COMMODE D'EPOQUE LOUIS XV

ATTRIBUEE A MATTHIEU CRIAERD, MILIEU DU XVIIIe SIECLE

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COMMODE D'EPOQUE LOUIS XV
ATTRIBUEE A MATTHIEU CRIAERD, MILIEU DU XVIIIe SIECLE
En vernis européen, le dessus de marbre brèche d'Alep restauré, et ornementation de bronze ciselé et verni poinçonné au C couronné à décor d'oiseaux et de claustra, de rochers feuillagés et fleuris, ouvrant par deux tiroirs sans traverse, les pieds galbés ; le pied arrière-gauche et le bout de pied avant droit restaurés
H.: 84,5 cm. (33 ¼ in.) ; L.: 98,5 cm. (38 ¾ in.) ; P.:54 cm. (21 ¼ in.)
Le poinçon au C couronné fut apposé entre 1745 et 1749
Literature
Bibliographie comparative:
Pierre Kjellberg, Le Mobilier français du XVIIIème siècle, Paris, 1989, pp. 214-219 ;
Daniel Alcouffe, Le Mobilier du Musée du Louvre, tome 1, Dijon, 1993, pp. 152-155 ;
Brigitte Langer, Hans Ottomeyer, Die Möbel der Residenz München. Die franzosischen Möbel des 18. Jahrhunderts, Munich, 1995, pp. 114-115.
Further details
A LOUIS XV GILT-VARNISHED-BRONZE- MOUNTED JAPANNED COMMODE, ATTRIBUTED TO MATTHIEU CRIAERD, MID-18TH CENTURY

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Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière

Lot Essay

Cette superbe commode incarne la fascination des européens pour l’Orient ainsi que le goût avéré pour les objets exotiques au XVIIIe siècle. On voit en effet, dès les premières campagnes commerciales vers l’Extrême-Orient du XVIe et XVIIe siècle, un véritable engouement pour cette culture et ses codes esthétiques. Les européens sont notamment frappés par l’extraordinaire développement que connait l’art de la laque, matière qui leur est alors totalement inconnue. Tout de suite appréciés comme de véritables objets d’art, ils n’hésitent pas à importer à prix d’or de nombreux coffres et cabinets orientaux qu’ils s’empressent d’adapter à leur goût et à leur ameublement. Plus tard dans le siècle, les ébénistes ont introduit le vernis européen à l’imitation de la laque, alternative aussi raffinée et moins onéreuse aux panneaux de laque.

Cette commode constitue un élégant témoignage de la production de l'ébéniste d'origine flamande Mathieu Criaerd qui fournit le Garde-Meuble royal dans les années 1740 en collaborant avec le marchand-mercier Thomas-Joachim Hebert. Il se fit une spécialité des décors de laque de Chine et livra de nombreuses commodes comme celle de l'ancienne collection Grog-Carven conservée au Musée du Louvre (Daniel Alcouffe, loc. cit.). Mathieu Criaerd (1689 - 1776), fils de Jean Criaerd, est répertorié comme ébéniste rue Sainte-Marguerite dans le Faubourg Saint-Antoine. La célèbre suite, aujourd’hui conservée au Musée du Louvre, comprenant commode et encoignure, livrée par ce marchand pour la chambre bleue de la comtesse de Mailly au château de Choisy en 1743 porte son estampille.

Cette commode est à rapprocher d’une commode royale livrée par Thomas-Joachim Hebert en 1748 pour Marie Leczinska (vente Christie’s Paris, 17 novembre 2011, lot 207)
N1461. 1 commode de bois verni des Indes fonds noir à fleurs et branchages d'or, dans un compartiment fond d'argent, à dessus de marbre brèche d'Alep, ceintrée et chantournée, ayant par devant 2 tiroirs fermant à clef, avec entrées de serrures, mains fixes, ornements, filets, pieds de bronze doré d'or moulu, longue de 3 pieds, 18 pouces de profondeur et 31 pouces de haut" [Larg. 0,97m ; Prof. 0,48m . Haut. 0,837m] (Archives Nationales, 01 3312). Cette livraison (faite à la suite de deux commodes destinées à la Dauphine) concerne le petit appartement de la Reine au couvent du Carmel à Compiègne. On remarquera que la Reine partageait avec la dauphine le goût pour les meubles de laque dans ses pièces intimes : à Fontainebleau, Hébert avait livré pour son cabinet de retraite une commode en laque du Japon (musée du Louvre) ainsi qu'une bibliothèque en vernis façon de la Chine.

Thomas-Joachim Hébert (décédé en 1773) avait un statut spécial parmi les merciers puisqu'il jouissait du privilège des "marchands suivant la cour" appelés aussi "marchands privilégiés du Palais". Il débuta sa carrière en 1714, devenant le successeur de Nicolas-Guillaume Daustel dont il épousa la veuve, Louise Dezgodetz (décédée en 1724) et reprenant son commerce Quai de la Mégisserie, à l'enseigne Le Roy de Siam. Son stock se composait en 1724 surtout de porcelaines ou laques de Chine, de luminaires de bronze doré et d'un petit nombre de meubles, notamment quelques meubles de Boulle dont il était client. Devenu veuf, il se remaria avec Marie-Jeanne Legras (décédée en 1763) et déménagea pour la rue Sainte-Honoré, vis à vis le Grand Conseil, où il est cité en 1745-50. L'apogée de sa longue carrière correspond aux années 1737-1750, pendant lesquelles il livra à la famille royale toutes sortes de meubles en laque de Chine ou vernis Martin, porcelaines montées, pendules et lustres. L'ébéniste attitré de la Couronne était alors Gaudreaus, mais la famille royale préférait s'adresser à Hébert pour les meubles sortant de l'ordinaire en particulier les meubles en laque qui semblent avoir été sa spécialité.

Il faisait travailler les ébénistes B.V.R.B et Criaerd, confiant de préférence au premier les meubles en laque du Japon, et au second les meubles en vernis Martin tels ceux livrés en 1742 pour Mademoiselle de Mailly à Choisy. En dix ans, de 1737 à 1747, Hébert livra ainsi plus de quarante meubles pour la famille royale, dont trois commodes avec un petit bureau de laque du Japon, une douzaine de meuble en laque de Chine et autant en vernis Martin. En 1747 pour les filles de Louis XV il livra même une série de meubles en vernis Martin vert. Il se retira au début des années 1750, mettant en vente son fond de magasin en avril 1750 puis achetant en 1752 une charge de secrétaire du Roi.

Citons également, une commode assez proche estampillé de Mathieu Criaerd dans la collection Namhias (vente Christie’s Paris, 14 avril 2015, lot 108), ainsi qu’une attribuée à Mathieu Criaerd (vente Christie’s Londres, 13 juin 2002, lot 45).

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