Lot Essay
La collection Fiore Arts d’art taino est un exemple unique de collection privée constituée de trente-huit objets réalisés sur divers supports comprenant l’os de lamentin, le coquillage, le bois et la terre cuite, tous empreints d’une forte iconographie symbolique.
Les pièces les plus importantes ont été exposées sur le long terme au Museum of Fine Arts, Boston et au Metropolitan Museum of Art, ou dans des expositions spécifiques à la culture des Tainos organisées par les plus importantes institutions culturelles des États-Unis et d’Europe, telles que l'American Museum of Natural History, le Museo del Barrio ou encore le Petit Palais à Paris.
Ce type d’œuvres témoigne de la créativité des Tainos et tient une place unique dans l’histoire des premières rencontres entre les Amérindiens et Christophe Colomb, puis dans la mise en place postérieure des modèles coloniaux en Amérique latine.
The Fiore Arts Collection of Taino art is a unique private collection composed of thirty-eight works made in a variety of media including manatee bone, shell, wood and terracotta, layered with symbolically charged iconography.
The most important pieces have been on long term loan at the Museum of Fine Arts, Boston and the Metropolitan Museum of Art and in special exhibitions on Taino culture in the leading institutions of the United States and Europe including the American Museum of Natural History, the Museo del Barrio and the Petit Palais in Paris.
The works speak to the creativity of the Taino and hold a unique role in the story of the first encounter of Amerindians with Christopher Columbus and the subsequent development of Colonial patterns in Latin America.
COHOBA
Plus que pour aucune autre activité, les Taïnos sont célèbres pour leur cérémonie de la cohoba. Il s’agit de l’inhalation rituelle d’une poudre hallucinogène afin d’atteindre un état d’inconscience favorable à la rencontre d’entités invisibles. Quand les caciques ou les chamanes (behiques) désiraient consulter les esprits, avant d’entamer le rite propitiatoire lui-même, ils jeûnaient pendant plusieurs jours puis ils vomissaient en s’aidant d’une spatule afin de nettoyer leurs entrailles de ses impuretés.
La cérémonie de la cohoba nécessitait un attirail tout particulier, de bois, d’os ou de céramique, généralement hautement décoré. La spatule vomitive servait à la purification préliminaire. C’était une palette allongée courbe, rappelant la forme d’une côte animale dans laquelle elle était parfois façonnée. Le manche était décoré d’un personnage. En tout cas, c’était un instrument particulièrement imposant pour une fonction simple. En Amazonie actuelle, les Amérindiens provoquent le vomissement à la suite d’ingestion de psychotrope ou de bière douce en se mettant deux doigts dans la gorge. Les Jivaros, plus délicats, se chatouillent la glotte à l’aide d’une plume d’ara dans le même but.
Pour aspirer la poudre, des os ou des coquillages étaient sculptés dans des formes étonnantes, avec une perforation qui se divisait en deux canaux, un pour chaque narine. La plus déconcertante est un personnage plié, les jambes passant par dessus la tête dans lesquelles on insérait deux pailles, tandis qu’une troisième enfilée dans l’anus de la figurine permettait d’aspirer la poudre. Un esprit espiègle comme il en existe parfois.
Des petites cupules pour contenir le psychotrope, souvent désignées à tort comme « cuillère », arboraient des représentations de personnages variés. Toutefois, l’instrument le plus imposant était une grande figurine de bois, de forme humaine ou animale, munie en son sommet d’une extension en forme de tablette pour recevoir l’hallucinogène. Ces statues témoignent de la dextérité des artisans et de l’importance du rituel de la cohoba.
De magnifiques duhos de bois, sièges à dossier incurvé comme des hamacs, permettaient à l’officiant de s’étaler pour partir dans ses transes.
Ce périple dans le monde des esprits avait souvent une vocation thérapeutique ou initiatrice. Un de ses objectifs était de convoquer les pouvoirs des forces invisibles pour assister les chamanes dans leurs tâches au cours de leur expérience extatique.
Stéphen Rostain
Directeur de recherche au CNRS
Archéologue spécialiste de l’Amazonie et des Antilles
COHOBA
More than any other activity, the Tainos are famous for their cohoba ceremony. This involves inhaling a hallucinogenic powder in order to reach an unconscious stage favourable to encountering invisible entities. When the caciques or the shamans (behiques) wanted to consult the spirits, before launching the proprietary rite itself they would fast for several days, then vomit with the help of a spatula so as to clean out their entrails of its impurities.
The cohoba ceremony required very special paraphernalia, of wood, manatee bone or sometimes terracotta, usually highly decorated. The vomiting spatula was used for the preliminary purification. It was a curved, elongated pallet, strongly resembling the shape of an animal rib, in which it was sometimes carved. The handle was decorated with a human figure. In any case, it was a particularly imposing instrument for a simple function. In the present day Amazon, indigenous Americans induce vomiting after ingesting a hallucinogenic drug or sweet beer by putting two fingers down their throat. The Jivaros, who in today’s Amazon, achieve the same effect by tickling the back of their throat with a parrot feather.
To inhale the powder, bones or shells were sculpted into remarkable shapes, with a perforation divided into two canals, one for each nostril. The most disconcerting is a character who is bent over with his legs over his head. Two straws were inserted into the legs, while a third straw in the anus of the figure allowed the powder to be inhaled. A mischievous figure indeed!
Little cups to contain the hallucinogen, often wrongly called “spoons”, were decorated with a variety of anthropomorphic figures. However, the most imposing figure was a large wooden figurine of human or zoomorphic shape, with at the top the head balanced a type of tablet to hold the drug. These statues show the prowess of the artisans and the importance of the cohoba ritual.
Magnificent wooden duhos, wooden seats, with curved backs, like hammocks, allowed the officiating priest to sink back into his trance.
This voyage into the world of spirits often had a therapeutic or initiatory purpose. One of its objectives was to bring together the powers of invisible forces to assist the shamans in their tasks during their ecstatic experiences.
Stéphen Rostain
Director of Research at CNRS
Archaeologist specialising on the Amazon region and Caribbean islands
Elégante spatule vomitive percée au travers des pattes pour crochets de suspension tout en utilisant avec brio la courbe de l’os de la côte du lamentin (Trichecus manatus), à la poignée en forme de rapace à long bec avec des ailes repliées serrées et incisées chacune avec un cercle qui transforme l’apparence des ailes en têtes stylisées d’oiseaux.
Ces gracieuses spatules vomitives ont peut-être été portées par les caciques pendant les cérémonies et elles étaient des biens recherchés en tant que tels.
Les pièces les plus importantes ont été exposées sur le long terme au Museum of Fine Arts, Boston et au Metropolitan Museum of Art, ou dans des expositions spécifiques à la culture des Tainos organisées par les plus importantes institutions culturelles des États-Unis et d’Europe, telles que l'American Museum of Natural History, le Museo del Barrio ou encore le Petit Palais à Paris.
Ce type d’œuvres témoigne de la créativité des Tainos et tient une place unique dans l’histoire des premières rencontres entre les Amérindiens et Christophe Colomb, puis dans la mise en place postérieure des modèles coloniaux en Amérique latine.
The Fiore Arts Collection of Taino art is a unique private collection composed of thirty-eight works made in a variety of media including manatee bone, shell, wood and terracotta, layered with symbolically charged iconography.
The most important pieces have been on long term loan at the Museum of Fine Arts, Boston and the Metropolitan Museum of Art and in special exhibitions on Taino culture in the leading institutions of the United States and Europe including the American Museum of Natural History, the Museo del Barrio and the Petit Palais in Paris.
The works speak to the creativity of the Taino and hold a unique role in the story of the first encounter of Amerindians with Christopher Columbus and the subsequent development of Colonial patterns in Latin America.
COHOBA
Plus que pour aucune autre activité, les Taïnos sont célèbres pour leur cérémonie de la cohoba. Il s’agit de l’inhalation rituelle d’une poudre hallucinogène afin d’atteindre un état d’inconscience favorable à la rencontre d’entités invisibles. Quand les caciques ou les chamanes (behiques) désiraient consulter les esprits, avant d’entamer le rite propitiatoire lui-même, ils jeûnaient pendant plusieurs jours puis ils vomissaient en s’aidant d’une spatule afin de nettoyer leurs entrailles de ses impuretés.
La cérémonie de la cohoba nécessitait un attirail tout particulier, de bois, d’os ou de céramique, généralement hautement décoré. La spatule vomitive servait à la purification préliminaire. C’était une palette allongée courbe, rappelant la forme d’une côte animale dans laquelle elle était parfois façonnée. Le manche était décoré d’un personnage. En tout cas, c’était un instrument particulièrement imposant pour une fonction simple. En Amazonie actuelle, les Amérindiens provoquent le vomissement à la suite d’ingestion de psychotrope ou de bière douce en se mettant deux doigts dans la gorge. Les Jivaros, plus délicats, se chatouillent la glotte à l’aide d’une plume d’ara dans le même but.
Pour aspirer la poudre, des os ou des coquillages étaient sculptés dans des formes étonnantes, avec une perforation qui se divisait en deux canaux, un pour chaque narine. La plus déconcertante est un personnage plié, les jambes passant par dessus la tête dans lesquelles on insérait deux pailles, tandis qu’une troisième enfilée dans l’anus de la figurine permettait d’aspirer la poudre. Un esprit espiègle comme il en existe parfois.
Des petites cupules pour contenir le psychotrope, souvent désignées à tort comme « cuillère », arboraient des représentations de personnages variés. Toutefois, l’instrument le plus imposant était une grande figurine de bois, de forme humaine ou animale, munie en son sommet d’une extension en forme de tablette pour recevoir l’hallucinogène. Ces statues témoignent de la dextérité des artisans et de l’importance du rituel de la cohoba.
De magnifiques duhos de bois, sièges à dossier incurvé comme des hamacs, permettaient à l’officiant de s’étaler pour partir dans ses transes.
Ce périple dans le monde des esprits avait souvent une vocation thérapeutique ou initiatrice. Un de ses objectifs était de convoquer les pouvoirs des forces invisibles pour assister les chamanes dans leurs tâches au cours de leur expérience extatique.
Stéphen Rostain
Directeur de recherche au CNRS
Archéologue spécialiste de l’Amazonie et des Antilles
COHOBA
More than any other activity, the Tainos are famous for their cohoba ceremony. This involves inhaling a hallucinogenic powder in order to reach an unconscious stage favourable to encountering invisible entities. When the caciques or the shamans (behiques) wanted to consult the spirits, before launching the proprietary rite itself they would fast for several days, then vomit with the help of a spatula so as to clean out their entrails of its impurities.
The cohoba ceremony required very special paraphernalia, of wood, manatee bone or sometimes terracotta, usually highly decorated. The vomiting spatula was used for the preliminary purification. It was a curved, elongated pallet, strongly resembling the shape of an animal rib, in which it was sometimes carved. The handle was decorated with a human figure. In any case, it was a particularly imposing instrument for a simple function. In the present day Amazon, indigenous Americans induce vomiting after ingesting a hallucinogenic drug or sweet beer by putting two fingers down their throat. The Jivaros, who in today’s Amazon, achieve the same effect by tickling the back of their throat with a parrot feather.
To inhale the powder, bones or shells were sculpted into remarkable shapes, with a perforation divided into two canals, one for each nostril. The most disconcerting is a character who is bent over with his legs over his head. Two straws were inserted into the legs, while a third straw in the anus of the figure allowed the powder to be inhaled. A mischievous figure indeed!
Little cups to contain the hallucinogen, often wrongly called “spoons”, were decorated with a variety of anthropomorphic figures. However, the most imposing figure was a large wooden figurine of human or zoomorphic shape, with at the top the head balanced a type of tablet to hold the drug. These statues show the prowess of the artisans and the importance of the cohoba ritual.
Magnificent wooden duhos, wooden seats, with curved backs, like hammocks, allowed the officiating priest to sink back into his trance.
This voyage into the world of spirits often had a therapeutic or initiatory purpose. One of its objectives was to bring together the powers of invisible forces to assist the shamans in their tasks during their ecstatic experiences.
Stéphen Rostain
Director of Research at CNRS
Archaeologist specialising on the Amazon region and Caribbean islands
Elégante spatule vomitive percée au travers des pattes pour crochets de suspension tout en utilisant avec brio la courbe de l’os de la côte du lamentin (Trichecus manatus), à la poignée en forme de rapace à long bec avec des ailes repliées serrées et incisées chacune avec un cercle qui transforme l’apparence des ailes en têtes stylisées d’oiseaux.
Ces gracieuses spatules vomitives ont peut-être été portées par les caciques pendant les cérémonies et elles étaient des biens recherchés en tant que tels.