拍品专文
Ces deux remarquables et élégants bureaux ont très probablement été réalisés par Nicolas Sageot, ébéniste le plus célèbre – après André-Charles Boulle – de la fin du règne de Louis XIV et sous le début de la Régence. Le premier a estampillé plusieurs de ces meubles ; l’autre pas.
Nicolas Sageot
Nicolas Sageot (1666 – 1731), reçu à la maîtrise en 1706 est en effet l’un des rares ébénistes à estampiller une partie de ses meubles bien avant l’édit de 1751 imposant l’estampille. Deux marques sont recensées : la circulaire NICOLAS SAGEOT et les simples initiales N.S.
Sageot possédant l’un des ateliers les plus importants de Paris, avec André-Charles Boulle, recourt pour ce faire à des alloués comme Denis Philibert Gaudreaus (frère du célèbre Robert), par contrat de deux à six ans, ou encore au marqueteur Toussaint Devoye dont il adapte les décors à ses meubles.
La marqueterie est classiquement inspirée des dessins gravés de Jean Bérain (1640-1711) de grotesques, oiseaux fantastiques, arabesques, chimères ailées, etc.
Toutefois, l’utilisation par Sageot des panneaux marquetés de Devoye n’est pas systématique, comme en atteste la mention d’un stock d’écaille de tortue de soixante-cinq livres (soit près de trente kilos) dans l’inventaire après décès de l’épouse de Sageot en 1729.
L’enseigne de Nicolas Sageot, Soufflet royal, installée à l’angle de la rue de la Roquette et de la Grande-Rue du Faubourg Saint-Antoine propose ainsi à la vente une multitude de meubles luxueux (bureaux, armoires, commodes), tous en marqueterie Boulle de cuivre et d’écaille de tortue, à des prix très importants et très proches de ceux pratiqués par Boulle.
Citons un bureau Mazarin conservé au Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris (inv. ODUT1500) portant l’estampille circulaire de Nicolas Sageot.
Nicolas Sageot n’est pas le seul à avoir réalisé des meubles en marqueterie Boulle. Citons notamment l’ébéniste Pierre Moulin et Noël Gérard un peu plus tard lorsqu’il s’installe en tant que marchand-mercier dans les années 1720 rue Neuve Saint-Merry, dans l’ancien hôtel particulier du financier Jabach.
Une provenance prestigieuse : Rothschild à Mentmore Towers
Perdu dans la compagne anglaise du Buckinghamshire, le château de Mentmore Towers est construit à partir de 1850 pour le banquier Mayer Amschel de Rothschild (1818-1874), fils du fondateur de la branche anglaise de la famille Rothschild, par l’architecte Joseph Paxton auteur du célèbre Crystal Palace. Plus grande propriété de la famille Rothschild, le château présente tous les aménagements et conforts modernes de l’époque : grand hall central, verrière, baies vitrées et chauffage central. L’auteur féminin Lady Eastlake se croit dans un « monde féérique » alors qu’elle pénètre dans le château pour la première fois en 1872, à la vue des immenses « tapisseries, des tapis perses recouvrant le parquet ».
Fille unique et par conséquent plus riche héritière du royaume, Hannah (1851-1890) épouse en 1878 le Ve comte de Rosebery, Archibald Primrose, futur Premier ministre britannique (1894-1895). Le château revient à l’un de leurs quatre enfants, Albert Edward Harry Meyer Archibald Primrose, VIe comte de Rosebery (1882-1974).
Grand joueur de cricket, homme politique libéral, il est élu membre de la Royal Society of Edinburgh en 1938. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il est nommé par Churchill membre du Conseil privé et secrétaire d’Etat pour l’Ecosse. La durée éphémère de ce gouvernement (1945) lui fera dire au moment de son départ « Well. I didn’t make a bad job of this, did I ? Didn’t have the time.” Il est par ailleurs promu en 1947 par le roi George VI Chevalier de l’Ordre du Chardon. Puis assure la présidence du Parti Libéral National de 1945 à 1957 ainsi que celle de la Commission royale des Beaux-Arts pour l’Ecosse en 1952. Il décède en 1974 à Mentmore.
La décision est prise de disperser le contenu du château en 1977. La vacation est mémorable et est considérée comme « la vente du siècle ». Elle est ponctuée par le meilleur du XVIIIe siècle français énumérant lot après lot les plus grands maîtres de la peinture et des arts décoratifs comme Boucher, Reynolds, Gainsborough, Riesener, Cressent, Oeben ou encore Bernard van Riesenburgh. Figurait par ailleurs dans la vacation, une très belle armoire en marqueterie Boulle de Nicolas Sageot (illustrée dans P. Grand, "Le mobilier Boulle et les ateliers de l'époque", in L'Estampille-L'Objet d'art, février 1993, n. 266, p. 56, ill. 10).
Nicolas Sageot
Nicolas Sageot (1666 – 1731), reçu à la maîtrise en 1706 est en effet l’un des rares ébénistes à estampiller une partie de ses meubles bien avant l’édit de 1751 imposant l’estampille. Deux marques sont recensées : la circulaire NICOLAS SAGEOT et les simples initiales N.S.
Sageot possédant l’un des ateliers les plus importants de Paris, avec André-Charles Boulle, recourt pour ce faire à des alloués comme Denis Philibert Gaudreaus (frère du célèbre Robert), par contrat de deux à six ans, ou encore au marqueteur Toussaint Devoye dont il adapte les décors à ses meubles.
La marqueterie est classiquement inspirée des dessins gravés de Jean Bérain (1640-1711) de grotesques, oiseaux fantastiques, arabesques, chimères ailées, etc.
Toutefois, l’utilisation par Sageot des panneaux marquetés de Devoye n’est pas systématique, comme en atteste la mention d’un stock d’écaille de tortue de soixante-cinq livres (soit près de trente kilos) dans l’inventaire après décès de l’épouse de Sageot en 1729.
L’enseigne de Nicolas Sageot, Soufflet royal, installée à l’angle de la rue de la Roquette et de la Grande-Rue du Faubourg Saint-Antoine propose ainsi à la vente une multitude de meubles luxueux (bureaux, armoires, commodes), tous en marqueterie Boulle de cuivre et d’écaille de tortue, à des prix très importants et très proches de ceux pratiqués par Boulle.
Citons un bureau Mazarin conservé au Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris (inv. ODUT1500) portant l’estampille circulaire de Nicolas Sageot.
Nicolas Sageot n’est pas le seul à avoir réalisé des meubles en marqueterie Boulle. Citons notamment l’ébéniste Pierre Moulin et Noël Gérard un peu plus tard lorsqu’il s’installe en tant que marchand-mercier dans les années 1720 rue Neuve Saint-Merry, dans l’ancien hôtel particulier du financier Jabach.
Une provenance prestigieuse : Rothschild à Mentmore Towers
Perdu dans la compagne anglaise du Buckinghamshire, le château de Mentmore Towers est construit à partir de 1850 pour le banquier Mayer Amschel de Rothschild (1818-1874), fils du fondateur de la branche anglaise de la famille Rothschild, par l’architecte Joseph Paxton auteur du célèbre Crystal Palace. Plus grande propriété de la famille Rothschild, le château présente tous les aménagements et conforts modernes de l’époque : grand hall central, verrière, baies vitrées et chauffage central. L’auteur féminin Lady Eastlake se croit dans un « monde féérique » alors qu’elle pénètre dans le château pour la première fois en 1872, à la vue des immenses « tapisseries, des tapis perses recouvrant le parquet ».
Fille unique et par conséquent plus riche héritière du royaume, Hannah (1851-1890) épouse en 1878 le Ve comte de Rosebery, Archibald Primrose, futur Premier ministre britannique (1894-1895). Le château revient à l’un de leurs quatre enfants, Albert Edward Harry Meyer Archibald Primrose, VIe comte de Rosebery (1882-1974).
Grand joueur de cricket, homme politique libéral, il est élu membre de la Royal Society of Edinburgh en 1938. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il est nommé par Churchill membre du Conseil privé et secrétaire d’Etat pour l’Ecosse. La durée éphémère de ce gouvernement (1945) lui fera dire au moment de son départ « Well. I didn’t make a bad job of this, did I ? Didn’t have the time.” Il est par ailleurs promu en 1947 par le roi George VI Chevalier de l’Ordre du Chardon. Puis assure la présidence du Parti Libéral National de 1945 à 1957 ainsi que celle de la Commission royale des Beaux-Arts pour l’Ecosse en 1952. Il décède en 1974 à Mentmore.
La décision est prise de disperser le contenu du château en 1977. La vacation est mémorable et est considérée comme « la vente du siècle ». Elle est ponctuée par le meilleur du XVIIIe siècle français énumérant lot après lot les plus grands maîtres de la peinture et des arts décoratifs comme Boucher, Reynolds, Gainsborough, Riesener, Cressent, Oeben ou encore Bernard van Riesenburgh. Figurait par ailleurs dans la vacation, une très belle armoire en marqueterie Boulle de Nicolas Sageot (illustrée dans P. Grand, "Le mobilier Boulle et les ateliers de l'époque", in L'Estampille-L'Objet d'art, février 1993, n. 266, p. 56, ill. 10).