拍品專文
Le retour au goût classique en réaction aux excès du rocaille prend naissance dans les années 1750 en plein règne de Louis XV. Alors que certains architectes tels que Blondel ou Contant d’Ivry prônent un modernisme mesuré, d’autres tels que le peintre Louis-Joseph Le Lorrain ou des érudits tels que le comte de Caylus se plaisent à une relecture extrême et épurée de l’art antique. Le comte de Caylus (1692-1765), homme de Lettres passionné d’antiquités, parait comme l’un de ces précurseurs. Le choix fait dans ses collections d’un cénotaphe romain de porphyre datant du IIe siècle, pour en faire son tombeau dans l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, est à mettre directement en lien avec ce renouveau et les sources antiques qui ne tardent pas à être réinterprétées. La commande du collectionneur Ange-Laurent Lalive de Jully (1725-1779) est également d’une grande importance. Financier passionné des Arts, introducteur des ambassadeurs de Louis XV à partir de 1756, il passa commande d’un ensemble de meubles précurseurs composé d’un bureau, de son cartonnier, un coquiller, un fauteuil et un encrier (A. Forray-Carlier, Le mobilier du château de Chantilly, Dijon, 2010, n. 10, p. 57). Son portrait par Jean-Baptiste Greuze conservé à la National Gallery of Art de Washington présente deux de ces créations novatrices : le fauteuil à haut dossier et le bureau plat. L’impact du modernisme de ce mobilier, dont le bureau se trouve actuellement conservé au château de Chantilly suite à un achat du duc d’Aumale, fut immense. Certains commentateurs parlèrent de création « à la grecque », expression désignant alors, d’une manière générale, tout ce qui se réclamait de l’antiquité. Le Lorrain s’était vu confier cette réalisation et il peut être considéré comme l’un des chantres de ce style naissant. D’autres, tels que le graveur, historien et collectionneur Pierre-Jean Mariette, firent aussitôt référence au grand style d’André-Charles Boulle, établissant un lien avec les créations louis-quatorziennes. Cette dénomination « à la grecque » eut un très large succès et qualifie cette mode qui déferla sur Paris durant toute la décennie des années 1760. Ainsi, Lalive, lui-même, s’en plaignit dans le Catalogue Historique qu’il publia en 1764, précisant que même les devantures des boutiques se faisaient maintenant dans cette mode. Les gravures humoristiques du peintre Alexandre Petitot dans la Mascarade à la grecque dénoncent parfaitement ces excès (A. Petitot et B. Bossi, Mascarade à la grecque, Parme, 1771).
Notre console est à rapprocher du bureau emblématique de Lalive de Jully, conservé à Chantilly (Catalogue exposition, 18e aux sources du design, chefs-d’œuvre du mobilier 1650-1790, Château de Versailles, 2015) avec les même guirlandes tombantes caractéristiques dites « en corde à puits ».
Notre console est à rapprocher du bureau emblématique de Lalive de Jully, conservé à Chantilly (Catalogue exposition, 18e aux sources du design, chefs-d’œuvre du mobilier 1650-1790, Château de Versailles, 2015) avec les même guirlandes tombantes caractéristiques dites « en corde à puits ».