Lot Essay
"A droite s’élève une colonne surmontée d’une urne cinéraire, selon l’usage des Grecs, et à laquelle sont attachées les armes d’un Guerrier dont cette urne renferme les cendres. Des arbres croissent à l’entour. (…) Les plantes, les arbres, les personnages sont agités par la violence d’un coup de vent. » lisait-on dans le Mercure de France sous la plume d’un critique du Salon1. Remarqué cette année-là et jouissant d’une belle réception, notre tableau se perdra pourtant au cours du XIXe siècle et début XXe siècle pour ne réapparaître dans une galerie parisienne qu’en juillet 1954, où il sera acquis par les actuels propriétaires.
Sa redécouverte permet d’ailleurs de dissiper le doute d’un autre tableau également intitulé « Un coup de vent » exposé par Valenciennes au Salon de 1804 et qui ne peut plus aujourd’hui être confondu avec le nôtre, exposé au Salon de 1810, année de son exécution dont il porte la date. Sur sa toile d’origine et toujours dans son cadre tel qu'il fut présenté aux critiques sous l’Empire, ce tableau exceptionnel de Valenciennes nous apparaît aujourd’hui dans une intégrité rare, révélant la qualité de ce peintre dédié aux paysages grandioses.
Natif de Toulouse, Valenciennes avait séjourné à Rome entre 1777 et 1781. Porté par sa fascination pour le rendu de la nature, il devança les Impressionnistes en peignant 'sur le motif' les alentours de la ville éternelle dans des études à l’huile de petit format marquantes par leur traitement réaliste de la lumière. Ses huiles sur papier ou carton réalisées à l’époque de son séjour en Italie seront une source d’inspiration infinie pour le peintre qui, à son arrivée à Paris puisera dans ce répertoire d’une Rome sublimée pour créer de larges paysages classiques.
Ayant eu toute sa vie à cœur de défendre le genre du paysage, dans lequel il excellait, Valenciennes exprima sa sensibilité et ses méthodes de travail par divers traités dans lesquels il délivrait de véritables indications au peintre observateur. Veiller à « faire des études de ciels, qui varie à l’infini»2 ou « connaître les privations de lumière que les nuages occasionnent par leur mouvement accéléré sur tous les objets de la Nature»3 semblent être des recommandations directement mises en pratique par l’artiste dans notre composition. Cherchant à élever le paysage dans la hiérarchie bien établie des genres picturaux, il sera à l’origine de la création d’un genre nouveau : « le paysage historique » qui allait posséder son propre concours en 1817. Desperthes en résume le principe en 1818 : « On entend par style historique, dans le genre du paysage, l’art de composer des sites d’après un choix de ce que la nature produit de plus beau et de plus grand, et d’y introduire des personnages dont l’action, soit qu’elle rappelle un trait historique, soit qu’elle présente un sujet idéal, puisse intéresser vivement le spectateur, lui inspirer de nobles sentiments, ou donner l’essor à son imagination»4.
Notre tableau illustre cette mouvance vers le paysage historique en marche dans les années 1800-1820, mais marque surtout l’aboutissement d’une recherche du 'Beau' par Valenciennes. Le peintre entendait livrer dans son art du paysage un idéal esthétique, classique, moral, qui concentrait tous les aspects du Néoclassicisme porté à son firmament, mais également qui, agrémenté d’observations sensibles, ouvrait surtout la voie au Romantisme à venir et à l’Impressionnisme naissant de la seconde moitié du XIXe siècle.
1. Voir op. cit. supra
2. P.-H. de Valenciennes, Élémens de perspective pratique: à l'usage des artistes, suivis de Réflexions et conseils à un élève sur la peinture, Paris, 1800, p. 461.
3. Op. cit. ibid.
4. J.-B. Deperthes, Théorie du paysage, ou considérations générales sur les beautés de la nature que l’art peut imiter et sur les moyens qu’il doit employer pour réussir dans cette imitation, Paris, 1818, p. 210.
Sa redécouverte permet d’ailleurs de dissiper le doute d’un autre tableau également intitulé « Un coup de vent » exposé par Valenciennes au Salon de 1804 et qui ne peut plus aujourd’hui être confondu avec le nôtre, exposé au Salon de 1810, année de son exécution dont il porte la date. Sur sa toile d’origine et toujours dans son cadre tel qu'il fut présenté aux critiques sous l’Empire, ce tableau exceptionnel de Valenciennes nous apparaît aujourd’hui dans une intégrité rare, révélant la qualité de ce peintre dédié aux paysages grandioses.
Natif de Toulouse, Valenciennes avait séjourné à Rome entre 1777 et 1781. Porté par sa fascination pour le rendu de la nature, il devança les Impressionnistes en peignant 'sur le motif' les alentours de la ville éternelle dans des études à l’huile de petit format marquantes par leur traitement réaliste de la lumière. Ses huiles sur papier ou carton réalisées à l’époque de son séjour en Italie seront une source d’inspiration infinie pour le peintre qui, à son arrivée à Paris puisera dans ce répertoire d’une Rome sublimée pour créer de larges paysages classiques.
Ayant eu toute sa vie à cœur de défendre le genre du paysage, dans lequel il excellait, Valenciennes exprima sa sensibilité et ses méthodes de travail par divers traités dans lesquels il délivrait de véritables indications au peintre observateur. Veiller à « faire des études de ciels, qui varie à l’infini»2 ou « connaître les privations de lumière que les nuages occasionnent par leur mouvement accéléré sur tous les objets de la Nature»3 semblent être des recommandations directement mises en pratique par l’artiste dans notre composition. Cherchant à élever le paysage dans la hiérarchie bien établie des genres picturaux, il sera à l’origine de la création d’un genre nouveau : « le paysage historique » qui allait posséder son propre concours en 1817. Desperthes en résume le principe en 1818 : « On entend par style historique, dans le genre du paysage, l’art de composer des sites d’après un choix de ce que la nature produit de plus beau et de plus grand, et d’y introduire des personnages dont l’action, soit qu’elle rappelle un trait historique, soit qu’elle présente un sujet idéal, puisse intéresser vivement le spectateur, lui inspirer de nobles sentiments, ou donner l’essor à son imagination»4.
Notre tableau illustre cette mouvance vers le paysage historique en marche dans les années 1800-1820, mais marque surtout l’aboutissement d’une recherche du 'Beau' par Valenciennes. Le peintre entendait livrer dans son art du paysage un idéal esthétique, classique, moral, qui concentrait tous les aspects du Néoclassicisme porté à son firmament, mais également qui, agrémenté d’observations sensibles, ouvrait surtout la voie au Romantisme à venir et à l’Impressionnisme naissant de la seconde moitié du XIXe siècle.
1. Voir op. cit. supra
2. P.-H. de Valenciennes, Élémens de perspective pratique: à l'usage des artistes, suivis de Réflexions et conseils à un élève sur la peinture, Paris, 1800, p. 461.
3. Op. cit. ibid.
4. J.-B. Deperthes, Théorie du paysage, ou considérations générales sur les beautés de la nature que l’art peut imiter et sur les moyens qu’il doit employer pour réussir dans cette imitation, Paris, 1818, p. 210.