DIGNITAIRE
AZTÈQUE
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A l'instar de bon nombre de sociétés précolombiennes, le monde aztèque a pratiqué – à grande échelle – le sacrifice humain, l'anthropophagie rituelle et la mortification physique. Ces pratiques avaient une fonction éminemment religieuse. Puisque les dieux s'étaient sacrifiés lors des créations successives de notre monde, l'humanité payant sa dette, devait ainsi participer à préservation de l'équilibre instable du cosmos.Parmi les nombreuses formes de mortifications physiques que les Aztèques ont connues, la plus répandue était sans conteste le nextlahualli. Cet « autosacrifice » consistait à se percer différents organes du corps afin de provoquer l'épanchement de sang et son corolaire : la douleur. Plus sanglante et plus douloureuse était l'action, plus grande devenait l'offrande qui, à la différence du sacrifice humain, pouvait être répétée tout au long d'une vie. Selon les sources, l'épanchement de sang était répandu dans toutes les couches de la société aztèque ; depuis les plus humbles paysans jusqu'aux princes. Il prenait cependant une ampleur sans commune mesure parmi les membres de l'élite au cours de rituels nombreux et variés.En fonction des cérémonies, différentes parties du corps pouvaient être mutilées : les oreilles, la langue, les membres, le nez, les lèvres, les paupières, voire le pénis. Afin d'augmenter l'épanchement de sang et l'intensité de la douleur, des cordes ou des baguettes étaient glissées dans les plaies.Des objets particuliers étaient utilisés : épines d'agave, lancettes d'obsidienne, dards de raie et roseaux taillés. Cependant, les instruments les plus précieux, réservés à la noblesse, aux prêtres et aux guerriers étaient les os longs de félins ou de rapaces, aiguisés en biseau. Cette statuette illustre parfaitement cette pratique. Elle représente un homme jeune, vêtu seulement d'un pagne. Il tient en main droite le stylet d'os reconnaissable à l'une des épiphyses. De sa main gauche, il guide la pointe afin de pouvoir percer le lobe supérieur. Le folio 50r/51r du Codex Tuleda - fig. 1 - (manuscrit mexicain daté du milieu du XVIe siècle) nous donne un bel exemple de l'action.S'il est difficile de l'identifier nul doute qu'il s'agit d'un personnage important par la présence du labret circulaire que l'on distingue sous la lèvre inférieure, distinction réservée aux nobles et aux guerriers. Humblement accroupi, il participe ainsi à l'un des grands rites de la société aztèque, peut être une initiation ou une intronisation, à l'instar de celle du fameux Moctezuma, décrite par le Dominicain Diego Durán bien des années après la mort de l'infortuné empereur : « ...Il prit les trois pointes d'os […] et avec celle de tigre se fit saigner les oreilles, avec celle de lion les parties charnues et avec celle de l'aigle le devant des tibias... » (Historia de la Indias de Nueva-España e islas de Tierra Firme, 1571-1581).Pascal Mongne, Paris, septembre 2020Docteur en archéologie et historien de l’art, chargé de Cours à l’Ecole du Louvre, Pascal Mongne se consacre principalement à l’évolution de l’image européenne des Amériques depuis la Découverte et à la question du Faux en art précolombien. Il est membre de l’ArchAm (« Archéologie des Amériques » UMR 8096, CNRS - Université Paris 1), du GEMESO (Groupe d’Etudes Méso-Américaines, EPHE) et du Comité français pour le Corpus Antiquitatum Americanensium (Union académique internationale).Orientation bibliographique :Baudez, C.-F., La douleur rédemptrice, l'autosacrifice précolombien, Paris, 2012Graulich, M., « Autosacrifice in Ancient Mexico », in Estudios de cultura Náhuatl, Issue 36, Mexico, 2005, pp. 301-309Matos Moctezuma, E., López Luján, L. et Fauvet-Berthelot, M.-F., Escultura monumental mexica, Mexico, 2010
DIGNITAIREAZTÈQUE

ENV. 1350-1521 AP. J.-C.

Details
DIGNITAIRE
AZTÈQUE
ENV. 1350-1521 AP. J.-C.
Basalte gris
Hauteur : 24 cm. (9 ½ in.)
Provenance
Collection Walter Vanden Avenne, Oostrozebeke, Belgique
Collection privée européenne, acquis auprès de ce dernier
Literature
Société Générale de Banque, Art de Mésoamérique – Meso-Amerikaanse kunst, Bruxelles, 1976, n° 107
Exhibited
Bruxelles, Société Générale de Banque, Art de Mésoamérique – Meso-Amerikaanse kunst, 17 novembre 1976 - 8 janvier 1977
Further details
Like many Pre-Columbian societies, the Aztec world practiced large scale human sacrifice, ritual cannibalism, and physical mortification. These practices had an eminently religious function. Since the gods had sacrificed themselves in the course of the successive creations of our world, humanity, in paying its debt, was taking part in the preservation of the unstable balance of the cosmos.

Among the many forms of physical mortification that the Aztecs experienced, the most widespread was undoubtedly the nextlahualli. This “self-sacrifice” consisted in piercing different organs of one’s own body in order to provoke the effusion of the blood and its corollary: pain. The bloodier and the more painful the act, the greater the offering which, unlike human sacrifice, could be repeated throughout one’s life.
According to sources, shedding of blood took place at all levels of Aztec society, from the humblest peasants to princes. However, it took on a disproportionate role among the elite in the course of many diverse rituals.
In different rituals, various parts of the body could be mutilated: the ears, the tongue, the limbs, the nose, the lips, the eyelids or the penis. In order to increase the amount of bloodshed and the intensity of the pain, cords or rods were inserted into the wounds. Special objects were used: agave thorns, small obsidian lances, stingray stings and sharpened reeds. However, the most precious instruments, reserved for the nobility, for priests and for warriors, were the beveled long bones of felines and birds of prey.

This sculpture perfectly illustrates this practice. It represents a young man, dressed only in a loincloth. He holds in his right hand the bone stylus recognizable as one of the epiphysia. In his left hand he guides the tip so as to be able to pierce the upper lobe. Folio 50r/51r of the Codex Tuleda - fig. 1 - (a Mexican manuscript dating from the middle of the 16th century) gives us a prime example of the act.
While it is difficult to identify, there’s no doubt of the importance of this person as indicated by the the circular labret which can be seen under the lower lip, a distinction reserved for warriors and nobles.
Humbly squatting, he is participating in one of the great rites of Aztec society, perhaps an initiation or an enthronement, like that of the famous Moctezuma, described by the Dominican Diego Durán years after the death of the unfortunate emperor : “he took the three points of bone (…) and with the one from the tiger made his ears bleed, with the lion’s the fleshy parts, and with the eagle’s the front of the tibias" (Historia de la Indias de Nueva-España e islas de Tierra Firme, 1571-1581).

Pascal Mongne, Paris, September 2020


AZTEC STONE FIGURE OF A NOBLEMAN

Seated and staring forward resolutely, the hands sensitively treated with long fingers accentuated, the right hand wrapped around his knees and grasping a sharpened radius bone pushed into his ear lobe for bloodletting, the left arm turned sharply with palm open and held behind the injured ear hole, the face marked by the downward-turned lips and large circular labret, denoting an elite rank, inserted in the chin, the coiffure treated as a tightly coiled spiral on the back, possibly an indication of social status, in grey basalt with a faint remain of red pigment.

See Kerchache, J. et al., Sculptures. Afrique, Asie, Océanie, Amériques, Paris, 2000, p. 411, for a figure adorned with a large circular besote (labret), emblematic of elite status (ibid, p. 410).

Lot Essay

Personnage assis, en basalte gris avec quelques traces de pigments rouges, regardant résolument vers l’avant, les mains traitées de façon sensuelle avec de longs doigts aux proportions accentuées, la main droite enserrant ses genoux et saisissant un morceau d’os du radius aiguisé et destiné à être enfoncé dans le lobe de l’oreille pour provoquer un saignement, le bras gauche retourné avec vigueur avec la main ouverte et placée derrière le percement de l’oreille blessée, le visage souligné par les lèvres orientées vers le bas et avec un grand labret circulaire qui indique une appartenance à un rang social élevé inséré dans le menton, et à la coiffure traitée en spirale enroulée serrée dans le dos, qui peut être aussi une indication de statut social.

Voir Kerchache, J. et al., Sculptures. Afrique, Asie, Océanie, Amériques, Paris, 2000, p. 411, pour un personnage paré d’un grand besote (labret) qui caractérise les membres de l’élite sociale (ibid, p. 410).


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