suite vendu dans la succession de Louis-Marie-Augustin, 5ème duc d’Aumont de Rochebaron (1709-1782) en 1782 et acquis au cours de cette vente par le marquis de Collange. Ce n’est bien après qu’il réapparut chez Aguttes, Neuilly-sur-Seine, 14 décembre 2010, lot 146. Enfin, une suite de quatre lustres, souvent considérés comme ceux ayant servi de modèle aux autres existants, fut confisquée au duc de Brissac pendant la Révolution en 1795 et fut par la suite donnée à la bibliothèque Mazarine à Paris, où elle est toujours conservée.
Ses gravures publiées vers 1720 dans Nouveaux deisseins de meubles et ouvrages de bronze et de marqueterie inventés et gravés par André-Charles Boulle, chez Mariette sont une source d’informations précieuse et reflète assez précisément sa production. Notons par ailleurs que Boulle employait indifféremment le mot lustre ou chandelier. Un certain nombre de motifs de lustre ont été publiés et bien que tous n’aient pas été exécutés à la lettre, on observe diverses combinaisons et variations de ces mêmes motifs parmi les lustres identifiés de Boulle.
Comme le souligne Jean Pierre Samoyault dans son ouvrage (Op. cit.) les lustres figurent parmi les objets les plus coûteux dans l’atelier d’André-Charles Boulles ; à titre d’exemple, les lustres à huit bras, non dorés, étaient cédés pour 2.000 livres. Jean Néré Ronfort dans son incontournable étude (Op. cit.) suppose que la production de lustre est légèrement antérieure à 1700, malgré l’absence de mention de luminaire dans l’inventaire de 1700 contrairement en 1715 dans l’acte de délaissement de Boulle en faveur de ses fils.
Chaque pièce de lustre était produite en série de trois à huit pièces, et on évalue à une dizaine de modèles différents de lustre pensés par Boulle. Lors du terrible incendie de l’atelier en 1720 engloutissant la quasi-totalité de l’atelier, on dénombre huit lustres disparus d’au moins six modèles différents, aux côtés des modèles, eux-aussi disparus à jamais. Ne survivent à la catastrophe que quelques fragments que l’on retrouve listés dans l’inventaire après décès d’André-Charles Boulle en 1732. On note également que Boulle a livré ce type de lustre en suite avec des girandoles à l’instar de l’ensemble cédé par le marchand-mercier Lazare Duvaux à la marquise de Pompadour le 11 septembre 1753.
Bien qu’aucun dessin strictement identique à ce lustre n’ait été retrouvé à ce jour, les divers ornements comme les masques féminins ou les feuilles d’acanthe en console formant les bras sont similaires aux gravures publiées en 1710 par Daniel Marot dans les Nouveaux Livre d’Orfèvrerie Inventé par Marot Architecte du Roi. Ce lustre peut aussi être rapproché de deux dessins attribués à l’orfèvre Claude Ballin un temps dans la collection Tessin et aujourd’hui conservés au Nationalmuseum de Stockholm. Le premier, daté vers 1685, présente un lustre avec des branches en console feuillagées, supportées par des masques de même forme, tandis que le second montre des feuilles d’acanthe s’enroulant autour des branches et des volutes en console flanquant le vase central.
Parmi les lustres les plus proches du nôtre, l’un est au château de Sans-Souci à Postdam. Attribué à André-Charles Boulle et daté vers 1710-1715, il fut acquis sur le marché de l’art parisien en 1748 pour 550 thalers par le roi de Prusse Frédéric II (1712-1786) afin d’orner la salle d’audience du château, dans laquelle il figure toujours aujourd’hui. Un autre lustre du même modèle, reprenant plusieurs ornements similaires, est gravé des armes du comte d’Aumont de Rochebaron et est supposé avoir été commandé par Louis, 3ème duc d’Aumont (1666-1723) ou par son fils, Louis-Marie, 4ème duc d’Aumont (1691-1723) pour l’hôtel d’Aumont à Paris. Il fut par la suite vendu dans la succession de Louis-Marie-Augustin, 5ème duc d’Aumont de Rochebaron (1709-1782) en 1782 et acquis au cours de cette vente par le marquis de Collange. Ce n’est bien après qu’il réapparut chez Aguttes, Neuilly-sur-Seine, 14 décembre 2010, lot 146. Enfin, une suite de quatre lustres, souvent considérés comme ceux ayant servi de modèle aux autres existants, fut confisquée au duc de Brissac pendant la Révolution en 1795 et fut par la suite donnée à la bibliothèque Mazarine à Paris, où elle est toujours conservée.